Sanofi se concentre sur la recherche et développement, vers la fin du Doliprane ?

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Sanofi a annoncé vendredi 27 octobre se séparer de son activité de santé grand public, qui regroupe ses médicaments vendus sans ordonnance à l’instar du Doliprane. S. Leitenberger/Adobe Stock

Fini la fameuse boîte jaune ? Après un demi-siècle passé dans le giron de Sanofi, le Doliprane va disparaître du portefeuille du géant pharmaceutique, qui a annoncé vendredi 27 octobre une réorientation majeure de son activité. Le laboratoire se sépare de son secteur de santé grand public, qui comprend ses médicaments en vente libre tels que le fameux Doliprane, ainsi que ses compléments alimentaires, rapporte Le Monde ce samedi 28 octobre. Une décision qui a fait l’effet d’une bombe sur le marché, avant de rapidement se faire voler la vedette par l’autre annonce majeure du groupe : l’abandon de son objectif d’atteindre 32% de marge opérationnelle d’ici à 2025. En réaction, vendredi, le titre chutait de 19% à la Bourse de Paris.

Mais en réalité, ce virage n’est pas une surprise totale. Sanofi avait déjà tracé la voie en 2019 en annonçant la création d’une entité autonome pour les médicaments sans ordonnance. En 2022, le transfert du siège de cette filiale de Gentilly (Val-de-Marne) à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avait renforcé l’idée d’une séparation imminente. Cependant, cette annonce a pris de court de nombreux employés qui espéraient un sursis. «Il y a seulement quelques jours, Sanofi annonçait un nouvel investissement de 20 millions d’euros à Lisieux, où est fabriqué le Doliprane, et, aujourd’hui, ils découvrent que le groupe vend leur usine, déplore auprès de nos confrères une source syndicale au sein d’Opella, la holding regroupant les activités de santé grand public de Sanofi. Certains salariés étaient en pleurs ce matin.»

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1 600 employés français concernés

Sanofi n’a pas encore divulgué les détails de la scission, mais l’introduction en Bourse à Paris semble être l’option privilégiée. Cette démarche suivrait le modèle d’Euroapi, entreprise fondée en 2022 pour créer un champion européen des principes actifs, mais qui a connu des difficultés, avec une chute de plus de 60% de sa valeur boursière depuis son introduction. Parallèlement à cette scission, Sanofi réévalue l’avenir de ses centres de distribution en France, suscitant davantage d’inquiétudes parmi ses employés.

Environ 1 600 salariés tricolores sont concernés. «Qui va nous gouverner ? Quelle sera la stratégie adoptée ? Les emplois seront-ils maintenus ?», s’interroge Christophe Quillet, délégué syndical CGT du site Sanofi de Lisieux. Comme lui, les employés du groupe regrettent la «culture à l’anglo-saxonne» insufflée par la direction ces dernières années. «On découvre les projets de Sanofi dans la presse, s’indigne la source syndicale d’Opella. Il n’y a eu aucune information préalable communiquée aux salariés.» Le gouvernement français promet quant à lui de suivre de près la situation pour préserver les emplois nationaux et garantir l’approvisionnement en médicaments.

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Réduction des coûts pour préparer l’avenir

La décision de Sanofi s’inscrit dans une tendance dans l’industrie pharmaceutique, dont de nombreuses entreprises décident de se séparer des divisions de médicaments en vente libre pour se concentrer sur les médicaments innovants, avec l’espoir d’améliorer leur rentabilité. Sanofi recentre pour sa part sa stratégie sur la recherche et le développement, avec un programme de réduction des coûts de 2 milliards d’euros en 2024 et 2025. Cette décision découle aussi, selon Paul Hudson, le directeur général de Sanofi, de la nécessité de se préparer pour l’avenir, d’autant plus que son traitement phare, le Dupixent, est la principale source de revenus du laboratoire… Là où certains y voient plutôt une tentative de corriger les erreurs des plans d’économies antérieurs.

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