« On a confondu mes symptômes avec la ménopause, j’ai eu deux infarctus »
© Service presse
Par Emmanuelle Jung
Il aura fallu deux infarctus à Katherine, à l’âge de 52 ans, pour comprendre qu’elle était atteinte d’une maladie auto-immune. Pendant plusieurs années, ses symptômes ont été mis sur le compte des hormones féminines ou de la préménopause. Aujourd’hui, elle appelle les femmes à être plus à l’écoute de leurs symptômes et de leur corps.
Katherine a été victime de deux infarctus en 2020 à l’âge de 52 ans. Une finalité qui aurait peut-être pu être évitée si elle avait été mieux écoutée et si ses symptômes n’avaient pas été mis sans cesse sur le compte des hormones féminines. En tout, Katherine aura subi environ 11 ans d’errance médicale. Il lui aura fallu deux accidents cardiaques pour découvrir qu’elle était en fait atteinte de la maladie de Basedow (une forme d’hyperthyroïdie). Top Santé vous partage son histoire.
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Katherine avait l’habitude de courir avec sa chienne, Puglia. Directrice régionale d’une entreprise d’habillement pendant plus d’une dizaine d’années, elle exerçait un métier qui demandait beaucoup de temps, mais dans lequel elle s’épanouissait pleinement. Chaque matin, Katherine prenait toutefois du temps pour elle en allant se défouler et courir 8 à 10 km dans le bois de Vincennes. C’est justement pendant sa course qu’elle ressent un jour un symptôme avant-coureur. « Il y a environ 11 ans, je ressens une douleur dans mon coude gauche qui au fur et à mesure de ma course, irradie vers mon poignet jusqu’aux extrémités de mes doigts. Cela se manifeste ensuite à chacune de mes courses, dès le départ, dure à peine quelques minutes, puis la douleur disparait », nous confie Katherine.
Au départ, elle n’y prête pas attention. Mais plus les semaines passent, plus la douleur se fait ressentir à l’effort. « C’était comme une forte chaleur, des fourmillements à l’intérieur même du muscle de mon avant-bras », décrit-elle.
Katherine finit par en parler à son médecin généraliste qui pense immédiatement à une tendinite du coude. Pourtant, malgré les antidouleurs et les séances de kiné, la douleur s’amplifie.
« Je décide d’aller consulter en médecine interne à l’hôpital. Je veux comprendre ce qui m’arrive. Je ne cours plus depuis plus d’un an à cause de la douleur, je suis fatiguée, essoufflée, j’ai des douleurs lombaires, cervicales, de fortes douleurs dans les jambes, la nuit comme le jour, au point d’avoir de grandes difficultés à me lever tellement la douleur est forte, un genre de courbatures violentes, des migraines ophtalmiques, je commence à prendre du poids. Mais mon généraliste et mon gynécologue, mettent cela sur le compte des hormones. Je suis donc une femme de 51 ans sûrement en préménopause. Même si les examens sanguins disent le contraire… », se souvient la patiente.
KATHERINE ÉTAIT TOUCHÉE PAR UNE FORME D’HYPERTHYROÏDIE
En mars 2020, un médecin vérifie son rythme cardiaque, entre autre chose, et rien ne semble suspect. C’est pendant le confinement que l’état de Katherine s’aggrave. « Je ne peux plus m’allonger sur le ventre tellement mon cœur bat fort dans ma poitrine ».
Deux rendez-vous sont alors planifiés pour le 12 mai suivant, pour contrôler le circuit sanguin et nerveux entre le cou et le poignet gauche de Katherine.
« Le 12 mai, après avoir passé les deux examens, munie des rapports je grimpe un étage pour me rendre dans le cabinet du médecin interne. Tout à coup, devant sa porte, je dois m’asseoir, prise d’une douleur encore plus forte. Je me retrouve dans le service cardiologie, hospitalisée pour quatre jours. Des dizaines d’examens et une coronarographie plus tard, je rentre moi avec un traitement pour le cœur ».
Un mois après, jour pour jour, Katherine se trouve victime d’un deuxième infarctus.
Deux mois plus tard, après avoir vu trois endocrinologues, Katherine découvre être atteinte par la maladie de Basedow (une forme d’hyperthyroïdie). « Je ne savais pas que la thyroïde et le cœur étaient aussi liées ». Il s’agit d’une maladie auto-immune qui fait que votre corps se bat contre vos hormones thyroïdiennes. Les complications cardiaques générées par la maladie de Basedow peuvent être graves. C’est ce qui est arrivé à Katherine.
L’hyperthyroïdie implique en principe une perte de poids importante. « Exception qui confirme la règle, j’avais pris 14 kilos l’année d’avant. Donc personne n’avait soupçonné cette maladie. On retrouve aussi la fatigue, les humeurs changeantes… Ils ont été confondus avec la ménopause dans mon cas », ajoute-t-elle.
« ON ME DISAIT ‘VOUS ÊTES UNE FEMME, C’EST NORMAL !’ »
La vérité, c’est que pour Katherine, les indices étaient là depuis longtemps.
« Je faisais des migraines ophtalmologiques la semaine qui précédait mes règles depuis très longtemps. On mettait ça sur le compte de mes hormones, se souvient la patiente. Je souffrais de malaises vagaux plusieurs fois par mois. Et je ne suis pas du tout hypocondriaque. Je mettais toujours un certain temps avant de consulter. On me disait encore ‘Vous êtes une femme, c’est normal, c’est hormonal’ ».
Katherine est désormais traitée pour la maladie de Basedow et est stabilisée. Elle ne présente plus de symptômes depuis ses deux accidents cardiaques. Elle reste évidemment très suivie.
Aujourd’hui, Katherine a à cœur à sensibiliser les femmes à être plus à l’écoute de leurs symptômes, de leur corps et des signaux qu’il envoi. Pour cette raison, elle témoigne et fait partie des ambassadrices pour la fondation Agir pour le cœur des femmes*.
« Il faut l’accepter : les femmes sont différentes des hommes. Nous avons des symptômes communs, mais pas tous. Et nous avons cette capacité à sentir certains signes précurseurs qui permettrait d’anticiper beaucoup de choses. Mais pour cela, il faut que le corps médical cesse de mettre le moindre symptôme sur le compte des hormones féminines », déclare Katherine.
*Agir pour le cœur des femmes est à l’origine du Bus du Cœur des femmes : il proposait des examens cardiaques gratuits à des femmes en situation précaire. La nuit du 28 au 29 juin, dans un contexte de violences urbaines, il a été incendié volontairement. L’incendie a occasionné 350 000€ de dégâts et la perte de 800 dossiers médicaux. La fondation appelle ainsi aux dons pour permettre à nouveau aux femmes de prendre soin de leur santé. Pour faire un don, rendez-vous