la guerre autour du Levothryox ne fera pas de prisonnier

Levothyrox : une plainte déposée pour « trafic d’influence »

Une centaine de patients a déposé une plainte pour « trafic d’influence » dans le cadre de l’affaire du Levothyrox.

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Il sera dit que la guerre autour du Levothryox ne fera pas de prisonnier. Le site France Inforévèle qu’un collectif d’une centaine de patients aurait porté plainte pour « trafic d’influence »auprès du pôle santé du tribunal de Marseille, en charge de l’affaire. Par la voix de leur avocat, les plaignants affirment soupçonner l’existence d’un conflit d’intérêt entre le laboratoire Merck, fabricant du médicament, et l’agence du médicament (ANSM), à l’origine du changement de formule.La plainte prend appui sur une révélation du site Les Jours publiée en février dernier. La demande de changement de formule du Levothyrox, adressée en 2012 par l’Afssaps (désormais ANSM) à Merck, porte la signature du Pr Philippe Lechat, alors directeur de l’évaluation des médicaments de l’agence. Or le cardiologue avait travaillé pour le laboratoire dans le passé. Dans son droit de réponse, l’ANSM rétorque que les travaux en question ont cessé en 2004 et concernent un autre domaine d’expertise (les bétabloquants), d’où l’absence de conflit d’intérêt au regard des règles en vigueur.

Des soupçons d’influence

Gauthier Lefèvre, avocat du collectif des victimes du Levothyrox Grand Est Reims et dépositaire de la plainte, ne l’entend pas de cette oreille. « Quand le laboratoire Merck vous donne sa version officielle qui est de dire « c’est une autorité complètement indépendante qui nous a donné le feu vert », on s’aperçoit qu’en réalité, ce n’est pas une autorité si indépendante que ça », dénonce-t-il sur le site de France Info, ajoutant avoir découvert que Merck travaillait à la nouvelle formule bien avant 2012.

En filigrane, les plaignants soupçonnent l’ANSM d’avoir fait prévaloir les intérêts commerciaux de Merck sur une stricte logique de santé publique. L’ancienne formule du Levothyrox contient du lactose, mal toléré par l’immense majorité des Asiatiques. La nouvelle formule, plus stable et dépourvue de lactose, pourrait participer d’une stratégie de conquête du marché asiatique. Un soupçon qu’il reviendra à la justice de trancher.

Un an et demi de scandale

Depuis les débuts de l’affaire du Levothyrox, en février 2017, les associations de patients les plus virulentes (AFMT, collectifs locaux) font feu de tout bois. La nouvelle formule, demandée par l’ANSM afin d’améliorer la stabilité dans le temps de ce médicament à marge étroite, a donné lieu à un grand nombre d’effets secondaires inquiétants. Or la nouvelle formule est, d’un point de vue pharmacologique, très proche de l’ancienne : même principe actif, meilleure stabilité.

Pour les autorités sanitaires, les effets indésirables sont dus à des problèmes transitoires de dosage et surtout à la gestion médiatique de la crise. Le troisième volet de l’enquête de pharmacovigilance de l’ANSM, dévoilé vendredi, n’a d’ailleurs pas permis d’identifier d’éventuels patients à risque, ni un taux supérieur d’effets indésirables avec la nouvelle formule. Devant cette impasse médicale, le conflit tend à se déporter sur le terrain judiciaire.

 

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