Coup de coeur pour la série « Jeux d’influence » sur le lobby des pesticides, qui devrait plaire au professeur Séralini
Publié le 13/06/2019 à 17h21 • Mis à jour le 11/06/2020 à 21h36
Écrit par Pauline Latrouitte.
La série « Jeux d’Influence », diffusée ce soir sur Arte, s’attaque aux pesticides. En six épisodes, Jean-Xavier de Lestrade nous plonge dans le monde merveilleux des lobbys, en suivant plusieurs personnages : un député, un agriculteur et un certain scientifique discrédité, ça ne vous rappelle rien ?
Cette série passionnante a été réalisée par un maestro du documentaire, déjà oscarisé en 2002 pour « Un Coupable idéal » et ça se voit.
Le scénario instructif s’inspire de faits réels et « Toute ressemblance avec des personnes ayant existées (…) n’est pas fortuite ». L’histoire de ce paysan rappelle celle de Paul François contre la société Monsanto.
Un scénario documenté et instructif
Dans le rôle d’un scientifique discrédité après avoir étudié les effets d’un pesticide sur des rats, beaucoup y reconnaîtront le professeur caennais Gilles-Eric Séralini.
Comme dans la réalité, ce personnage va faire face à une contre-offensive des lobbies, qui vont anéantir des années de recherche en 40 signatures.
Le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade et son coscénariste Antoine Lacomblez ont beaucoup travaillé pour coller au plus près de cette réalité, si sensible : « Quelques personnes ont accepté de nous voir, à condition de n’évoquer que des affaires passées. «
L’histoire
Un agriculteur tombe gravement malade. Son ami et député Laurent Stocker (de la Comédie Française) l’incite à porter plainte et se lance dans une croisade parlementaire où tous les coups sont permis.
Sur son chemin, il trouvera un homme sans scrupules, le génial Jean-François Sivadier (que les amateurs de théâtre et de la série « les Revenants » apprécieront). Il incarne un lobbyiste à la solde de Saska, une multinationale de l’agrochimie.
Le personnage interprété par Alix Poisson est très intrigant. A priori, cette journaliste a vendu son âme au diable, mais jusqu’où ? La facture morale n’est-elle pas un peu trop salée ?
La fiction pour mieux parler de la réalité ?
Jean-Xavier De Lestrade est fils de paysan et se souvient : « Mon père a lu un article sur un agriculteur, Paul François, qui portait plainte contre Monsanto après avoir été intoxiqué. Il me l’a envoyé, avec une note disant qu’il y avait peut-être là un sujet à traiter… C’était en 2011.
Cela a pris quelques années avant d’arriver à maturation. En fait, cela s’est télescopé avec un autre sujet qui m’occupe depuis toujours : la chose politique. La majorité des études scientifiques montrent que les pesticides sont cancérigènes, et pourtant on a le sentiment qu’il n’y a pas de prise de conscience politique.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe à ce niveau-là ? Si un homme politique décide d’engager la bataille, quelle marge de manœuvre a-t-il réellement ? »
La fiction permet d’accéder à l’intériorité des êtres et de toucher intimement le spectateur. Cette série interroge le courage de chacun.
Cette série a reçu le prix de la meilleure mini-série au Festival de la Fiction TV de La Rochelle 2018
https://www.arte.tv/fr/videos/077286-001-A/jeux-d-influence-1-6/