Près de Vitré. Polluants « éternels » à l’étang de Carcraon : des associations alertent

Selon une enquête collaborative internationale, des polluants dits « éternels » ont été retrouvés sur des sites en Europe. Parmi eux, l’étang de Carcraon, à Domalain.

L'étang de Carcraon
L’étang de Carcraon ©Le Journal de Vitré

Par Maxime TurbervillePublié le 17 Juin 23 à 8:14 

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Sujet méconnu, la problématique des PFAS (per- et polyfluoroalkyles) remonte à la surface depuis quelques mois en France. 

Très résistants à la dégradation dans l’environnement, très persistants et très mobiles, ces substances, qui se comptent par milliers, sont utilisées dans divers domaines industriels et produits de consommation courante.

À travers les rejets, domestiques ou industriels, elles se retrouvent dans tous les milieux de l’environnement : l’air, les sols et l’eau

Dans une enquête collaborative internationale, pour laquelle a collaboré Le Monde, on apprend que plusieurs sites en Europe sont touchés par ces polluants dits « éternels ». 

Grâce à un travail « inédit » d’agrégation de données, une carte permet de visualiser la contamination par ces substances. 

Quels relevés ?

Parmi les sites listés : l’étang de Carcraon. Ce plan d’eau douce à cheval sur deux communes, Domalain et Moutiers, est traversé par La Seiche.

Dans les données récoltées dans cette grande enquête, il a été relevé une concentration de 63 nanogrammes par litre de PFAS en 2019 dans les eaux de surface de l’étang.Vidéos : en ce moment sur Actu

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En juin 2022, c’était un taux de PFOS (sulfonate de perfluorooctane) de 0,064 microgramme par litre dans l’eau brute qui était également détecté selon le site web Naïades, qui recense les relevés d’observation sur la qualité des cours d’eau et des plans d’eau.

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Selon un article du Monde dans son dossier consacré aux PFAS, « les valeurs limites établies par l’Union européenne sont bien trop élevées. En 2020, la directive-cadre européenne sur l’eau les a fixées à 100 ng/l pour la somme de 20 PFAS ‘considérées comme préoccupantes’ et à 500 ng/l pour la somme totale de toutes les PFAS. Le tout pour une entrée en vigueur qui n’aura pas lieu avant… 2026 ». 

« Ne pas tomber dans la psychose »

« L’étang de Carcraon est considéré comme un ‘hot spot’. Ce n’est pas Vitré-Tuvalu qui le dit, mais l’enquête des journalistes », indique l’association qui tient à préciser qu’il ne « faut pas tomber dans la psychose » non plus. 

Reste que les données présentées interrogent quand on sait que l’étang de Carcraon n’est pas situé à proximité d’industriels émetteurs.

D’où proviennent alors ces PFAS ? Il faudrait peut-être remonter en amont de la Seiche. « Il y a peut-être une activité qui utilise un produit qui finit dans la Seiche », poursuit Vitré-Tuvalu. 

Avec Agis ta terre et Eau & Rivières de Bretagne, Vitré-Tuvalu souhaite alerter sur le sujet. 

Ensemble, ces associations demandent « d’identifier les sources de ces pollutions sur le territoire, car la dépollution de l’eau risque d’être difficile et coûteuse et de mettre en œuvre un plan local de dépollution pluriannuel ». 

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« Un suivi  des données »

Pour Vitré-Tuvalu, il faudrait aussi un « suivi » des relevés qui sont pour l’instant très aléatoires. « On a parfois des données, puis cela s’arrête. Cela ne permet pas vraiment de suivre. »

Dans le Pays de Vitré, le site de la Valière est également cité dans la grande enquête collaborative internationale comme site présumé contaminé et la base de données Naïades révèle des contaminations des eaux de l’étang. 

Autre problématique autour de ce sujet, la réglementation autour de l’utilisation des PFAS dans les milieux industriels. À ce jour, qu’elle soit européenne ou nationale, elle n’est ciblée que sur quelques substances.

Une meilleure information du public

Pour échanger également sur ce sujet, nous avons contacté Daniel Simon, le président de La Gaule Guerchaise, l’association qui assure la gestion de l’étang prisé par la pêche.

Et la discussion a vite tourné court au moment où nous avons évoqué le nom de l’association Vitré-Tuvalu. Daniel Simon a clos l’échange de cette façon : « C’est complètement faux ! »

Interrogé également, le maire de Domalain, Christian Olivier, nous a simplement indiqué ne « pas avoir d’informations » sur ce sujet. 

Un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) considère comme prioritaire une « meilleure information du public ». Enfin, un plan d’action ministériel PFAS 2023-2027 a été lancé.

Il a pour objectif de « renforcer la protection des Français et de l’environnement contre les risques liés à ces substances ».

Un plan critiqué par certains acteurs environnementaux pour son manque d’ambition. 

Enquête du Monde sur https://www.lemonde.fr/pfas et données accessibles sur https://naiades.eaufrance.fr/. 

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