LEVOTHYROX : SIDERATION !

J’avoue avoir été sidéré à la lecture de l’interview récente du Professeur Lechat dans « Le Parisien » concernant la crise sanitaire dite « du Levothyrox « , sidéré dès la première phrase : « c’était prévisible, il s’est passé avec ce médicament ce qui devait se passer »

Que n’avait-il parlé plus tôt, pendant des mois où les victimes des effets indésirables causés par le « switch «  confidentiel  étaient vilipendées comme « hystériques » , et que des professeurs « Nocebo » ou la Société Française d’Endocrinologie ou encore un rapport parlementaire , diagnostiquaient une «  crise médiatique » ?

Pendant des mois, le laboratoire Merck, l’ANSM et la DGS, ont nié la réalité de la crise sanitaire touchant des centaines de milliers de patients ! Les patients se heurtaient au déni de beaucoup de médecins et de pharmaciens refusant de les entendre !

Le Professeur Lechat valide les travaux entrepris dès 2018 par l’équipe du Professeur Toutain laquelle avait dû surmonter les entraves posées par le laboratoire ?…Pourquoi donc le Professeur ne s’était-il pas exprimé dès l’hiver 2017, lorsqu’explosait le nombre des signalements en pharmaco-vigilance, obligeant les CRPV à recruter en urgence ?

Etonnamment encore , le Professeur Lechat dédouane le Laboratoire Merck en indiquant «  qu’il avait effectué ce qu’on lui avait demandé ». Il est pourtant clair qu’en augmentant le nombre des volontaires qu’il a fait entrer dans son étude clinique, Merck savait qu’il allait obtenir le résultat qu’il cherchait, la bioéquivalence souhaitée…

En indiquant que l’ANSM était « convaincue des critères de la bioéquivalence moyenne » Monsieur Lechat aurait pu s’interroger, au lieu de la dédouaner, sur une procédure qui a conduit le DG , sans avis de son propre groupe de travail «  endocrinologie »,à signer pour un produit nouveau une AMM en toute confidentialité ?

Il est trop facile de souhaiter aujourd’hui que « ce qui s’est passé avec le Levothyrox ne se reproduise plus » ! Car l’arrivée d’un générique s’était déjà produite en 2011 en France, avec le générique Biogaran du Lévothyrox, déclenchant une crise similaire…et motivant des recommandations oubliées , notamment de l’Académie de médecine !!

Circostance aggravante , le Levothyrox nouvelle formule n’est pas un générique, mais un « princeps « , puisque l’AMM du Levothyrox ancienne formule, était retirée simultanément à l’octroi de la nouvelle…ce qui aurait dû conduire à une procédure d’autorisation beaucoup plus contraignante selon les directives européennes !

Décidément, le temps de la rigueur , de la transparence et de la démocratie sanitaire n’est toujours pas arrivé !

                       GERARD BAPT

             Membre Honoraire du Parlement

             Ex-Président de la Mission d’information sur le Médiator de l’Assemblée Nationale

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