Le Lévothyrox fait recette au CAC de Séméac
«Non seulement vous n’existez pas mais en plus vous êtes des hystériques.» C’est ainsi que le médecin-conseil de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), Gérard Bapt, a ironisé en introduction de la conférence sur le Lévothyrox devant une salle bien remplie, au centre Albert-Camus de Séméac. Ses propos visent à montrer le mépris du laboratoire Merck. Des centaines de milliers de malades de la thyroïde souffrent des effets indésirables de la dernière formule du médicament. De nombreuses procédures judiciaires sont en cours. 25 patients qui ont engagé une action pour demander le retour de la commercialisation de l’ancienne formule ont obtenu gain de cause auprès de la cour d’appel de Toulouse. Suite à la plainte de plusieurs patients à l’automne 2017, une information judiciaire a été ouverte en mars dernier par le pôle santé publique de Marseille «pour mise en danger de la vie autrui et tromperie sur les qualités substantielles». L’avocat Jean-François Blanco s’est porté partie civile pour une quarantaine de patients. «Comment est-ce possible de mettre sur le marché un médicament qui cause autant de troubles ? Les patients veulent déterminer les responsabilités pénales au niveau du laboratoire et des autorités de mise sur le marché et veulent obtenir réparation du préjudice. Mais ils ne souhaitent pas obtenir le retour à l’ancienne formule car ils se fournissent déjà en Espagne.» L’AFMT «dénonce aussi l’opacité entretenue par la firme Merck et les autorités sanitaires» sur le nom des fabricants des différents composants, «alors que la traçabilité des productions pharmaceutiques devrait être la règle». «Il est tout de même incroyable qu’on ne sache pas d’où vient le médicament le plus prescrit en France (près de 3 millions de patients en 2017)», s’indigne Gérard Bapt.