Thyroïde : le numéro vert dédié au Levothyrox explose

Le Levothyrox fait partie des médicaments les plus prescrits en France.

LP / Olivier Corsan

 

 

En deux jours, plus de 70 000 coups de fil ont été passés au numéro mis en place pour répondre aux inquiétudes sur la nouvelle formule du médicament de la thyroïde.

Ce vendredi, il a essayé d’appeler quatre fois. Chaque fois en vain. «Soit le serveur me demandait de rappeler ultérieurement, soit il me demandait d’attendre… Mais au bout de 30 minutes, je perdais patience», souffle Philippe. Désemparé par la fatigue que ressent sa mère depuis qu’elle prend la nouvelle formule du Levothyrox — le médicament prescrit à trois millions de malades de la thyroïde en France — l’habitant de l’Oise a composé le 0800.97.16.53*. Mais le numéro vert mis en place mercredi par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)* pour répondre aux inquiétudes des patients est débordé.

 

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«Nous avons énormément d’appels», nous confirme le gendarme du médicament, qui précise que «jeudi, ce sont 50 000 appels qui ont été reçus». Ce vendredi, le nombre de coups de fil a commencé à baisser mais le téléphone a tout de même sonné 22 000 fois. Une situation qui a conduit l’autorité sanitaire à renforcer considérablement ses équipes.

 

«Un risque vital à arrêter le traitement»

 

Le dispositif initial d’une quinzaine de personnes mercredi a «progressivement» été augmenté pour arriver à 90 ce vendredi. «Nous mettons tout en œuvre pour répondre à la demande, assure l’ANSM. La grande majorité des appelants sont des personnes qui ont besoin d’être rassurées. Elles ne présentent absolument pas toutes des effets secondaires indésirables.» Depuis son arrivée sur le marché début avril, le Levothyrox nouvelle formule (un de ses excipients, le lactose a été remplacé par du mannitol pour rendre le médicament plus stable) est sous le feu des critiques de nombreux utilisateurs.

 

Ceux-ci décrivent des maux de tête, des troubles visuels, des crampes invalidantes au cou et aux cuisses… «Pour ma mère, qui prend le médicament depuis que son AVC en 2015 lui a causé des problèmes de déglutition, cela a été flagrant, reprend Philippe. Elle est devenue très fatiguée, a perdu son énergie.» Des associations de malades demandent, elles, un retour à l’ancienne formule ou une mise à disposition des deux formules.

 

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Ce vendredi, l’ANSM insistait : «Il y a un risque vital à arrêter le traitement. Les personnes ayant des désagréments doivent consulter leur médecin.» «Les études de pharmacovigilance que nous suivons de près ne permettent pas de remettre en cause la nouvelle formule du Levothyrox, à bien des égards meilleure que l’ancienne», nous assurait de son côté mardi le ministère de la Santé. Les patients attendent visiblement plus de réponses.

 

*Du lundi au vendredi, de 9 heures à 19 heures.
**Pour signaler d’éventuels désagréments, il est aussi possible de se connecter à cette adresse : https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html#/accueil

 

leparisien.fr – Florence Méréo|25 août 2017, 19h46 

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