Décryptage

Coca-Cola, Sprite, Fanta, Fuze Tea, Minute Maid… Quels sont les risques pour la santé du chlorate à l’origine du rappel massif de bouteilles en Europe ?

L’embouteilleur européen de Coca-Cola a annoncé ce lundi 27 janvier un rappel massif de produits en Europe. Il concerne notamment les canettes et bouteilles en verre de Coca-Cola, Sprite, Fanta ou encore Fuze Tea.

L’embouteilleur européen de Coca-Cola en Belgique a annoncé ce lundi 27 janvier un rappel massif de produits en Europe en raison d’une teneur trop élevée en chlorate. (Jakub Porzycki /NurPhoto. AFP)

par Apolline Le Romanser et AFP

publié le 27 janvier 2025 à 17h13

Les sodas dans tous leurs états. L’embouteilleur européen de Coca-Cola en Belgique a annoncé ce lundi 27 janvier un rappel massif de produits en Europe en raison d’une teneur trop élevée en chlorate.

«Sur notre site de production à Gand, nous effectuons des tests dans le cadre de nos procédures de contrôle et de notre conformité réglementaire. Ces contrôles ont permis d’identifier des niveaux élevés de chlorate», explique l’entreprise, qui rappelle aussi bien ses canettes et bouteilles de Coca-Cola que de Fanta ou encore de Sprite. Libé fait le point sur ce qu’il faut retenir.

Quelles boissons et quels pays sont concernés ?

Le rappel concerne des canettes et bouteilles en verre consignées de Coca-Cola, Sprite, Fanta, Fuze Tea, Minute Maid, Nalu, Royal Bliss et Tropico, en Belgique, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Allemagne et au Luxembourg, en circulation depuis novembre. Les produits en question portent «un code de production allant de 328 GE à 338 GE (inclus)».

En France, deux références ont simplement été retirées des rayons : les canettes Fuze Tea Pêche 33cl, portant le code de production 335 GE2 et les bouteilles de Coca-Cola Sans Sucres 1L en verre consigné portant le code de production 337 GE1.

L’embouteilleur belge, qui a présenté ses excuses, demande de ne pas consommer les produits concernés. Ils peuvent être rapportés en point de vente pour obtenir un remboursement.

Combien de produits sont-ils rappelés ?

«Nous n’avons pas de chiffres précis, mais il est clair qu’il s’agit d’une quantité considérable», indique Coca-Cola Europacific Partners Belgium. L’entreprise, en contact «avec les autorités compétentes dans chacun des marchés concernés», précise par ailleurs que «la majorité des produits concernés et invendus ont déjà été retirés des rayons des magasins et nous continuons à prendre des mesures pour retirer tous les produits restants du marché».

Qu’est-ce que le chlorate ?

Selon la Commission européenne, le chlorate dans l’alimentation provient des désinfectants au chlore utilisés dans le traitement de l’eau, dans la transformation des aliments. «L’eau de boisson [est] la principale source de chlorate dans le régime alimentaire, pouvant contribuer jusqu’à 60 % de l’exposition chronique au chlorate pour les nourrissons», souligne de son côté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) sur son site. Niveau aliments, le chlorate est le plus fréquemment détecté dans les légumes surgelés, les jus de fruits, la laitue et des herbes. La présence de cette substance pourrait être due à des procédés qui comprennent l’utilisation d’eau, comme «le glaçage des produits surgelés, la dilution des concentrés de jus ou le rinçage de la laitue et des herbes»précise quant à lui l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR).

Quels sont les risques du chlorate pour la santé ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi un niveau indicatif de chlorate de 0,7 mg /L dans l’eau potable. L‘Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) recommande une dose journalière de sûreté de 36 microgrammes de chlorate par kilo (selon le poids de la personne donc). «Cependant, même en considérant les niveaux les plus élevés estimés, il est improbable que l’apport total d’une seule journée dépasse le niveau recommandé pour les consommateurs de tous les groupes d’âge», estimait-elle dans un avis scientifique de 2015.

Selon des études menées sur des rats et lapins, le chlorate est surtout toxique pour la thyroïde et les cellules sanguines (les globules rouges), comme le rappelait l’Efsa dans son avis. Et si des tumeurs thyroïdiennes avaient été remarquées chez ces animaux, ces observations ne sont «pas pertinentes pour l’homme». «Il n’a pas été démontré que le chlorate avait des effets sur la reproduction ou le développement des rats et des lapins», ajoutent-ils. Chez l’humain, «un apport élevé de chlorate sur une seule journée pourrait être toxique» car «il peut limiter la capacité du sang à absorber l’oxygène, entraînant ainsi une insuffisance rénale». L’autorité européenne restait néanmoins rassurante et considérait qu’une seule ingestion n’a pas un effet inquiétant.

Elle insistait surtout sur les effets d’une exposition chronique au chlorate. Dans ce cas, cette substance pose surtout un problème pour les enfants et nouveau-nés, en particulier pour ceux présentant une carence légère ou modérée en iode. Puisqu’une exposition prolongée bloque l’absorption d’iode chez l’humain, elle peut «modifier temporairement le taux d’hormone thyroïdien», ce qui peut poser problème pour les personnes souffrant déjà de carences en iode, en plus des enfants, ou ayant déjà des problèmes de thyroïde, en particulier les femmes enceintes, souligne l’institut allemand d’évaluation des risques. Ces effets sont réversibles.

Auprès de la RTBF, Coca-Cola Europacific Partners Belgique s’est voulu rassurant : «L’analyse faite par des experts indépendants a conclu que le risque pour le consommateur est très faible. Néanmoins, ces produits ne correspondent pas à nos normes de qualité et de sécurité élevées. Nous prenons donc nos responsabilités

Mise à jour : à 18 h 40, avec les risques du chlorate pour la santé ; à 19 heures, avec les références retirées en France

Vous aimerez aussi...