ENTRETIEN. Déserts médicaux : « Notre santé ne peut pas dépendre de notre code postal », alerte le député Guillaume Garot
- Guillaume Garot veut obliger les médecins libéraux à s’installer dans les déserts médicaux DDM – DDM-JEAN LOUIS PRADELS
Publié le 27/11/2023 à 06:38
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l’essentielÀ la tête d’un groupe transpartisan, le député socialiste mayennais Guillaume Garot veut obliger les médecins à s’installer dans les déserts médicaux. Son amendement pour une régulation de leur installation a été rejeté cet été par l’Assemblée nationale mais l’élu affirme rester combatif et compte proposer une nouvelle proposition de loi.
Vous êtes favorable à la régulation de l’installation des médecins en France. Pourquoi ?
9 millions de Français vivent dans un désert médical et sont plongés dans une profonde détresse. Parce que quand on a plus de médecins traitants ou quand il est extrêmement difficile d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, on se sent abandonné par la République. Et la République n’est plus en mesure d’assurer la promesse d’égalité entre les Français face à la santé.
C’est la raison pour laquelle je suis à l’initiative d’un groupe transpartisan à l’Assemblée pour proposer une loi qui régule l’installation des médecins pour mieux répartir leur présence à l’échelle de notre pays. Il s’agit de lutter contre les inégalités de territoires car notre santé ne peut pas dépendre de notre code postal.
Concrètement, comment cette régulation se mettrait-elle en place ?
Le groupe transpartisan que j’anime propose une autorisation qui serait délivrée par l’Agence régionale de santé (ARS) selon l’offre de soins d’un territoire. S’il y a suffisamment de médecins, l’autorisation à s’installer n’est pas délivrée. En revanche, les médecins seront encouragés à s’installer là où les patients les attendent.
Un premier amendement a été rejeté à l’Assemblée cet été ? Restez-vous confiant sur le fait que cette mesure soit nécessaire ?
Bien sûr cela a été une déception, mais je reste combatif avec les députés Joël Arivagnet, Hadrien Clouet, David Taupiac et tant d’autres dans votre région et en France pour préparer une nouvelle version de notre proposition de loi. Et nous restons combatifs car cette solution semble inéluctable dans le sens où toutes les autres fondées sur une logique d’incitation à l’installation n’ont pas fonctionné.
Et le problème s’aggrave notamment depuis 10 ans… Selon les chiffres du Conseil de l’Ordre, il y a plus d’installations dans les départements les mieux dotés. Dans les Hautes-Alpes par exemple, la densité de médecins généralistes par habitants a augmenté de 27% sur la période 2012-2022. À l’inverse dans la Creuse, la situation s’est dégradée. La densité de présence médicale faible a chuté avec un recul de 15% en 10 ans.
Que répondez-vous aux médecins qui sont totalement opposés à cette proposition de régulation ?
Pourquoi la régulation fonctionnerait-elle avec succès pour les pharmaciens, pour les infirmières ou pour les kinés et pas pour les médecins ? Au nom de quoi ? C’est la question qu’il faut se poser. Aujourd’hui, il n’y a aucune difficulté pour trouver une pharmacie en France. Elles sont partout. Ce que je propose n’est pas exactement comparable mais il y a l’idée qu’il faut donner des règles à l’installation parce que cette liberté ne garantit pas un accès égal aux médecins à tous les Français. Je parle des généralistes mais aussi des spécialistes.
Mais il existe d’autres solutions…
La régulation est nécessaire pour que les autres solutions puissent fonctionner. Mais je ne les oppose pas. Elle doit rendre possible l’efficacité des autres mesures. Toutes les solutions doivent permettre de lutter contre ces inégalités et un écart entre les Français qui ne cesse de se creuser.