Un laboratoire stockant des produits radioactifs à Saclay condamné pour des « faits graves »
Mardi 30 janvier 2018 à 19:08
La société CIS Bio International basée à Saclay (Essonne) a été condamnée ce mardi par le tribunal correctionnel d’Evry pour non-respect des règles de sûreté et pour ne pas avoir respecté les mises en demeure de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Des « faits graves » selon le Président du Tribunal.
Évry, France
Le tribunal correctionnel d’Evry a condamné ce jeudi la société CIS Bio International, basée à Saclay, à 50.000 euros d’amende avec sursis pour ne pas avoir respecté les mises en demeure de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Cette société a également été condamnée à trois amendes de 2000 euros pour non-respect des règles de sûreté.
Les délais imposés « intenables » selon le PDG de la société
Les faits remontent aux années 2013 et 2014. La société qui fabrique des médicaments radiopharmaceutiques (permettant notamment de détecter des cancers, des maladies osseuses ou endocriniennes) possède un stock d’iode 131 : un élément extrêmement radioactif. A ce titre et pour éviter tout risque, CIS Bio International devait réaliser d’importants travaux et mettre en place un système d’extinction automatique d’incendies. L’ASN a mis en demeure à plusieurs reprises cette société qui a continué d’expliquer à la barre ce mardi que « les délais imposés » étaient intenables. Régis Martin, le PDG de la maison mère, Curium Pharma, a expliqué que ce type d’installation était très difficile à réaliser : 25 km de câbles, 650 détecteurs sur 4000 m2, et puis, a-t-il précisé, « nous représentions, au moment des faits, 30 % du marché européen. L’arrêt de la production aurait été problématique ». Un argument qui n’a pas convaincu le Président du tribunal qui parle de « faits graves »
« L’iode 131 : c’est l’élément radioactif le plus dangereux » – Avocat du Réseau Sortir du Nucléaire
Le Réseau « Sortir du nucléaire » s’est porté partie civile dans ce dossier mais la plainte a été déclaré irrecevable. L’association va donc faire appel de cette décision. Son avocat, Maître Benoist Buisson précise si un incendie s’était déclaré dans cette usine, « ça aurait eu des conséquences sans commune mesure avec l’incendie d’un entrepôt qui a des produits chimiques, car là, il y a de l’iode 131 : c’est l’élément radioactif le plus dangereux: celui qui a été rejeté par Fukushima, qui reste dans l’environnement plusieurs mois, qui est le plus mortifère. Dans ces conditions-là, vous êtes tenu de faire ces investissements. CIS Bio International ne l’a pas fait et c’est inadmissible ».
« C’est un avertissement et des avertissements, il n’y en a qu’un » – Président du Tribunal