La santé en bande organisée par Anne JOUAN
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Pressions, menaces, petits arrangements entre amis, méthodes de barbouzes : ce livre aux frontières du polar et de l’enquête journalistique éclaire les recoins obscurs de la gestion de la santé publique en France et dévoile les coulisses de l’affaire du Mediator.
Pendant onze ans, le Pr Christian Riché, alias » Monsieur Rungis « , a été une source de la journaliste Anne Jouan. Expert à l’Agence française du médicament depuis sa création en 1993 suite au scandale du sang contaminé, il dévoile dans ce livre, de l’intérieur, le fonctionnement d’une institution censée assurer la sécurité sanitaire mais au sein de laquelle certains sont souvent plus préoccupés par leurs liens avec l’industrie pharmaceutique et leurs propres intérêts. » Monsieur Rungis » – qui a aidé le Dr Irène Frachon dans son combat pour faire interdire le Mediator – détaille ainsi son audition musclée par l’Inspection générale des affaires sociales, pas vraiment intéressée par sa vérité. Il confie comment l’Agence a maltraité la lanceuse d’alerte. Mais explique aussi que tous les scandales n’ont pas leur héroïne et que de nombreuses histoires ne sont jamais arrivées jusqu’au grand public : la roulette russe avec un lot de produits sanguins contenant des fractions du virus du Sida ; la demande pour modifier un rapport afin de satisfaire un industriel ; le » On peut s’arranger » d’un laboratoire face aux graves effets secondaires d’un médicament. Ou encore la sollicitation d’experts pour retarder l’interdiction d’un herbicide toxique…Tout est ici raconté.
Compromissions, barbouzeries : plongée dans l’impitoyable monde du médicament
Extraits
Par Marianne
Publié le 15/09/2022 à 15:35
Inaction des agences de contrôle, manœuvres des laboratoires pharmaceutiques, conflits d’intérêts… Publié chez Robert Laffont, « La santé en bande organisée » est une enquête médicale qui se lit comme un roman policier, fruit de onze ans de travail réalisé par Anne Jouan, la journaliste indépendante qui a notamment révélé l’affaire du Mediator.
De l’affaire du sang contaminé jusqu’au scandale Didier Raoult, La santé en bande organisée raconte, de l’intérieur, comment fonctionne l’Agence française du médicament. Ancien membre de la commission nationale de pharmacovigilance, expert à l’agence française du médicament depuis sa création, le Professeur Christian Riché y révèle qu’il a été l’une des sources de la journaliste Anne Jouan, notamment dans l’affaire du Mediator, ce coupe-faim tardivement retiré du marché en raison de ses effets secondaires rarissimes mais graves.
Dans ce livre à deux voix, on découvre à quel point au sein de cette institution, censée assurer la sécurité sanitaire des Français, certains privilégient leurs liens avec l’industrie pharmaceutique et leurs intérêts de carrière. Le livre fourmille de révélations. On y apprend qu’Emmanuelle Wargon, ex-numéro 2 de l’Agence défendait le Vioxx un an après l’arrêt de sa commercialisation à cause de ses graves effets secondaires ou encore qu’un laboratoire commercialisant un herbicide toxique a sollicité des experts importants de l’Agence du médicament pour retarder son interdiction. Sans parler des atermoiements de l’institution concernant Didier Raoult qui faisait la promotion de l’hydroxychloroquine. Anne Jouan ne manque pas, aussi, de mettre en lumière les liens incestueux entre certains journalistes et l’Agence du médicament. Un livre salutaire et peu rassurant.
Anne Jouan et Christian Riché : « La santé en bande organisée ». Robert Laffont. Paru le 15 septembre 2022
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EXTRAITS
[Anne Jouan] Dans cette enquête du Mediator, j’avais une trentaine de sources (ministre, cabinets ministériels, administration centrale, parlementaires, universitaires, médecins, pharmaciens, experts internationaux, membres de l’Agence européenne du médicament, industrie pharmaceutique, etc.) dont la moitié était salariée ou membre de l’autorité de contrôle. Mais sans le monsieur au complet-veston, ni l’enquête journalistique ni l’instruction judiciaire n’auraient eu ce retentissement. Personne n’a jamais su son identité. Ni au Figaro, ni ailleurs. Elle est restée confidentielle pendant toutes ces années, j’ai protégé son anonymat de toutes mes forces. Parfois, quand la lumière et