Environnement : 16 mesures pour sauver les générations futures
5 avril 2017
Environnement : 16 mesures pour sauver les générations futures
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- 04 avril 2017
Le Réseau environnement santé (RES) a interpellé le 30 mars 2017 les candidats à l’élection présidentielle 2017 en vue d’une grande loi de santé environnementale comprenant 16 mesures structurantes. Objectif : diminuer de 25% le nombre de maladies chroniques d’ici 2030 et sauver les générations futures.
« Aucun bébé ne doit naître pré-pollué » : c’est avec ce message choc d’une pétition que le Réseau environnement santé (RES) entend sensibiliser les candidats à l’élection présidentielle afin qu’ils se positionnent sur la santé environnementale.
« Il ne suffit pas de parler de santé environnementale, il faut aussi donner les preuves qu’une politique va être construite pour répondre aux enjeux actuels », a expliqué André Cicolella, président du RES, lors d’une conférence de presse organisée le 30 mars 2017.
« La situation sanitaire est caractérisée par une épidémie de maladies chroniques que l’on ne peut pas seulement expliquer par le vieillissement de la population et le développement du dépistage. C’est une révolution de la santé ! », a lancé ce chimiste et toxicologue.
« Les données de la science actuelle montrent que la période de la grossesse et de la petite enfance sont les périodes les plus sensibles, a ajouté André Cicolella. Les expositions auxquelles sont confrontés les bébés conditionnent la santé du futur enfant et du futur adulte. »
Un Grenelle de la santé environnementale
Pour contrecarrer ce fléau, le RES réclame une grande loi de santé environnementalecomprenant 16 mesures structurantes.
« L’objectif général est de diminuer de 25% le nombre de maladies chroniques d’ici 2030, de façon à assurer la protection des générations futures », précise André Cicolella. Pour y parvenir, le RES propose notamment de mettre en place un Grenelle de la santé environnementale.
Ce réseau préconise également de créer un ministère de l’Ecologie ayant le même périmètre d’action que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Pour accompagner ce changement, le RES revendique la création d’agences régionales de santé environnementale, toujours avec un périmètre identique à celui de l’Anses.
Autres actions jugées nécessaires : instituer un Institut de veille environnementale ainsi qu’un Institut français de recherche en environnement. Au niveau international, le RES souhaite que la France agisse pour la mise en œuvre d’une Organisation mondiale de l’environnement (OME) et d’un fonds dédié à la lutte contre les maladies chroniques non transmissibles. A l’instar du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le RES recommande de créer un Groupe international de la santé environnementale (GISE).
Par ailleurs, le développement de la santé environnementale doit passer par l’existence d’un département dédié au sein de la Haute autorité de santé (HAS) et de structures spécifiques au sein des hôpitaux. Les professionnels de santé devraient être formés à la santé environnementale, tout comme les professionnels du risque et des citoyens. Le RES défend l’introduction de volets santé-environnement dans les plans de santé publique.
Protection dès la gestation et la petite enfance
Parmi ses autres propositions, le RES prône une refondation de la prévention pour protéger la population dès la période de gestation et de la petite enfance.
Pour appuyer ce besoin, les résultats de l’étude Elfe sur les perturbateurs endocriniens ont été rappelés. Menée sur plus de 4.000 femmes enceintes et publiée en décembre 2016 par l’agence Santé publique France, cette étude a mis en évidence que 100% des femmes testées étaient contaminées par des perfluorés. Ces produits nocifs entraînent des risques d’infection chez l’enfant, des risques d’obésité ainsi qu’une baisse de la qualité du sperme chez l’adulte.
En outre, 100% des femmes étaient imprégnées par des polychlorobiphényles (PCB) qui provoquent des atteintes de la fertilité et des risques de cancer du sein à l’âge l’adulte. Même résultat avec certains pesticides qui, chez l’enfant, peuvent générer des troubles du développement du nourrisson, une baisse du quotient intellectuel (QI) ou des troubles du neuro-développement.
Obésité, cancers, problèmes de fertilité…
Tout aussi grave pour ces femmes enceintes : les chercheurs ont décelé des phtalates dans 99,6% des cas. Ils sont responsables d’une baisse du QI des enfants et d’une féminisation des garçons. Chez l’adulte, les phtalates sont mis en cause dans la survenue de l’endométriose et dans le stress oxydatif qui induit le cancer.
Enfin, des traces de bisphénol A existent dans 70% des cas, ce qui favorise hyperactivité, anxiété et déficit d’attention dans l’enfance. Plusieurs pathologies sont relevées à l’âge l’adulte : diabète, hypertension, obésité, problèmes de fertilité, etc.
« Nous sommes dans une situation d’urgence à laquelle il faut réagir par une vraie politique de santé environnementale, avec une mise à l’écart des perturbateurs endocriniens », prévient André Cicolella.