Dans l’alimentation, la plupart des pesticides seraient des perturbateurs endocriniens
Source : Les Echos
C’est le principal résultat d’une enquête menée par l’ONG Générations Futures, qui s’inquiète de l’exposition, même à faible dose, des consommateurs à ces substances.
Après avoir décortiqué le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publié cet été, l’ONG Générations futures lance un cri d’alerte. Six pesticides sur dix détectés dans des aliments européens appartiendraient à la catégorie des perturbateurs endocriniens .
Certes, ces résidus de pesticides se situent dans les limites légales, c’est-à-dire contenant une concentration de substances actives inférieure aux limites maximales. Mais l’ONG s’inquiète des effets inattendus qu’ils pourraient avoir.
Car, selon elle, fixer des limites maximales « suppose que les pesticides n’ont pas d’effet en dessous d’un certain seuil ». « Or, les pesticides perturbateurs endocriniens ne répondent pas forcément au principe généralement admis en toxicologie classique selon lequel la dose fait le poison, et qu’en dessous d’un certain seuil il n’y a aucun effet toxique », observe Générations Futures.
Flou sur les perturbateurs endocriniens
D’ailleurs, « il n’existe pas de liste pour les perturbateurs endocriniens », ajoute l’ONG. Pour son enquête, elle s’est donc appuyée sur la base de données TEDX, qui répertorie les molécules suspectées de modifier le fonctionnement du système hormonal de l’être humain .
Cette base de données « est sans doute la plus complète », a expliqué à l’AFP le directeur de l’ONG François Veillerette.
L’Union européenne a adopté en décembre 2017 des critères de définition des perturbateurs endocriniens, avec des années de retard, mais sans convaincre les ONG. Lesquelles pointent du doigt des critères jugés trop restrictifs, puisqu’il faut non seulement démontrer qu’une substance est un perturbateur endocrinien et qu’elle a des effets négatifs, mais aussi démontrer son mode d’action.
Substances ou mélanges chimiques capables d’interférer avec le système hormonal, ils peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance, la fertilité ou le comportement. Et être à l’origine de certains cancers.
Ces substances peuvent être présentes dans des détergents, des plastiques, des cosmétiques , des textiles, des peintures mais aussi certains pesticides.
La France a adopté en 2014 une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens et a banni l’un des plus connus, le bisphénol A, notamment des biberons et des contenants alimentaires.
Le second volet de cette stratégie est en cours d’élaboration. « Dans la version provisoire (de ce texte), il n’y a quasiment rien sur l’alimentation, ce qui nous choque », affirme François Veillerette, dont l’ONG demande que cette question, avec celle des emballages alimentaires, soit mieux prise en compte.
Avec AFP