Antiépileptique chez la femme enceinte : le topiramate peut contribuer à des troubles intellectuels chez le fœtus, prévient l’ANSM
L’Agence nationale de sécurité du médicament met en garde contre cet antiépileptique, déjà connu pour favoriser des malformations chez le fœtus, et appelle à ne l’utiliser qu’en cas de « nécessité absolue » chez la femme enceinte.
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Le topiramate, un antiépileptique déjà connu pour favoriser des malformations chez le fœtus quand il est pris par une femme enceinte, peut aussi contribuer à des troubles intellectuels, a prévenu l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) mercredi 29 juin.
« Chez la femme enceinte (…), le topiramate ne doit pas être utilisé dans l’épilepsie sauf en cas de nécessité absolue » et ne doit être prescrit sous aucun autre prétexte, a déclaré dans un communiqué l’ANSM.Lire aussi Malformations : après la Dépakine, le risque d’autres antiépileptiques
Le topiramate, vendu sous la marque Epitomax par le laboratoire Janssen mais aussi comme générique par d’autres fabricants, est prescrit contre les crises d’épilepsie et les migraines. Il est aussi parfois donné par certains médecins comme amaigrissant, mais cet usage n’est pas prévu par les indications officielles contrairement aux Etats-Unis, où une forme du traitement est approuvée contre l’obésité.
En 2019, l’autorité du médicament avait déjà mis en garde sur l’usage du topiramate, dans un contexte marqué par le scandale de la Dépakine du laboratoire Sanofi, un autre antiépileptique impliqué dans de nombreux troubles chez des enfants exposés lors de la grossesse. Pris par une femme enceinte, le topiramate démultiplie en effet les risques de malformations – bec-de-lièvre, mauvais placement de l’urètre sur le pénis – chez l’enfant à naître.Lire aussi Une étude confirme l’ampleur des dégâts causés par la Dépakine
Nouveaux risques
Si l’ANSM, qui a demandé à son homologue européenne de réévaluer le topiramate, communique à nouveau sur ce médicament, c’est que de nouveaux risques ont été mis en évidence pour l’enfant à naître.
Publiée fin mai dans la revue JAMA Neurology, une étude, réalisée a posteriori à partir des données de plusieurs millions de mères scandinaves, montre que le risque de déficience intellectuelle fait plus que tripler chez les enfants dont la mère a pris du topiramate lors de la grossesse. Le risque de troubles du spectre de l’autisme est aussi multiplié, quasiment par trois.
« Ces risques-là sont nouveaux ; ils étaient jusque-là considérés comme non exclus mais pas caractérisés », a expliqué Philippe Vella, spécialiste des traitements neurologiques à l’ANSM, à l’Agence France-France. Il faut donc plus que jamais « limiter au maximum l’exposition des femmes en âge de procréer et bien évidemment des femmes enceintes à ces médicaments », a-t-il insisté.
Outre la contre-indication pour les femmes enceintes, l’ANSM appelle aussi les médecins à ne prescrire le topiramate qu’en dernier recours aux femmes qui sont en âge d’avoir un enfant et ne prennent pas une contraception jugée « hautement » efficace.
Toutefois, l’agence prévient aussi les patientes qu’il ne faut pas interrompre ce traitement brutalement car une reprise des crises d’épilepsie peut aussi être dangereuse, que ce soit pour la mère ou le bébé à naître.
A ce titre, l’agence du médicament prévient les patientes sous traitement qu’il faut évoquer la situation avec leur médecin et, surtout, ne pas décider seule d’arrêter de prendre du topiramate.
Le Monde avec AFP