Association française des diabétiques nous communique
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Jus de fruits multivitaminé, lait enrichi au calcium, yaourt au bifidus actif… Depuis quelques
années, une nouvelle génération de produits est apparue dans les gondoles de supermarchés :
les alicaments. Petit tour du rayon en compagnie du professeur Jean Rigaud.
Alicaments : À boire et à manger…
Angles de Vie
Chroniques du diabète
N° 32 – octobre 2008
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Au départ, quand on entend parler de « saucisson aux
acides gras oméga 3 », on croit qu’il s’agit d’un gag.
Mais, non. Pas du tout. Prenez un porc, nourrissez-le
de beaucoup de lin. Sa graisse se chargera d’oméga 3
qu’elle ne contient pas naturellement. Égorgez-le. Et
transformez-le en autant de cochonnailles riches en
Oméga 3 que vous voulez. Après, il suffit d’une habile
campagne publicitaire soulignant les bienfaits pour la
santé des cochonnailles riches en oméga 3, et celles-ci
finissent par se vendre comme des petits pains… riches
en fibre.
BIENFAITS A LA CARTE
Contraction d’aliment et de médicament, les alicaments
sont des substances alimentaires modifiées pour
apporter un bénéfice à la santé. Nés dans les éprouvettes
de l’industrie alimentaire, probables fruits d’intenses
cogitations marketing, leur nombre croit régulièrement,
d’années en années ; de mois en mois. Leur succès
démontre le flair des industriels. À leur manière, ils
répondent au besoin d’une société qui s’inquiète pour sa
santé, d’une population qui grossit, qui vieillit et qui, par
ailleurs, n’ignore plus les liens entre alimentation et santé.
« Nous savons qu’un cancer sur cinq est en rapport avec la
manière de s’alimenter. Nous savons que dans les maladies
cardio-vasculaires, l’alimentation entre clairement en jeu. Les
scientifiques ont identifié un grand nombre de bénéfices pour
la santé, liés à des modifications de l’alimentation précise
Daniel Rigaud, professeur endocrinologue au CHU de Dijon.
Par exemple, nous avons des études de suivi qui démontrent
que l’introduction en quantité suffisante de fruits et de
légumes dans le régime des personnes risquant le diabète
de type 2, diminuait ce risque, cinq à dix ans plus tard. D’autres
études ont suggéré que les acides gras oméga 3 pouvaient
avoir le même effet. On sait aussi que les fruits, légumes et
oméga 3 contribuent à diminuer les risques de complications,
notamment cardio-vasculaires, une fois le diabète installé ».
NOURRIR LA REFLEXION
Alors que l’Union Européenne a contraint les industriels
de ne plus affirmer que leurs yaourts et leurs saucisses
prévenaient, soignaient ou guérissaient une quelconque
maladie ; alors que les bienfaits de tels ou tels produits
sur la constipation ou la solidité des os… n’ont, à
quelques exceptions près, jamais été avérés, le Dr Rigaud
pointe trois observations. « Tout d’abord, une question
d’ordre médical : Est-il nécessaire de mettre l’ensemble de
la population aux Oméga 3 ? Un homme de 45 ans peut
en avoir besoin. Une femme de 20 ans, en bonne santé
et d’un poids normal, non. Ensuite, un problème touchant
à l’alimentation. Celle-ci ne doit pas s’inscrire uniquement
dans un registre de santé ou de nutriments. La nutrition c’est
à la fois nourrir son corps et partager. Le partage apporte
une valeur sociale ajoutée. Il est plus important de manger
ensemble que de s’obstiner à fractionner les aliments en
portions de nutriment, en pourcentage de besoins couvert.
Ce découpage n’a aucun sens dans notre cerveau, ni, à
fortiori, dans notre inconscient. Enfin, une remarque d’ordre
financière. Si les alicaments ne coûtent pas plus chers que
les aliments normaux et qu’ils procurent un bénéfice pour
la santé… Pourquoi pas ? Mais si ces alicaments coûtent
plus chers, leurs éventuels bénéfices seront réservés aux
plus riches ».
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AU MENU DES DEBATS
« Je ne suis pas dans une position tranchée, affirme le
professeur Rigaud. Je ne suis ni pour, ni contre les alicaments.
Ce sont des produits qui posent un problème de fond entre
le philosophique et le social. J’estime, quant à moi, que tout
le monde n’a pas besoin d’alicament. Je pense aussi que
manger seul, son alicament à soi, en fonction de sa santé
à soi, pose le même problème que de regarder tout seul
dans son coin, son programme télé à soi, tandis que toute
la famille fait pareil, chacun dans son coin. On peut faire ça,
avoir chacun sa télé, sa boisson, son pain, son plat. Ou alors,
on peut manger vraiment, construire une vie de famille et
causer. C’est un choix ». C’est donc décidé. Ce soir, on
dîne tous ensemble. On éteint la télé. Et à table, on
discute des alicaments.
LES ALICAMENTS AU SALON DU DIABETE
ET DE LA NUTRITION
Le professeur Jean Rigaud effectuera une conférence
sur les alicaments, dans le cadre du Salon du diabète et
de la nutrition, au CNIT Paris La Défense, le samedi 15
novembre, à 10h.
Rédaction : Renaud Alberny
Coordination : Delphine Dorier
Maquette : Florence Wetzel
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Delphine Dorier
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