Levothyrox : l’Agence du médicament fait son mea culpa

Les autorités du médicament regrettent aujourd’hui leur gestion de la crise du Levothyrox.LP/FRÉDÉRIC DUGIT

C’est un mea culpa qu’a fait vendredi Dominique Martin, le patron de l’Agence du médicament, sous le feu des critiques.

«Ce n’est plus comme ça qu’il faut faire», insiste Dominique Martin en ajustant ses lunettes fines. Vendredi, le médecin et patron de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a fait ce qui ressemblait fort à un mea culpa sur sa gestion de «l’affaire» Levothyrox. Il faut dire que l’Agence, sorte de gendarme du médicament qu’il dirige depuis trois ans, est sous le feu des critiques depuis la mise en place de la nouvelle formule de ce traitement de la thyroïde accusée de provoquer d’importants effets secondaires. «Inacceptable», «contradictoire»… assénaient encore lundi des associations de patients.

Trois jours plus tard, le bal des reproches s’est poursuivi avec l’Ordre des médecins. Son président, Patrick Bouet, inquiet de la crise existante du Levothyrox et de celle qu’il redoute sur le Cytotec, a dénoncé «la si grande impéritie (NDLR : inaptitude) des autorités de santé». Alors aux mots forts, réponse forte. Devant la presse vendredi, Dominique Martin est en effet revenu sur les dossiers sensibles du moment. S’il a défendu la nouvelle formule du Levothyrox, il a concédé que, sur ce dossier, «l’information n’a pas fonctionné, dans le sens où elle n’est pas arrivée aux patients».

«L’information que nous avons faite aux médecins n’a clairement pas suffi, explique-t-il. Des gens ont eu des troubles et ils n’ont découvert qu’après coup que la formule de leur médicament avait changé. Cela a créé de la colère et c’est normal. On a envoyé 400 000 courriers aux professionnels de santé, mais 800 000 auraient été la même chose. Le système a atteint ses limites. Il faut qu’on change de paradigme», a-t-il admis. Mais comment changer ? « Il faut trouver de nouvelles voies d’interaction, comme les réseaux sociaux. On va aussi travailler plus en amont avec les associations », répond-il.

«La crise du Levothyrox n’est pas une crise d’information. C’est trop facile. Nous attendons toujours des réponses sur le produit», nous affirmait récemment l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) pointant les graves effets secondaires ressentis par des milliers de patients.

À la recherche de l’apaisement

Depuis lundi, un nouveau médicament, le L-Thyroxin Henning, est arrivé en pharmacie portant à trois le nombre de médicaments de la thyroïde désormais disponibles alors que le laboratoire Merck avait jusque-là un quasi-monopole. Et, selon le ministère, mi-novembre il y en aura cinq sur le marché. «Il y a déjà eu 35 000 prescriptions de L-Thyroxin Henning, note l’ANSM. Cela montre qu’il prend sa place de manière rapide.» L’Agence tente d’apaiser.

En plus de la poursuite des études, elle pointe que le nombre de signalements d’effets indésirables a fortement chuté. Le numéro vert reçoit actuellement «moins» de cent appels par jour. Mais au total, depuis sa mise en place le 23 août, il en a eu plus de 189 000….

Florence Méréo|21 octobre 2017, 12h11 – Leparisien

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