Levothyrox. « « On a dit aux victimes que c’était dans leurs têtes », le docteur Bapt revient sur les sept ans de l’affaire
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La Gazette du Comminges, Saint-Gaudens, Haute-Garonne
Publié le 21/11/2024 à 11:01 , mis à jour à 14:39
l’essentielDepuis le début de l’affaire, le docteur Gérard Bapt aide les malades via l’Association française des malades de la thyroïde. Un docteur qui, alerté par les nombreux témoignages de malades, s’est intéressé à l’impact du médicament dès le début de l’affaire.
L’affaire Levothyrox fait face à de nouveaux rebondissements. Comment est-ce que l’étude demandée par les victimes du médicament fait évoluer les choses ?
Cette étude scientifique nous a permis de montrer que les changements mineurs opérés par le laboratoire Merck ont eu un impact majeur sur les malades. En effet, la formulation du Levothyrox a été modifiée en 2017, ce qui a impacté de nombreuses personnes qui prenaient ce médicament. Cette étude, faite à Prague, confirme nos intuitions : il y a bien eu des modifications. Elle rejoint une étude réalisée il y a quelques années par un médecin français, qui avait prouvé que sur un médicament à base de levothyroxine, un changement mineur aurait de nombreux impacts.
Vous parlez d’effets secondaires majeurs, pouvez-vous préciser ?
Il y a de nombreuses victimes du changement de formule de ce médicament. La thyroxine commande l’humeur et le métabolisme. En cas d’hyper- ou d’hypothyroïdie, les patients doivent stabiliser leur thyroïde, rôle assumé jusque-là par le Levothyrox. Seulement, chez certaines personnes en hypothyroïdie, dont l’humeur peut donc tendre vers la dépression, les risques lors du changement de formule pouvaient aller jusqu’au suicide.
Suite à l’affaire, de nouveaux médicaments sont apparus sur le marché français. Pourquoi pas avant ?
Il y a encore quelques années, le laboratoire Merck avait un monopole sur le marché français pour le Levothyrox. C’est d’ailleurs ce qui a permis de mettre en lumière assez rapidement les changements de formulation. Cela a d’ailleurs été l’erreur du laboratoire. Sans ce monopole, l’affaire aurait peut-être mis plus de temps à émerger.
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L’étude permet d’appuyer les demandes judiciaires des victimes. Pensez-vous que le laboratoire va réfuter l’étude ?
Dès que l’étude est sortie, le laboratoire l’a contestée, mais il a des difficultés à la remettre en doute. Ce qui est dommageable dans cette affaire, c’est la lenteur de la justice, car pendant ce temps-là, le laboratoire tente de dire que tout se passe dans la tête des victimes. C’est très lent, d’autant qu’en sept ans, les juges ont changé et ils ont dû se ressaisir de ce dossier, qui n’est pas facile. J’espère que l’issue sera favorable aux victimes.
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