Lettre ouverte du docteur Sopena conseiller juridique de l’AFMT, au directeur général adjoint à la santé par rapport à l’arrêt de l’ancienne formule
Dr. Philippe SOPENA Scientifique de l’AFMT conseiller juridique AFMT à Mr le Dr Grégory EMERY Directeur général adjoint de la Santé
Paris le 20 octobre 2022
.
Objet : Projet de cessation de la distribution d’Euthyrox (???)
Monsieur le Directeur général adjoint, Mon cher confrère,
Des informations parues récemment dans la presse spécialisée (Le Pharmacien de France-N°1343) font état de ce que la « prolongation temporaire » (mais constamment renouvelée depuis octobre 2017…) ne serait pas prolongée fin décembre.
Les patients concernés s’en sont émus auprès de nous, et on les comprend.
Vous savez que cette situation est le résultat de la crise sanitaire liée à la substitution brutale par le Lévothyrox « Nouvelle formule » ( « NF ») du Lévothyrox « l’Ancienne formule » (« AF »).
Un Lévothyrox « l’Ancienne formule » qui a continué à être produit par MERCK à DARMSATDT, et distribué dans de nombreux pays du monde le plus souvent sous l’appellation « EUTHYROX ». Mais aussi sous celle de LEVOTHYROX, au Maghreb et en Afrique noire notamment.
L’AFMT avait été à l’initiative de la décision d’importation temporaire d’octobre 2017 (prise dans l’urgence à l’acmé de la crise sanitaire de l’automne 2017) qui avait permis d’attendre de façon plus apaisée la montée en charge progressive « d’alternatives ».
Nous avons été ensuite activement partie prenante des demandes de prolongations successives qui ont été soutenues par l’ensemble des Associations de malades (voir notamment le « Communiqué commun » du 07/07/20). Et nous nous félicitons de ce que, le Ministère et la DGS aient soutenu cette solution de bons sens malgré l’opposition de la Société MERCK (essentiellement sans doute pour des « raisons d’image »).
Nous nous étions félicités de votre mail du 03/03/22 dans lequel vous écriviez que » les autorités sanitaires souhaitent dissiper toutes inquiétudes des patients et des professionnels de santé concernant le risque de rupture d’importation d’Euthyrox en France.
Même si certains diront que cette situation ne concerne « QUE » 90 000 patients (environ) ceux-ci (ou celles-ci) qui ont trouvé dans le retour à cette ancienne formule un équilibre clinique et biologique et une « sécurité » qui leur a permis de sortir d’errances thérapeutiques difficiles.
Les « Comités de suivi » successifs étaient donc tombés d’accord pour laisser perdurer cette situation appelée à s’éteindre progressivement d’elle-même. D’autant plus facilement d’ailleurs que l’on n’en fera pas un sujet de conflit inutile.
On se souvient qu’une des raisons de cette prolongation avait été qu’il aurait été inutilement dangereux de prendre le risque, imprévisible d’imposer à ces patients une « nouvelle substitution » en période d’épidémie de COVID.
Il s’agissait là d’une décision de bon sens et je pense que l’on pourrait utiliser ce même argument pour « prolonger une nouvelle fois cette prolongation » en nous appuyant sur la « 8ème vague » (d’autant que même si l’on ne peut que se féliciter qu’elle soit moins virulente que les précédentes, nul ne peut en effet prévoir ce qu’il en sera à l’avenir..)
Je me permets en outre de vous rappeler la recommandation de l’HAS de MARS 2019 selon laquelle :
« Il est rappelé que la lévothyroxine est un médicament à marge thérapeutique étroite. Pour des personnes traitées bien équilibrées et sans effet indésirable, il n’y a pas lieu de changer de traitement.
Si le médicament n’est pas disponible sur le marché et qu’il est nécessaire d’en changer, il est alors recommandé de mettre en œuvre une surveillance clinique et biologique adaptée. »
En application de celle-ci et aussi longtemps que MERCK poursuit à DARMSTADT la production « d’Ancienne formule » sous quelque nom et quelque boitage que ce soit, les 90 000 patients concernés sont en droit de demander à ne pas être exposés au risque d’un changement de spécialité.
J’ajoute que compte tenu de l’actualité toute récente et de la mise en examen de MERCK pour « Tromperie aggravée » je ne pense pas qu’il soit de l’intérêt bien compris de cette Société de relancer un conflit sur ce sujet sensible.
En tout état de cause, si un tel arrêt de la production d’l’AF devait intervenir il y aurait nécessairement lieu de mettre à la disposition des patients concernés le petit document (très bien fait..) dont le modèle avait été adopté en « Comité de suivi ».
Avec la question subsidiaire de savoir qui l’imprime, qui le diffuse et comment ? Et si je peux me permettre « qui paye ??? «
Pour cet ensemble de raisons je souhaite que vous nous fassiez savoir que l’information publiée dans « Le Pharmacien de France » n’avait aucun fondement et que ni la DGS ni le Cabinet n’ont jamais envisagé d’interrompre la distribution d’EUTHYROX fin 2022.
En vous remerciant par avance de votre réponse, que je souhaite positive et rapide pour pouvoir rassurer au plus vite les patients concernés, je vous prie, Monsieur le Directeur général adjoint et cher confrère, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux et confraternels.
Dr Philippe SOPENA