Perturbation du bilan thyroïdien au cours de la polyarthrite rhumatoïde

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https://doi.org/10.1016/j.rhum.2021.10.409Get rights and content

Introduction

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune systémique dont la comorbidité avec la pathologie thyroïdienne n’a pas fait l’objet de plusieurs travaux. L’objectif de ce travail est d’étudier la fréquence des perturbations et les variations des paramètres de l’exploration thyroïdienne au cours de la PR.

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude transversale, effectuée en juin 2020 sur 36 patients suivis au service de rhumatologie de l’hôpital universitaire Fattouma Bourguiba de Monastir pour une PR dont le diagnostic a été retenu selon les critères ACR/EULAR 2010. L’étude est réalisée après autorisation du comité d’éthique de l’hôpital et consentement oral et éclairé des patients participants. Les prélèvements sanguins des patients ont été analysés au laboratoire de biochimie–toxicologie du même hôpital. Pour chaque patient un prélèvement sanguin a été réalisé, le matin après 12 heures de jeune. Pour chaque patient un dosage sanguin de la FT4, de la TSH, des anticorps anti-TPO, des anticorps anti-Tg a été réalisé.

Résultats

Il s’agit de 33 femmes et de 3 hommes dont l’âge moyen était de 54 ± 12 ans [26,71 ans]. Une nette prédominance féminine a été notée avec un sex-ratio = 0,09. Les comorbidités les plus fréquentes étaient par ordre de fréquence décroissante l’hypertension artérielle (25,0 %), le diabète (19,4 %), les maladies auto-immunes associées (13,9 %), la dyslipidémie (8,3 %), et la coronaropathie (5,6 %). La durée moyenne d’évolution de la PR était de 12,2 ± 7,2 ans. Quinze patients était sous biothérapie type anti-tumor necrosis factor alpha (TNFα), anti-cluster de différentiation (CD) 20, et anti-interleukine (IL) avec des pourcentages respectifs de 36,1 %, 11,1 % et 8,3 %, en effet 6 molécules ont été utilisés; l’etanercept, adalimumab, infliximab, certolizumab, rituximab et le tocilizumab. Tandis que 21 patients étaient sous traitement conventionnel à base d’AINS, de corticoïdes, de méthotrexate, de salazopyrine et d’Arava avec des pourcentages respectifs de 36,1 %, 72,2 %, 86,1 %, 22,2 % et 41,7 % des patients. Les valeurs de TSH et FT4 étaient en moyenne de l’ordre de 3,88 ± 8,00 et 12,17 ± 2,91 respectivement. Huit patients (22,2 %) avaient un taux de TSH pathologique et 3 patients (8,3 %) avait un taux pathologique de FT4. Dans notre population, cinq patients (13,9 %) ont présenté des valeurs des anticorps anti-TPO > 34 UI/mL et trois patients (8,3 %) ont présenté des valeurs des anticorps anti-Tg > 115 UI/mL. En conclusion 22,2 % (n = 8) des patients présentaient une dysthyroïdie biochimique et 19,4 % (n = 7) présentaient une dysthyroïdie immunologique. Seulement quatre patients (11,1 %) présentent une dysthyroïdie biologique (perturbation du bilan thyroïdien biochimique ainsi qu’immunologique). Lors de l’étude analytique nous avons constaté que pour les traitements conventionnels, seule l’utilisation d’Arava protège contre l’apparition de perturbations de la fonction thyroïdienne (p = 0,062), tandis que la corticothérapie (p = 0,021), l’anti-CD20 (p < 0,001) et les anti-IL6 (p = 0,01) était significativement impliqués dans la génération de perturbations thyroïdiennes lors de PR.

Conclusion

La PR peut avoir des répercussions sur la thyroïde. La majorité des dysthyroïdies associées à la PR sont silencieuses. Les traitements antirhumatismaux de la PR qu’il soit conventionnels ou biologiques semble augmenter le risque de la dysthyroïdie d’où une étude des perturbations thyroïdiennes sur un échantillon plus large pour avoir des conclusions et des recommandations plus solides est à envisager.

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