La Thyroïde centre physiologique

La Thyroïde centre physiologique

La thyroïde est le chef d’orchestre des productions hormonales déterminant la croissance fœtale, la croissance de l’enfant, de son cerveau, des équilibres métaboliques et de l’état psychique de l’adulte.
Les données scientifiques démontrent aujourd’hui clairement la responsabilité des Perturbateurs Endocriniens (PE) et leur impact sur la fonction thyroïdienne.
Depuis les années 1990, le lien est fait avec l’augmentation des troubles du comportement et les altérations du fonctionnement de la thyroïde, celle-ci contrôlant le développement du cerveau.
En 2002, l’OMS adopte une définition pour définir les perturbateurs endocriniens : « substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle, étrangères à l’organisme, qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien, provoquant ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ces descendants ».
En 2006, les termes obésogène et diabétogène sont inventés pour décrire les substances générant l’obésité et le diabète à partir de l’impact sur les hormones contrôlant le métabolisme.
En 2009, le changement de paradigme est codifié par I’ Endocrine society, ce qui constitue un
bouleversement considérable des connaissances scientifiques en matière de toxicologie puisqu’il remet en cause le dogme de Paracelse remontant au XVlème siècle qui considérait que « la dose faisait le poison ». Pour les PE, c’est « la période qui fait le poison ». La grossesse constitue une période particulièrement sensible, notamment à son début.
De plus. l’effet peut s’avérer même être plus important à faibles doses qu’à fortes doses, ce qui va également à l’encontre du « bon sens ». Cela tire son explication dans le mécanisme d’action des hormones elles-mêmes.
L’effet cocktail peut amplifier les effets des PE.
Il existe une latence entre l’exposition et les effets. Ainsi l’exposition a lieu pendant la grossesse mais l’effet survient pendant l’enfance mais aussi à l’âge adulte sans qu’il y ait une de trace directe de la substance ayant généré ces effets. En revanche, une trace indirecte est observable appelée modification de l’expression des gènes. Cela explique l’effet transgénérationnel évoqué plus tôt.
En 2012, l’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement qualifient les perturbateurs endocriniens de « menace mondiale à laquelle il est nécessaire d’apporter une solution ».
En 2015, l’Endocrine society émet un deuxième rapport et une nouvelle déclaration qui affirme :Qu’il existe un fort niveau de preuves du lien entre un grand nombre de pathologies chroniques (cancers hormona-dépendants, obésité, diabète, trouble de la reproduction et du comportement) et l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Les principaux perturbateurs endocriniens sont :
 le bisphénol A ;
 les phtalates ;
 les pesticides ;
 les polluants organiques persistants.
Les troubles du comportement
Dès 2004, une publication attirait l’attention sur les troubles du comportement en émettant l’hypothèse
que le développement de ces troubles s’opérait chez les enfants issus de la génération du baby-boom, car cette dernière était la première génération exposée in utero.
Ainsi, la croissance de l’autisme aux Etats-Unis témoigne de l’évolution de 1 cas sur 5000 en 1975 à 1 cas sur 45 en 2015. Une telle progression ne peut pas s’expliquer par le seul changement de la définition.
En France, les estimations actuelles tablent plutôt sur 1 % des enfants nés actuellement atteints d’autisme, ce qui est déjà considérable. En parallèle s’opère une hausse de l’hyperactivité (elle concerne ainsi 3 à 4 % des enfants), une baisse du QI et l’augmentation des anomalies thyroïdiennes.

Les substances impliquées
Selon une étude de Santé publique France ayant effectué le suivi de 4 000 femmes enceintes, la contamination de la population à différentes substances est la suivante :
 les perfluorés : 100 % ;
 les pesticides et pyréthrinoïdes : 100 % ;
 les PCB : 100 %
 les polybromés :·100 % ;
 les phtalates: 99,6 % ;
 le bisphénol A : 70 % ;

 les pesticides organophosphorés : 50%
En complément de ces données, il faut tenir compte des délais d’élimination de ces substances par l ‘organisme humain. Ainsi, les phtalates et le bisphénol A par exemple sont éliminés dans la journée,
ce qui veut dire que la contamination est permanente.
Concernant les pesticides, une élude de l’EFSA a montré que 111 des 287 pesticides testés
perturbaient les hormones thyroïdiennes. L’Endocrine society cible notamment le chlorpyriphos, massivement utilisé en remplacement du glyphosate.
Le groupe perchlorate/nitrate/thiocyanate inhibe l’entrée de l’iode dans la thyroïde.
Les ions perchlorate sont liés aux actions militaires passées et ont contaminé la ressource en eau.
Les nitrates sont liés à l’utilisation des engrais.
Les thiocyanates proviennent de l’alimentation, mais sont aussi liés à des contaminations
industrielles.
Une étude réalisée sur des jeunes filles montre que celles présentant les plus forts taux d’ exposition connaissent une croissance et un développement perturbé.
Une seconde établit un lien entre cette coexposition et l’altération de la fonction thyroïdienne
maternelle.
Les perturbateurs endocriniens perturbent. De plus en plus d’études prouvent leurs effets nocifs pour la santé, mais la Commission Européenne se montre frileuse aux interdictions. En font partie les phtalates, des produits chimiques trouvés dans les jouets et les produits cosmétiques. Ces plastifiants servent à assouplir les matériaux. Selon une étude de Santé Publique France, ils sont présents chez 99,6% des femmes enceintes. Pourtant, ils sont connus pour leurs effets sur le système reproductif et endocrinien (qui produit les hormones). Une étude s’est penchée sur l’action de ces perturbateurs sur la thyroïde, la glande qui joue un rôle, central dans le développement du cerveau. Publiée le 30 mai
2017 dans Environnement International, elle montre, chez des jeunes filles de 3 ans, que les phtalates agissent sur une hormone thyroïdienne, la thyroxine libre.
Un rôle central dans le développement du cerveau
« La thyroxine libre est le reflet du fonctionnement de la thyroïde », explique Jean-Baptiste Fini, membre du laboratoire « Evolution des régulations endocriniennes » du Muséum National d’Histoire Naturelle, associé au CNRS. « Le bon développement du cerveau est dépendant de bons niveaux d’hormones
thyroïdiennes au bon moment. Trop peu ou pas assez peuvent avoir des conséquences équivalentes »rappelle le chercheur, qui n’a pas participé à l’étude. « Par exemple, une équipe néerlandaise a montré
l’an dernier que des niveaux de T4 (thyroxine) maternelle inférieurs à 10 pmol/L ou supérieurs à 20 favorisaient le risque que l’enfant ait un QI de moins de 80 ». L’enjeu est particulièrement important pendant la grossesse et l’enfance, des périodes durant lesquelles le cerveau se développe à grande vitesse. Des problèmes de thyroïde peuvent entraîner des troubles cognitifs, comme des troubles de l’attention et une baisse de QI.

Perturbation chez les filles, mais pas chez les garçons
L’équipe de chercheurs de la Columbia University (Etats-Unis) a étudié 181 femmes enceintes puis leurs enfants à l’âge de 3 ans, ainsi qu’un autre groupe de 229 enfants de 3 ans. Ils ont mesuré les taux de phtalates dans les urines ainsi que ceux de 2 hormones : la thyroxine libre et la thyréostimuline
(qui stimule la thyroïde) dans le sérum. Résultats : chez les filles de 3 ans, la quantité de thyroxine libre diminuait en même temps que les taux de phtalates augmentaient. En revanche, rien à signaler du côté des garçons. Etant donné le rôle de la thyroïde dans le développement du cerveau, « les perturbations de la thyroïde que nous remarquons dans cette étude peuvent donc expliquer certains des problèmes cognitifs chez les enfants exposés aux phlalates », détaille Pam Factor-Litvak, auteur
principale de l’étude et professeur d’épidémiologie à l’université de Columbia.

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