Levothyrox : « La crise n’est pas derrière nous », estime le Dr Gérard

À cause des effets indésirables, un demi-million de personnes souffrant d’hypothyroïdie en France auraient abandonné la nouvelle formule du Levothyrox. Le Dr Gérard Bapt participe ce mercredi à Tulle à une réunion d’information sur le médicament.

Gérard Bapt, cardiologue, médecin-conseil de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), député honoraire et ancien président de la mission d’information sur le Médiator participe ce mercredi à 17 h 30 à la salle Latreille à une réunion d’information sur la nouvelle formule du médicament Levothyrox, utilisé pour traiter les troubles de la thyroïde.

Quel est la situation actuelle autour du Levothyrox ? Les institutions nous disent que la crise est derrière nous. Les substituts à Levothyrox sont en pharmacie et on est sorti du monopole du laboratoire Merck. Mais, contrairement à ce que disent le gouvernement et l’Agence du médicament, la crise n’est pas terminée, car il y a encore des gens en errance thérapeutique et la disparition totale des effets indésirables de la nouvelle formule n’est pas immédiate.

Pourquoi le laboratoire Merck a décidé de changer la formule de ce médicament ? Il n’y avait pas d’arguments scientifiques. Les études financées par le laboratoire lui-même démontrent qu’il n’y avait pas de réels problèmes d’efficacité de ce produit. Mais la société Merck a une stratégie planétaire et des vues sur le marché émergeant asiatique. Et les Asiatiques sont à 80 % intolérants au lactose, que contenait l’ancienne formule. Par ailleurs, à l’heure actuelle, on ne sait même pas où est produit le Levothyrox nouvelle formulation. Il peut donc avoir des effets indésirables par rapport à l’adaptation de la posologie, mais aussi, par rapport au produit lui-même, et peut-être des intolérances nouvelles à des excipients ou la présence d’impuretés. Le gouvernement n’a pas mené un travail d’explication des effets indésirables qui ont concerné des centaines de milliers de patients ? Pourquoi cette nouvelle formule a-t-elle été mise sur le marché dans des conditions aussi déficientes en informations ?

Peut-on parler d’une crise sanitaire ? Oui. Un million de patients ont abandonné le Levothyrox nouvelle formule pour passer à un nouveau produit. L’erreur grave de gestion de cette affaire, c’est qu’on a procédé à cette substitution en situation du monopole du laboratoire Merck.

Pourtant, la réforme de la sécurité sanitaire post-Mediator de 2011 est fondée sur le postulat que l’intérêt du patient prime sur l’intérêt de la firme ? J’ai dit clairement que l’intérêt commercial de la firme, l’intérêt du marché potentiel dans le continent asiatique et en Amérique du Sud, a primé sur l’intérêt du patient. On savait à l’avance que quand on change la formule d’une levothyroxine de synthèse, il y a toujours des effets indésirables. Et il y a aussi des dégâts lorsqu’il s’agit des publics fragiles (femmes enceintes, les malades cardiaques et ceux souffrant du cancer). On a changé la formule sans tenir compte de ces publics.

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