Comment jouer avec sa santé, leçons canadiennes

La Covid-19 n’est jamais loin de nos préoccupations actuelles mais prenons de la hauteur et laissons-nous subjuguer par cet article où l’on peut y détecter très vite une forte concentration d’intelligence rehaussée par une discrète note de sirop d’érable: Tout est normal car ce texte est signé par une nouvelle recrue exceptionnelle à savoir Pierre Biron (1), Professeur de Pharmacologie à la Faculté de Médecine de Montréal, son ami Jean-Claude Saint-Onge (2), philosophe et écrivain prolixe ayant participé à l’ouvrage. En homme du monde Pierre ne s’avance pas vers nous les mains vides mais nous apporte en plus un cadeau assez extraordinaire, un alter-dictionnaire bilingue de « pharmacologie sociale et maladies médicamenteuses » (3) qui hésite entre l’outil de recherche en sciences humaines et le florilège des meilleures bourdes sanitaro-industrielles, à parcourir absolument. Alors, comment rater sa santé de manière réitérée? C’est finalement facile, bonne lecture.

Des surplus de santé intériorisés jusqu’aux dilemmes covidiens, une joute en trois épisodes

Première période :

Avant la pandémie une certaine médecine préventive à la recherche de « surplus » de santé (pour une santé parfaite) était née de la recherche sur les facteurs de risque et nous a menés à adopter des styles de vie dits « sains » mais contraignants. Ses dogmes, promus par les entreprises et relayés par les professionnels et les médias puis repris par les gouvernements et leurs santés publiques, ont été intériorisés.

Deuxième période :

Qu’arrive la pandémie, les relais se font en sens contraire : les gouvernements et leur santés publiques sous pression nous imposent des mesures de protection et les directives sont reprises docilement par les professionnels et les médias. Les degrés de contrainte, la rigueur scientifique et le bon jugement varient selon les juridictions et le temps, signes que nos représentants sont dépassés par un virus qui déjoue leurs stratégies et que pour la première fois les incertitudes liées à la méthode scientifique sont mises à nu sur nos écrans.

Troisième période :

Apparaît alors le grand espoir, un sauveteur, la vaccination. L’industrie met en pause ses autres projets : c’est la course effrénée aux brevets (et aux monopoles), la négociation de prix (derrière des portes closes) avec des ministères inexpérimentés ou influençables pris en otage et des modes de production époustouflants.

L’industrie prend le haut du pavé et oriente la pensée dominante. Les agences du médicament coincées entre un vendeur cupide et ingrat, et un acheteur empressé, autorisent la commercialisation urgente avant de terminer une évaluation rigoureuse.

AVANT LA PANDÉMIE

Par elle-même la surmédicalisation est déjà contraignante, en fait, auto-contraignante car on intériorise les nouveaux dogmes sanitaires apparus vers la fin du XXe siècle. En effet la médecine ou plutôt la « santé » devenue la « santé parfaite » par glissement sémantique, propulsée par la recherche sur les facteurs de risque renommés maladies, cooptée par l’industrie qui a sauté sur l’occasion et relayée par la santé publique et les élus, avait déjà envahi la vie privée avant la pandémie.

Le surdiagnostic, le dépistage, le surtraitement, la surmédicamentation, l’alimentation « saine », l’anti-sédentarisme et l’anti-tabagisme sont tous devenus monnaie courante, souvent avec raison, parfois avec excès. On recherche la santé parfaite physique et mentale. Les Ivan Illich, les Thomas McKeown, nous l’avaient prédit. Le transhumanisme nous imprègne, certains rêvent de l’homme cyborg. Jacques Dufresne nous le rappelle souvent.

On en vient à s’imposer avec fierté toutes sortes de contraintes et d’activités afin de satisfaire aux conditions associées à un surplus de santé, terme choisi par l’anthropologue américain Joseph Dumit (4).

D’avantage de muscles et d’endurance (jogging, gymnase, course), meilleure apparence physique (Botox©, liposuccion, implants, stéroïdes), meilleure performance sexuelle (Viagra© et cie., suppléments hormonaux), meilleure densité osseuse, suppléments alimentaires tous azimuts et diètes miracles, meilleure performance mentale, toujours pour une santé plus que parfaite.

Quant à l’espérance de vie, on recherche la meilleure protection contre la mort par des bilans de santé annuels, des dépistages de masse (cholestérol, glycémie, cancers de la prostate, du sein, de la thyroïde … ) et les mirages biomédicaux qui en découlent. Une certaine gauche bien-pensante s’en tape les mains sans tenir compte des déterminants sociaux (pollution, pauvreté, ignorance et inégalités sociales).

Le concept de bonne santé se transforme en chiffres (5). Par exemple des niveaux de tension servent à distinguer la haute pression de la normale, mais cette normalité dépend d’un seuil à ne pas franchir, et ce seuil est d’année en année ramené vers le bas par des instances médicales sous influence pharmaceutique : 160 mmHg, 150, 140 voire 130 et pouquoi pas 120 ?

Une seule mesure dépassant le seuil, un diagnostic fait à la sauvette, et vous voilà étiqueté et médicamenté pour toute une vie. La réponse dépend de l’expert consulté; les plus sages et indépendants vous diront que cela dépend de l’âge, du sexe, de l’état de santé, de l’espérance de vie et de la répétition des mesures.

Cette médecine dite préventive devenue si envahissante sera qualifiée de présomptueuse, arrogante et péremptoire par nul autre qu’un fondateur de la médecine scientifique moderne dite factuelle (evidence based medicine), David Sackett à Hamilton, Ontario. Mauvaise nouvelle, Steve Morgan de l’Université de la Colombie britannique, a découvert que le Québec était le champion provincial des ordonnances dans ce domaine. (6)

Des médecins généralistes inspirés comme le belge wallon Marc Jamoulle nous proposent comme résistance passive les mesures à prendre pour protéger les bien-portants et les malades des effets pervers de la surmédicalisation et en font une mission de la santé publique et de la médecine de famille.

Il faut se protéger de la prévention mal avisée, alors que la promotion de nouveautés pharmaceutiques est relayée trop facilement par des comités de directives cliniques et que depuis 3-4 décennies, à peine 10% des nouveautés procurent un avantage thérapeutique tangible. (7)

Savoir déprescrire devient un devoir dans l’optique d’une bonne pratique clinique, surtout en gériatrie; un Réseau canadien de déprescription a d’ailleurs été lancé à l’Institut Universitaire de gériatrie de Montréal. L’initiative médicale « Choisir avec soin » évalue d’autre part à un million par année les interventions médicales inutiles au Canada.

En France on gaspillerait 10 milliards par an par le mauvais usage généralisé du médicament. (8)

Pendant des décennies les industries sanitaires profitent des dogmes d’une médecine préventive dévoyée et dont les acteurs font preuve d’un manque de sens critique et redéfinissent périodiquement nos surplus de santé aux dépens de nos ressources. Personne n’a plus le droit d’être bien-portant, c’est le retour du Dr Knock (1923) de Jules Romain, « le bien portant est un malade qui s’ignore ».

Heureusement des soignants universitaires clairvoyants comme Gilbert Welch et Nortin Hadler aux É.-U. et Peter Gøtzsche au Danemark, traduits par Fernand Turcotte à Montréal, publient une brochette de livres pour démontrer à un public averti que trop de médecine peut être aussi dommageable que trop peu. « La poursuite exclusive de la santé conduit toujours à quelque chose de morbide » est une citation bien à propos, par le londonnien Gilbert Keith Chesterton.

La pratique d’une « médecine des bien-portants » ne représente pas la meilleure utilisation de nos ressources médicales limitées.

Les généralistes sont-ils libres de lutter contre la surmédicalisation ? Pas sûr. Pas facile pour un médecin de famille de conseiller l’arrêt d’un traitement inutile et risqué prescrit par un spécialiste, pas facile pour un pharmacien de ne pas vendre un médicament inutile quand les ventes sont sources de rémunération, pas facile d’expliquer au client bien-portant du mal fondé de certaines campagnes de dépistage de masse (9), du traitement trop hâtif d’une « hypertension labile, des hyperlipidémies de bon repas, des diabètes de galette des rois, des mauvais sommeils de huit heures », des renouvellements inutiles.

On dépense beaucoup, on subit des effets indésirables parfois fatals, on augmente notre niveau d’anxiété pour tenter de vaincre le vieillissement, la fragilité, les limitations, la laideur, même la « brièveté de la vie » car sans religion ou spiritualité vaut mieux éviter d’y penser et la reporter le plus loin possible, quitte à passer ses dernières années dans un état plus ou moins déplorable, si déplorable parfois que le suicide assisté lorsque permis ou l’euthanasie déguisée se pointent le nez.

C’est le nouveau visage de la recherche d’immortalité, celui du transhumanisme qui remplace la religion et la spiritualité. C’est l’absurde « homme nouveau » augmenté. Bref, de l’humain déshumanisé qui refuse ses limites. Tout acharnement préventif se fait aux dépens de la liberté, un dommage collatéral du santéisme. On finit par se demander si les ingénieurs du corps humain en quête de longévité produisent plus de mal ou plus de bien.

À table on va nous dire quoi manger. Pendant des décennies il faut éviter les gras, ce qui appuie d’ailleurs par ricochet l’emploi de réducteurs de lipides sanguins (statines comme Lipitor©, Crestor© et cie.), pilules qui n’ont jamais rempli leurs promesses et dont certains sujets se font renouveler les ordonnances ad vitam aeternam.

On remplace le beurre par la margarine sans avoir la preuve de ses bénéfices cliniques; de toute façon l’hypothèse lipidique n’a plus beaucoup l’appui de scientifiques neutres et des douzaines d’études cliniques confirment que les aînés au « mauvais » cholestérol plutôt élevé vivent plus longtemps (10).

Pendant que les tablettes des grandes surfaces foisonnent de produits « sans cholestérol, faibles en gras », on découvre que le grand prêtre de l’hypothèse lipidique était secrètement financé par l’industrie des sucres : l’Américain Ancel Keyes avait manipulé les faits en choisissant 7 pays parmi les 22 examinés, comme par hasard les seuls qui démontraient une corrélation entre les gras alimentaires et les crises cardiaques. Ses compatriotes se bourrèrent de sucres.

Néanmoins la santé publique et la médecine populaire continuent de contrôler nos assiettes en déconseillant les sucres raffinés. Bien que ceux-ci mènent au diabète de la maturité dit type 2 et à l’obésité. Par contre, on utilise des succédanés sans calorie sans trop savoir s’ils augmentent ou diminuent la résistance à l’insuline. Les industries alimentaires introduisent ces sucres dans presque tous les mets préparés vendus en grandes surfaces et au menu des restos rapides. La classe précarisée se contente d’aliments malsains moins chers.

On tolère que laits, yaourts, céréales, charcuteries, etc. soient devenus des produits transformés, même lorsque qualifiés de « nature », bien éloignés de ceux consommés par les grand-mères des îles grecques, italiennes ou japonaises où l’on bat des records de longévité. Îles sans pollution, sans disparité socio-économique marquée, socialement cohésives, où l’on cuisine à la maison. Sommes-nous vraiment libres, citadins des grandes villes à la merci des mondiales de l’agro-alimentaire, de manger autrement ?

Ensuite on s’attaque à l’alcool, on prêche l’abstinence, jusqu’au jour où l’on accepte même aux États-Unis que le régime dit méditerranéen proposé en France (Michel De Lorgeril et autres) est le plus recommandable et inclut un peu de vin avec le repas du soir.

Souvent l’embonpoint peut céder quand on décide de manger moins, moins vite, moins seuls, moins souvent sans recourir au mirage des diètes miracles mises au rancart l’une après l’autre. Les autorités en nutrition pondent des directives qui changent périodiquement et se contredisent, la nutrition n’étant pas plus exacte que l’économie.

Et puis c’est le sexe qui en prend un coup : qu’arrive le sida et plus question de faire l’amour sans condom, en attendant d’être testé de part et d’autre, et la positivité entraîne la discrimination. La santé publique entre dans la chambre à coucher, cette fois avec raison bien sûr puisque ce virus sait bien comment se propager. Noter qu’aucun vaccin n’a pu être mis au point en quatre décennies.

On valorise une prévention biologique proactive basée sur des calendriers de dépistage d’anomalies dans les molécules plasmatiques et l’imagerie corporelle, d’imperfections de la mémoire des aînés ou de l’humeur à tout âge.

Attention à nos gouvernants qui vendent à rabais nos résultats d’analyse livrés en pâture aux banques de données nuagiques qui les refileront aux mondiales du médicament avides de les interpréter par intelligence artificielle à la recherche de marqueurs et de facteurs de risque dont l’importance et l’utilité pour la santé sera immanquablement exagérée par intérêt commercial.

Une fois testé positif, on est marqué pour longtemps, c’est écrit dans notre dossier médical informatisé et donc partagé. Les produits de santé préventifs qui en découleront enrichiront des actionnaires, permettront aux politiques de mieux jouer aux « protecteurs » de notre santé et faciliteront la discrimination par les assureurs et les employeurs.

DEPUIS LA PANDÉMIE

Pas besoin de mentionner le stress des confinements, des sorties contrôlées, du nombre de personnes qu’on peut recevoir ou visiter, chez qui on peut ou ne peut pas aller selon le type d’habitation, leur lieu de résidence, leur histoire de contacts, leur voyage récent, leur lien de parenté, les risques de leur occupation.

Question sexe, une très professionnelle et compétente hygiéniste en chef est allée jusqu’à suggérer (le 2 septembre 2020) la masturbation comme activité plus sécuritaire en temps de pandémie ainsi que le port du masque et l’évitement de contacts faciaux lors d’une nouvelle rencontre amoureuse en chair et en os.

Un ami européen, expert en santé publique par surcroît, se plaint durant une période de confinement strict de ne pouvoir sortir de son chalet en bord de Méditerranée pour aller se promener sur son bout de plage déserte, ni d’enlever son masque pour respirer de l’air pur, ni même de faire du kayak près de criques inhabitées, un drone pourrait le retracer et en faire un dangereux délinquant criminalisé… Le masque obligatoire aux bien-portants dans une rue déserte, c’est logique ?

On ne peut plus aller au théâtre, au cinéma, à l’église, à la librairie, au concert classique, à la bibliothèque, même si la distanciation y est respectée, la ventilation convenable et les masques bien ajustés, ni manger dans des restaurants qui respectent toutes les règles et sont même prêts à fermer leur bar et cloisonner les espaces. Au diable la culture, les carrières de nos artistes, la religion, la socialisation minimale des enfants et des personnes seules, et du répit pour les femmes.

Certains fêtards plutôt jeunes se rassembleront clandestinement malgré l’interdiction, c’est évidemment répréhensible; si quelques-uns d’entre eux diront que le geste est politique, les autres diront que c’est pour décompenser après une année porteuse de privations, d’angoisse quant à leur avenir, et de découragement. Et on ne sévit pas contre les hôtels qui les hébergent.

Les dérapages vont de l’enfermement par l’extérieur du domicile de familles délinquantes (la police chinoise l’a fait à Wuhan) jusqu’au verrouillage de la porte de chambre d’aînés déments en résidence. Votre proche-aidé se meurt à l’hôpital, à la résidence, au CHSLD/EHPAD, vous ne pouvez pas quand la fin approche aller lui tenir la main, lui fermer les yeux. Combien s’en sont suicidés ?

On a calculé que l’introduction du virus dans les CHSLD provenait surtout du personnel, pas des proche-aidants que l’on interdit souvent et qui ne coûtent rien. L’isolement strict dans leur chambre de résidence communautaire pour aînés autonomes ou semi-autonomes, sans aucun visiteur, est-il acceptable? Quelques uns, quelques unes se sont laissé mourir de faim (dont une dans ma famille élargie).

Que dans une région on n’ait pas le droit de sortir de son domicile, cela se voit durant la guerre (explosions attendues), au cours d’une opération de police (actes de terrorisme) ou pendant le nuage toxique d’un incendie chimique, mais ne dure pas longtemps. Cela nous fait penser à l‘assignation à domicile, un substitut de la prison ferme appliqué à des innocents.

Des amendes plusieurs fois plus élevées qu’en Europe pour se réunir soulèvent des questions. Les rassemblements irresponsables sont certes déplorables, mais la ligne est floue entre dénonciation et délation (on n’est tout de même pas en Allemagne de l’Est à l’époque de la Stasi). L’isolement de la quarantaine stricte a pour effet secondaire d’empêcher de descendre dans la rue pour quelque motif que ce soit, des politiques l’ont sûrement remarqué, et la cerise sur le gâteau, le couvre-feu, mène à davantage de contrôles policiers. Des pays autoritaires en profitent pour peaufiner le contrôle de leur population.

Une consigne de quarantaine peut frapper dur chez les moins nantis. Si vous n’habitez pas seul ou seule, elle peut inclure de dormir dans un autre lit, de passer la journée dans une pièce inoccupée, d’utiliser une toilette qui vous est réservée, de manger en privé, de regarder la télévision en solo, de sortir dans sa cour privée, même d’éviter une promenade en rue déserte par crainte d’être verbalisé.

Mais combien de couples, de familles ou de mères monoparentales au pays ont une chambre pour invités, une pièce inoccupée par les enfants, deux télévisions, deux salles de bain, deux tables à manger, une cour privée, l’Internet, deux lignes pour les réseaux sociaux et un chien pour promenade permise ?

Les masques à l’extérieur affadissent la vie sociale, on teste sans consentement des groupes à risque, le langage paternaliste des autorités culpabilise. Les fermetures commerciales paupérisent, notamment les propriétaires et employés des petites entreprises. Des employés au salaire minimum, des racisés, des immigrants, beaucoup de femmes. Les fermetures éducationnelles en personne découragent nos étudiants collégiaux et universitaires d’ici ou venus de l’extérieur.

La charge mentale des femmes est doublée par le télétravail, les fermetures d’écoles, le chômage du conjoint favorisant la violence conjugale. La téléconsultation médicale rend la pratique difficile et le masque nuit à la relation soignant-soigné durant la consultation en personne. Les ordonnances d’antidépresseurs ne cessent de croître. Les secours psychologiques sont dépassés.

On attend en Amérique du nord un recul historique des natalités à cause des pertes d’emploi, au moment même où il semble impératif de rajeunir la démographie québécoise dont le taux de vieillissement est un des plus élevés au Canada et même dans les pays développés.

Les politiques prennent souvent des décisions sensées mais pas toujours. Dès le 28 février 2020, l’Oms préconisait d’interrompre les chaînes de transmission, de trouver, isoler et prendre en charge chaque cas et rechercher tous les contacts. Plusieurs n’ont pas réagi à temps. Ils pensent aussi à leur popularité chez les électeurs, aux sondages, et ne révèlent pas leurs problèmes avec l’approvisionnement du matériel de protection et des tests, avec le retraçage et l’isolement obligatoire des infectés. Et on hésite à bannir les voyages de loisir à l’étranger et a surveiller de près la quarantaine des arrivants par avion.

Les autorités font des choix parmi les recommandations de la santé publique, elle-même victime des incertitudes épidémiologiques entourant le virus. La transmission d’articles scientifiques fiables aux cabinets ministériels sans accusé réception donne l’impression que cette contribution citoyenne est du temps perdu. Les campagnes de peur et les mensonges par omission ne font qu’augmenter l’anxiété de tous, diminuer la résilience et briser le contrat social.

Pas besoin de surfer longtemps avant de découvrir ici et ailleurs des mesures contraignantes de protection qualifiées de contradictoires, ratissant trop large, imprévisibles, illogiques, improvisées, mal fondées, trop hésitantes ou trop hâtives, présentées de façon infantilisante ou tronquée. Pourtant certains pays ont réussi avec la triade ‘dépistage, retraçage, isolement’ d’une minorité tout en laissant les gens sortir, écoles et commerces ouverts (Corée du Sud, Australie, Nouvelle Zélande, Taiwan).

Les informations grand public sont filtrées. On rapporte des taux de décès covidiens quotidiens sans les comparer aux décès non covidiens survenus le même jour, nous privant du taux de surmortalité virale; il ne faudrait pas que la sensibilité à l’idée de la mort occulte ces réalités. On ignore encore la validité des certificats de décès covidiens, variable selon les régions.

Le public aimerait connaître le taux des faux positifs chez les asymptomatiques avec les tests dits PCR, ce qui inquiète ceux mis en quarantaine. On diffuse peu souvent le taux de mortalité covidienne par habitant, par groupe d’âge, par ethnies, par code postal.

On comprend que nos élus actuels aient dû composer avec l’incurie des administrations précédentes mais on se demande pourquoi la province est la plus distincte en termes d’infections et de létalités covidiennes depuis le début; le 19 janvier 2021 le rapport québécois entre les décès et les cas était de 1 décès par 27 cas, celle au Canada de 1 décès par 39 cas, une différence de 44%.

Pourquoi cette distinction alors que la 2e vague était prévisible ? La délinquance citoyenne, la mauvaise gouvernance, les incertitudes scientifiques, le choix des conseillers, la hiérarchie des valeurs, l’impossibilité de la mission, l’opacité des messages, une virulence croissante, les problèmes d’approvisionnement, la contagiosité galopante, la lassitude des décideurs, un variant sournois ?

QUATRE RENDEZ-VOUS MANQUÉS

-Primo, on aurait pu confier aux médecins généralistes, en les encadrant et les outillant bien, la tâche de surveiller leur clientèle dès les premiers symptômes avec des tests valides et rapides, un questionnaire pertinent, l’auscultation et l’usage de traitements symptomatiques peu dangereux et peu coûteux même s’ils comprennent des médicaments non autorisés dans cette indication, afin qu’ils réfèrent à l’hôpital tous ceux, et seulement ceux ne pouvant être soignés en ambulatoire, pour ainsi retarder le délestage hospitalier.

Encore aurait-il fallu en premier lieu que dans la province l’accès aux médecins de famille ne soit pas si lent, si restreint et si mal réparti. Cette faille importante existait avant la pandémie.

-Secundo, depuis la pandémie on intensifie le dépistage des troubles de comportement dans les écoles américaines et canadiennes, sous l’influence des entreprises et la complicité des directeurs pédagogiques et des ministères, pour psychiatriser et médicamenter dès le jeune âge, voire en les y obligeant légalement, au risque de gâcher leur vie, alors que ces troubles résultent du manque de contacts sociaux, du télé-enseignement forcé, de la dépendance aux écrans (11), des familles dysfonctionnelles, du burn-out des « femmes à la maison », de la promiscuité dans les petits logements.

On a besoin de personnels appropriés pour appuyer les enseignants, pas de colporteurs de psychotropes. Et si le télé-enseignement au primaire et au secondaire s’est déjà avéré moins efficace chez les jeunes de familles éduquées, c’est encore pire chez les défavorisés. En plus de forcer la vision par trop d’heures d’écran et d’empirer leur sédentarisme.

-Tertio, si on doit impérativement réduire l’engorgement des soins hospitaliers et intensifs, c’est que notre système n’était pas et n’est pas encore prêt à affronter une telle pandémie, reflet d’une politique managériale centralisatrice et de restructurations néolibérales qui depuis des décennies ont dépouillé le service public d’une gouvernance efficace, a laissé tomber les Clsc (Centres locaux de santé communautaire), n’a pas obtenu l’accès généralisé aux médecins de famille tout en favorisant les spécialistes par des politiques hospitalo-centristes, et a fermé trop de postes.

Avec ce qu’ont coûté réellement les deux nouveaux centres hospitalo-universitaires de Montréal on aurait pu doter la communauté métropolitaine de plusieurs hôpitaux de moyenne dimension et de cliniques multidisciplinaires bien réparties.

-Quarto, avec une fraction des 6 types de coûts vaccinaux – subventions, précommandes, achats, distribution, inoculation et responsabilité civile – on aurait pu :
(a) diminuer les facteurs de contagiosité dans les CHSLD/EHPAD, les résidences pour aînés, chez les minorités défavorisées, dans les quartiers pauvres, dans les prisons, au travail;
(b) adapter et équiper écoles et établissements sanitaires à la nouvelle situation;
(c) établir et financer des normes de soins appropriées (gouvernance et personnels) dans les CHSLD publics;
(d) légaliser la nationalisation des CHSLD privés, dont les taux de négligence mortelle de certains ont soulevé une vague d’indignation au pays, tel que recommandé par Médecins du québec pour un régime public (Avril 2020, sur mqrp.qc.ca).

LE GRAND ESPOIR

Industries, santés publiques et gouvernements promettent la main dans la main des surplus de protection pandémique par l’annonce triomphante de 164 vaccins en essais précliniques dans les laboratoires et 48 en essais cliniques, chiffres de l’OMS en novembre 2020.

Les premiers disponibles début 2021 contiennent le plus d’inconnu – Pfizer/BioNTech et Moderna – car ils introduisent du matériel génétique synthétique dans l’intimité de nos cellules, l’ARN messager porteur de la séquence entière de la protéine de la spicule du virus dite aussi protéine S, pour que les cellules synthétisent à leur tour cette spicule qui servira d’antigène devant déclencher la formation d’anticorps spécifiques au c19 par notre système immunitaire.

Des fabricants se sont lancés dans cette voie parce qu’il est devenu plus facile de reproduire des quantités gigantesques de ces « bouts de gènes » synthétiques que d’utiliser des méthodes plus traditionnelles, la production rapide d’ADN ou d’ARN ne requérant que la séquence du matériel génétique viral.

Cet ARNm vaccinal était de 69% à 81% « intègre » dans les lots expérimentaux chez Pfizer, mais on découvrit qu’ils descendaient jusqu’à 51-52% dans les lignes de production massive des lots commerciaux alors il a fallu se réajuster à Puurs en Belgique flamande, donné comme explication des retards de distribution annoncés en janvier 2021 et affectant grandement le Canada. Les agences américaines, européennes et canadiennes du médicament sous haute pression politique ne s’inquiétèrent pas de ce problème en novembre 2020, à savoir une diminution possible de la réponse immunitaire et l’accumulation d’ARN « tronqués » dont on ignore les risques.

Pfizer a promis de retrouver un taux d’intégrité à 75% mais on attend la confirmation. Lire Lise Barnéoud dans Le Monde du 16 janvier 2021 qui s’inspire des documents secrets volés à l’Agence européenne le 20 décembre 2020 et le virologue? Bernard Dugué qui sonne l’alerte fin 2020 sur agoravox.fr.

Vaudrait-t-il mieux attendre que les premiers vaccins de type ARN messager soient suffisamment évalués pour éviter de mauvaises surprises avec un mécanisme d’action inédit chez l’humain ? La sagesse traditionnelle dit oui, l’urgence politique dit non.

Ceux qui qualifient l’introduction de matériel génétique de synthèse dans nos cellules de « viol qui les transforme en organismes génétiquement modifiés, et la population vaccinée en cobayes » vont trop loin car l’ARNm ne peut entrer dans le noyau cellulaire.

Rappelons-nous que dans tous les domaines de la médecine préventive c’est en vaccinologie que l’omerta est le plus visible, sans jeu de mots, et les données complètes des essais demeurent confidentielles comme des secrets d’État. Même les plus prestigieuses revues scientifiques s’autocensurent en vaccinologie.

Les journalistes influenceurs, tous médias confondus, savent cela et craignent de perdre leur emploi, être dénigrés ou harcelés ou menaçés de poursuite juste pour avoir osé poser des questions concernant tout nouveau vaccin breveté. Pourtant l’autocensure dans les débats scientifiques ne fait que nuire à l’éclairage des décideurs sanitaires (12).

Quant aux médecins universitaires qui publient ou diffusent des effets indésirables graves pouvant affecter les ventes d’un produit vaccinal ou non, ils savent qu’ils s’exposent à des rétorsions coûteuses comme des harcèlements, des blocages d’évolution de carrière, des congédiements, des réputations ternies, tellement les firmes sont influentes dans ces milieux. Jamais, depuis les débuts de la médecine scientifique au milieu du 20e siècle, la vaccinologie a été aussi manipulée par des intérêts politiques et commerciaux, les chercheurs indépendants aussi bâillonnés ou ignorés, les agences du médicament aussi indument asservies (13). Sous la terreur trumpienne la capture réglementaire a atteint des sommets à la FDA.

  • « Sans transparence, la confiance du public est impossible. Afin de clarifier de nombreuses questions sur ces vaccins, il faut avoir accès aux données cliniques brutes au niveau des patients par des chercheurs indépendants. Mais aucune des entreprises impliquées dans la stratégie vaccinale de l’Union européenne n’a partagé ces données avec des tiers à ce stade. Pfizer ne commencera à rendre les données disponibles que 24 mois après la fin de l’étude. La déclaration de partage de données de Moderna indique que les données ’peuvent être disponibles sur demande une fois la période d’essai terminée’. Cela veut dire entre le milieu et la fin de 2022, car un suivi est prévu sur 2 ans » (14)

Les fabricants tirent les ficelles à l’Organisation Mondiale de la Santé par fondations caritatives interposées, dans des comités d’experts sponsorisés, dans les Santés publiques sous influence et dans les cabinets de nos dirigeants dont les portes restent grandes ouvertes aux lobbyistes. Aux É.-U. des experts des Centers for Disease Control ou CDC ont des intérêts particuliers dans les entreprises vaccinales et les portes tournantes à la direction sont monnaie courante, tout comme à la FDA. Les actionnaires se réjouissent pendant que les gouvernants dépensent, légifèrent et moralisent.

La course folle entre les États pour obtenir en premier ces nouveaux vaccins fait penser à une chasse aux trésors où les plongeurs se battent pour aller ouvrir un coffre aperçu près d’une épave sans savoir si le trésor y est.

Tandis que les firmes protègent jalousement leurs brevets sans partager leurs méthodes, c’est à qui négociera en secret le meilleur prix avec des gouvernements en position de faiblesse et qui préfèrent cacher les ententes et les contrats, incluant le prix par dose, la prime de livraison et sa cédule, l’immunité juridique, la propriété intellectuelle. Des milliards sont en jeu. Avec nos taxes.

Ces fabricants refusent de partager leurs méthodes avec les concurrents afin d’accélérer le développement en temps de pandémie, même si elles en ont été substantiellement subventionnées. Elles refusent aussi, tel que suggéré par l’OMS, un accès abordable dans les pays pauvres.

On suivra les blogues du professeur de pharmacie américain Peter Doshi sur bmj.com concernant les incertitudes vaccinales et les médiocrités méthodologiques. Ne pas oublier que sans démonstration de réduction de la contagiosité, laquelle se fait attendre, un vaccin ne peut dispenser des mesures avérées utiles contre la transmission. Savoir s’entourer des meilleurs experts, indépendants et courageux, mène à des conseils mieux fondés.

Qu’en est-il de la vaccination par des produits commercialisés en urgence avant d’avoir été suffisamment étudiés ? L’objectif logique bien sûr, est d’offrir un surplus de protection. Mais quand la covid survient quand même chez des vaccinés, il ne faut pas évoquer seulement une infection préexistante ou intercurrente, il faut toujours évoquer aussi l’inefficacité. Faire connaître l’échec chez les vaccinés est un des objectifs d’une surveillance réactive, indépendante et transparente.

En cas d’effet indésirable post-vaccinal invalidant ou mortel, les fabricants jouissent d’une immunité juridique accordée servilement par l’État auprès duquel il faut soi-même quémander réparation. Le Québec se dotait en 1985 d’un programme d’indemnisation des victimes d’une vaccination sans égard à la faute mais en pratique seulement 6 523$ ont été versés entre 1988 et 2020, des poussières administrées par la Société de l’assurance automobile du Québec. Aux É.-U. le Countermeasures Injury Compensation Program a rejeté 90% des réclamations vaccinales durant la dernière décennie. Il faut prouver le lien de causalité, aller en appel, bonne chance…

Certains citoyens et soignants, dans un premier temps, refuseront l’offre vaccinale pour quatre motifs:
a) Soit par principe, ils n’aiment pas les vaccins. D’accord que certains calendriers vaccinaux dans l’enfance sont très chargés dans certaines juridictions. Chaque vaccin est un cas particulier. Plusieurs sont des grands classiques incontournables, d’autres sont bons alors que quelques uns demeurent discutables.

b) Soit empiriquement parce qu’une connaissance vaccinée a fait une grosse réaction anaphylactique et dut recevoir une injection d’adrénaline (EpiPen©), risque acceptable à condition seulement d’être rarissime et que ledit vaccin soit démontré efficace sur des critères pertinents dans une majorité des exposés à cette vaccination, ce que tous nous souhaitons mais attendons encore.

c) Soit scientifiquement, quand des soignants et des experts qui ont pris connaissance du peu de données disponibles préfèrent attendre l’achèvement de l’évaluation expérimentale et de l’observation sur le terrain. Ils ont le droit de s’exprimer sans discrimination par leur employeur ou leur ordre tout en souhaitant que l’efficacité vaccinale soit au rendez-vous. Une éventuelle obligation chez les soignants serait controversée.

d) Finalement, quelques rares refus pourraient être un message à la société : au-delà du matériel dans la vie, il y a du spirituel, et une certaine conception de la liberté consiste à pouvoir faire des choix individuels, à dire non en certaines occasions, cela nous distingue des autres créatures. Pour paraphraser Fiodor Dostoïevski dans ses « Notes d’un souterrain« , 1864, la liberté fait partie de ce « surplus d’humanité » que l’on retrouve chez l’HomoVivens de Jacques Dufresne.

Il ne faut pas démoniser ces hésitations car l’expression « Sûr et efficace » utilisée en réglementation pharmaceutique n’a jamais voulu dire « Totalement sûr et totalement efficace »; c’est plutôt une formule technocratique simpliste choyée par les industriels et reproduite par les professionnels et les médias.

Si un vaccin s’avère efficace contre l’hospitalisation, cette protection avantagera la personne et les ressources médicales ; s’il protège aussi contre la contagiosité, la citoyenneté et les ressources médicales en profiteront. Ce sera d’emblée un vaccin « égoïste » et « altruiste » selon la formule de Luc Périno (15).

Ce qu’on attend d’un vaccin est qu’il protège longtemps toutes les catégories de sujets quant à la virulence et à la contagiosité en plus d’être accessible. Nous verrons si les vaccins proposés tiennent leurs promesses; si c’est le cas tant mieux, sinon le Grand espoir pourrait se métamorphoser en Grande arnaque.

Durant la fausse pandémie H1N1 en 2009, le Québec fut champion au pays (3 fois plus) et au monde (par 5 fois) quant à sa couverture médiatique promouvant la vaccination (16). Prière de ne pas répéter cette « distinction » sans le recul nécessaire, c.a.d. sans comparer le plus tôt possible la mortalité des vaccinés à celle des non vaccinés dans les mêmes milieux.

ÉPILOGUE

Un jeune étudiant en économie et cycliste urbain fortement affecté par les confinements, m’a récemment posé trois questions déconcertantes :

a. Dans la Seconde guerre mondiale les Alliés ont sacrifié sans hésiter presque 11 millions de jeunes vies pour « sauver notre civilisation » du danger nazi et depuis la pandémie on voudrait « sacrifier notre civilisation » pour sauver des vieilles vies du danger covidien ?

b. Sauver du virus 60 vieillards malades dont l’espérance de vie est de 2 ans (120 personnes-années) a-t-il la même valeur que gâcher la vie de 2 vingtenaires dont l’espérance de vie est de 60 ans (120 personnes-années) ?

c. Une société de 8,5 millions (Qc) préfère-t-elle se faire faucher 1% de sa population (85 000) ou gâcher la qualité de vie des 99% (8 415 000) qui survivront ?

J’ai répondu spontanément à cet invincible :

Mourir intubé et seul n’est pas mon objectif de vie, et le tien non plus : aimerais-tu après avoir été heurté en vélo par un camion remorque, mourir dans l’ambulance refusée par chaque hôpital débordé de ta région ?

Une réponse longue aurait été trop compliquée.

C’est le respect des consignes qui incite à réfléchir sur les conséquences sociales et sociétales de nos réactions individuelles et collectives à la pandémie. Si c’est en temps de crise que se manifestent mieux la puissance des mondiales du vaccin, les stratégies des gouvernants et le caractère des gouvernés, c’est aussi le temps d’apprendre à en dialoguer publiquement et calmement en évitant les politiques et opinions extrêmes de nos voisins du sud. Ne sommes-nous pas déjà trop américanisés?

Chez les Gafam, Big Vaccine (dont Bill Gates) et autres Big, et au Forum économique mondial, on applaudit pendant que les PME font leur deuil et que la précarité grandissante gruge inexorablement la santé physique et mentale. Si une pandémie désigne la mondialisation d’une épidémie mortelle, l’appellation mondialisation réfère aussi à une stratégie politique; la citoyenneté doit se demander laquelle est la plus dangereuse.

Lors du postmortem pandémique on pourra comparer les pertes de vie avec les pertes de libertés, et calculer les transferts d’argent des 99% vers les 1%.

« La santé à tout prix » pourrait se transformer en « L’économie mondialisée a tout pris ».

L’examen des cendres de l’incendie covidien devrait nous en apprendre davantage sur le noir épisode que nous traversons et l’Histoire pourra nous éclairer, selon les valeurs de ceux qui l’écriront, on s’en doute.

Pr Pierre Biron
J. Claude Saint-Onge
Février 2021

Notes et sources
(1) Pierre Biron, Professeur Honoraire de pharmacologie, Faculté de médecine, Université de Montréal.
1946-52 FORMATION
1953-58 Université de Montréal, M.D.
1959-61 Résident dans le Département de médecine, service de néphrologie et recherche clinique du Pr Jacques Genest père, Hôtel-Dieu de Montréal (fondé par votre Jeanne Mance née à Langres en Haute-Marne, cofondatrice de Montréal)
1960-61 McGill University, Faculté des études supérieures, M.Sc. en Médecine expérimentale:“Role of Angiotensin in Clinical Hypertension”(Pr J.S.L. Browne & Pr Jacques Genest Sr directeurs)
1961-63 Rockefeller Institute(auj. Rockefeller University), New-York : Boursier postdoctoral (fellow) de la Fondation Rockefeller membre associé, Rockefeller Hospital for Medical Research
1963-64 Laboratoire d’enzymologie du Pr Georges Shapira, Hôpital NeckerEnfants-Malades, Université Paris-Descartes, Paris; Inscrit au cours de Statistiques médicales de Daniel Schwartz
1964-65 Chercheur invité, Entente France-Québec, Unité d’Hypertension du Pr Paul Milliez et laboratoire du Pr Philippe Meyer, Hôpital Broussais, Paris
1965-70 178 publications de recherche
L’alter-dico et ses annexes: 188 chroniques, commentaires, éditoriaux, billets et articles, et quelques livres:
« Pharmacovigilance from A to Z », Barton Cobert & Pierre Biron Malden NJ (USA): Blackwell Science;2002, 256 pages – ISBN 0632045868, 9780632045860 – (Préface par Ralph Edwards, directeur de la pharmacovigilance à l’OMS – Premier ouvrage du genre en anglais
« Practical Drug Safety from A to Z »,Barton Cobert & Pierre Biron. Boston MA (USA): Jones & Bartlett; 2009, 402 pages + CDROM – Mise jour du précédent.
Biron P, Koiw E, Nowaczynski W, Brouillet J, Genest J. The effects of intravenous infusionsof valine 5 angiotensin II and other pressor agents on urinary electrolytes and corticosteroids including aldosterone.J Clin Invest1961; 40: 338 C’est la découverte du rôle de l’axe rénine-angiotensine-aldostérone chez l’humain dans le contrôle de la tension. Mon patron Genest s’est ‘mis sur la carte’ comme on dit chez nous, avec cette recherche.
Annest JL,Sing CF,Biron P,Mongeau JG.Familial aggregation of blood pressure and weight in adoptive families. II. Estimation of the relative contributions of genetic and common environmental factors to blood pressure correlations between family members.Am J Epidemiol1979;110(4): 492-503 . Les deux premiers auteurs sont statisticiens. L’article continue d’être cité 40 ans plus tard, The Montreal Adoption Study.
Domaines de recherche:
* hypertension (rôle du système angiotensine-aldostérone; agrégation familiale de la tension: rôles de l’héritabilité et environnement) ; pharmacovigilance (enseignement; gestion d’un centre régional québécois)
(2) Jean-Claude Saint-Onge, Professeur de philosophie à la retraite, Jean-Claude St-Onge a fait ses études de philosophie à Montréal, Edmonton et Aix-en-Provence. Il a obtenu un doctorat en socio-économie de l’Université de Paris. Dernières publications:
« La condition humaine ». 5e édition, Gaëtan Morin Éditeur/Chenelière Éducation, 1997;2015. Préface d’Albert Jacquard.
« Dieu est mon copilote. La Bible, le Coran et le 11 septembre ». Éditions Écosociété, 2002.
« ADQ voie sans issue ». En collaboration avec Pierre Mouterde, . Éditions Écosociété, 2002.
« Les dérives de l’industrie de la santé. Petit abécédaire ». Éditions Écosociété, 2006.
« L’envers de la pilule. Les dessous de l’industrie pharmaceutique ». Éditions Écosociété, 2e édition 2008. (2004). Préface d’Amir Khadir.
« Tous fous ? L’influence de l’industrie pharmaceutique sur la psychiatrie ». Éditions Écosociété, 2013.
« TDAH? » Éditions Écosociété 2015.
« L’imposture néolibérale », Éditions Écosociété, 2e édition 2017, (2000).
(3) dictionnaire médical bilingue critique et engagé
(4) Drugs for Life. Durham, Caroline du Nord : Duke University Press; 2012
(5) Prescribing by Numbers, Jeremy Greene, Johns Hopkins University Press, 2007
(6)The Canadian Rx Atlas, 3rd Edition
(7) Conseil du prix des médicament brevetés au Canada et Revue Prescrire en France
(8) Bernard Bégaud, La France malade du médicament; 2020
(9) revue Prescrire 2020;40(441): 554; 557
(10) Uffe Ravnskov, sur THINKS.org
(11) Elia Abi-Jaoude, CMAJ 2020;192(6) : E136
(12) Jeanne Lenzer & Shannon Brownlee, Scientific American, 30 novembre 2020
(13) Éditorial, BMJ 2020; 371: m4425
(14) NoGracias.org, 19 janvier 2021
(15) Médecine 2018;14(2):56
(16) influencecommunication.ca, Bilan 2009

Première version de ce texte: L’Agora (agora.qc.ca), Janvier 2021 – Cui-cui #3 : La santé à tout prix ?
Seconde version: L’Agora, Janvier 2021 – Cui-cui #4 : La santé à tout prix ? Prise 2

Le cadeau du  jour, ALTER DICTIONNAIRE MÉDICO-PHARMACEUTIQUE ANGLAIS-FRANÇAIS

Pour promouvoir l’analyse critique de l’univers médico-pharmaceutique en francophonie, sensibiliser aux questions de pharmacologie sociale et aux maladies médicamenteuses, métamorphoser l’attitude des soignants et des communicateurs envers le médicament et ses promoteurs et, enfin, promouvoir le maintien de la langue française fragilisée en science par la mondialisation de l’anglais, car la meilleure langue pour apprendre, s’exprimer et enseigner demeure sa langue maternelle.
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Un abécédaire anglais-français évolutif engagé en toute indépendance à documenter la surmédicalisation, les conflits d’intérêts des acteurs du médicament (la ‘pharma-co-dépendance’) et la privatisation corruptrice du savoir pharmaco-thérapeutique. Le produit d’une veille documentaire quotidienne, mise à jour de 2011 à aujourd’hui. Pour journalistes d’enquête, auteurs, victimes de médicaments ordonnancés, formateurs médicaux, traducteurs médicaux débutants, doctorants en pharmacologie, et pour tous les observateurs bilingues de la scène médico-pharmaceutique cherchant à comprendre la terminologie des scientifiques et celle des relationnistes, et décrypter les discours des acteurs du médicament en lisant entre leurs lignes.

Projet sans but lucratif, sciemment partial en faveur du bien commun, contenant plus de 2 mille articles dans le document principal axé surtout sur la traduction et des milliers d’autres dans les annexes axées surtout sur la dénonciation. Merci de l’utiliser sans modération, à diffuser aux collègues en raison de vos convictions. En pardonnant les nombreuses coquilles et erreurs par distraction.

Lire aussi les annexes : Autorisations et usages inappropriés ; Documentation ; Dysfonctions et conflits d’intérêts ; Histoires édifiantes ; Psychotropes ; Statinisation ; Surmédicalisation ; Vaccinologie

Merci infiniment à Jacques Dufresne, hébergeur indéfectible de ces textes:

Pierre Biron

Montréal

Février 2021

Auteur de l’article : La rédaction de l’AIMSIB

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10 Commentaires

  1. hub37 sur 13 février 2021 à 20 h 15 minDésolé mais je n’approuve pas le 1er paragraphe.Perdu ma vie pro à de la PRÉVENTION PREMIÈRE (suppression des expositions) des cancers pros. J’insiste car les patrons et leur glacis protecteur la dénigrent en l’appelant « prévention primaire » (évidemment : de la part de ceux qui « braient comme des ânes rouges »).Me suis donc farci à mes frais (tous les autres étaient envoyés par leur organisme) 4 congrès à l’étranger sur ce thème. J’y rencontrai des Canadiennes (vigoureuses intellectuellement et bien sympathiques) des nuées de mutualistes effarouchées, etc, mais ne vis ni n’entendis un seul médecin, vous m’entendez, intéressé réellement par de la prévention.Depuis, je vous avoue penser que c’est un coup du paiement à l’acte.Réponse
  2. Pierre Biron sur 14 février 2021 à 4 h 17 minBonjour hub37Deux mises au point:a) Nous ne faisons pas référence à la médecine du travail, fort utile quand les employés sont bien appuyés par leur syndicat et par des médecins « indépendants » pour ne pas dire honnêtesb) Lire mon billet dans un quotidien montréalais sur la prescription distincte au Québec. Si l’URL ci-dessous ne fonctionne pas, googler « biron le devoir prescription distincte ».C’est bien plus facile en médecine de ville de prescrire une statine à des bien-portants que de traiter des vrais malades poly-morbides et poly-médicamentés, des psychotiques ou des déprimés qui ont besoin de plus de 10 min de consultation… Eh oui, nous avons le paiement à l’acte.https://www.ledevoir.com/opinion/idees/534378/medicaments-une-prescription-distincte-dont-on-pourrait-bien-se-passerUne question pour vous: croyez-vous que les congrès, autrement que pour de belles rencontres à l’étranger, sont très utiles en formation continue, quand on regarde qui les organise, qui les finance, qui choisit les conférenciers, qui choisit les sujets traités ?CordialementRéponse
    • hub37 sur 14 février 2021 à 18 h 48 minCher Docteur Biron,Très honoré et assez confus de ce que vous m’ayez répondu, je ne voudrais pas vous voler plus de temps mais :
      Bravo, vraiment, pour votre article « déprescripteur » : en France, les ordonnances s’allongent considérablement avec l’âge au lieu de raccourcir (devant une plus grande fragilité aux toxiques).
      Ici, mes affectionnés médecins (ils m’ont sauvé plusieurs fois la vie) sont tellement pris par le temps [numerus clausus (de Giscard) idiot : il ne fait qu’aggraver les pathologies et creuse donc au contraire le déficit chronique de la Sécurité sociale] que, par élémentaire délicatesse, on s’abstient d’échanger sur autre chose que sa maladie.
      Sur les congrès « préventeurs », j’étais encore dupe après 10 ans de prévention PREMIÈRE (suppression des expositions TOXIQUES) au moment où je commençais à faire reculer l’adversaire. Merci de votre mise en garde, assez définitive.
      J’y ai néanmoins rencontré les jeunes découvreurs québequois du burn-out et porté fièrement leur tee-shirt jusqu’à usure complète.
      Il s’y trouve très peu de médecins du travail (c’est vous qui en parlez) français. Par une entourloupette de la grande Zora du « Vive le Québec libre ! », ils sont rétribués (ou licenciés…) par l’employeur qu’ils sont censés cornaquer, ce qui leur fait déclarer 5 fois moins de maladies professionnelles que les médecins généralistes…
      Je me souviens encore de la très grande utilité pour moi (car contre eux) des fichiers canadiens de toxiques.
      J’aime aussi beaucoup le Canada (la photo d’une carte postale d’un oncle qui y travaillait sur le barrage de Sherbrooke m’avait littéralement projeté dans les livres de Fenimore Cooper) bien qu’il soit premier producteur d’amiante et ait donc attaqué mon fichu pays lorsque ce dernier se résolut enfin à interdire l’amiante suite à la mort par mésothéliome de 5 profs de la ville de Gérardmer.Je vous prie d’agréer, cher Docteur, l’expression de ma considération très distinguée.Réponse
      • Jengi sur 14 février 2021 à 19 h 16 minJe dois avouer que, parce que je suis chimiste, je n’ai touché à aucun « médicament » pondéral depuis plus de 50 ans, soit depuis que j’ai intégré l’ENS.
  3. Brigitte Fau sur 14 février 2021 à 12 h 19 minBienvenue Messieurs.
    J’aime vraiment particulièrement la première partie de ces réflexions communes.
    Merci pour cette réflexion de fond sur notre société, vous posez les bases pour une remise en question à venir et surtout une remise en cause inévitable des pressions exercées sur nous tous.
    Concernant la deuxième partie, les habitués de l’AIMSIB connaissent ma vision très divergente : Je pense que les scientifiques ont été trompés depuis tellement longtemps, qu’ils raisonnent sur des bases fausses et n’arrivent pas à prendre le recul indispensable qui change tout de la vision de la maladie et du rôle des « microbes », qui loin d’être nos ennemis, sont les constituants de toute vie végétale et animale.
    Des études de rare qualité leur ont été cachés (on se doute de la raison) et il devient indispensable d’en prendre connaissance, ne serait-ce que pour se faire une opinion.
    Je vous renvoie vers l’article publié par l’AIMSIB : https://www.aimsib.org/2019/03/10/et-si-notre-organisme-netait-pas-du-tout-sterile-un-siecle-derreurs-scientifiques/
    et cette réflexion que j’ai postée sur mon site : https://www.bonnes-habitudes.fr/2021/01/17/une-médecine-barbare/Réponse
  4. Bernard sur 14 février 2021 à 18 h 44 min« jusqu’à suggérer (le 2 septembre 2020) la masturbation comme activité plus sécuritaire en temps de pandémie » écrivez-vous ! Mais cela n’a rien de surprenant ! L’Organisation Mondiale de la Santé ne préconise-t-elle pas déjà de sensibiliser les enfants de 0 à 4 ans à la « masturbation » et à l’ »identité de genre » ? Dans la tranche d’âge 4-6 ans, les éducateurs sont invités à « fournir des informations sur les relations homosexuelles » et à « aider les enfants à développer le respect des différentes normes concernant la sexualité ».
    https://www.nouvelordremondial.cc/wp-content/uploads/2020/04/oms-enfants-2.jpg
    L’OMS ne nous dit pas ce qu’un prof doit faire si un jeune élève demande une démonstration pour comprendre !
    « Les standards d’éducation sexuelle voulus par l’OMS pour les enfants » expliqués par Me Jerzy Kwaśniewski le 10 février 2020 à Cracovie :
    https://www.youtube.com/watch?v=Su3ucEAeEVY
    Cela dit, les consignes de l’OMS ne semblent toujours pas appliquées car le 5 février 2021, dans un établissement scolaire de Géorgie, aux États-Unis, et devant 19 élèves âgés de 7 à 8 ans, une institutrice s’est mise à se masturber. Elle a été arrêtée et placée en garde à vue.
    https://www.7sur7.be/faits-divers/une-institutrice-se-masturbe-devant-ses-eleves-de-7-ans-et-diffuse-la-video-sur-internet~a86a7af1/Sans doute faut-il encore plus de mondialisme pour supprimer les résistances. En France, malgré un Ordre des médecins dictatorial, quelques professionnels ne se laissent pas faire. Le dernier en date, le Dr Gérard Maudrux. Il sait pourtant que si un jour l’Ivermectine devient le médicament contre le Sars-Cov-2, ce sont des milliards et des milliards de pertes pour l’industrie pharmaceutique mondiale. Avec de telles sommes en jeu, toutes les personnes en conflit d’intérêt feront tout pour que cela n’arrive pas.
    https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/livermectine-victime-dattaques-malhonnetesRéponse
  5. Escudier-Donnadieu Pierre sur 15 février 2021 à 8 h 29 minBonjour, et merci pour ce « vade mecum » intéressant, subtil, et enrichissant !!!…..Tout ça c’est bien joli, mais, et la Nature, dans tout ça ???…..Va-t-on se laisser « bouffer » par ces « manipulateurs » professionnels, qui profitentsans vergogne, des faiblesses d’une grande partie de l’humanité ???…..Pauvre monde en déshérence !!!…..Réponse
  6. Bernard Guennebaud sur 15 février 2021 à 12 h 46 minVous faites allusion à l’hypertension artérielle (HTA) dont les limites fondent comme neige au soleil. Remontons en 1990 pour trouver les normes OMS à ce sujet.Pour l’homme on part de l’âge, 40 ans par ex, on ajoute 100 pour obtenir 140, valeur maximale de la tension systolique à cet âge (ou 14 dans une autre unité). Pour la tension diastolique on divise par 2 soit 70 dans l’ex et on ajoute 10 soit 80 (ou 8). La norme pour les maximales avant de parler hypertension est 14/8 pour l’homme de 40 ans. A 80 ans c’était donc 180 et 90+10 soit 100 ou 18/10.Pour la femme on ajoute 90 au lieu d’ajouter 100 soit pour 40 ans, 130 d’une part. Puis on divise par 2 et on ajoute 10 soit 75 ou 13,5/7,5. Pour 80 ans cela donnait 170 et 95 ou 17,5/9,5.Aujourd’hui les nouvelles normes sont 140/90 pour une mesure en cabinet et 135/85 en automesure., voire si une seule des 2 bornes dépasse la limite fixée. On constate que l’âge et le sexe ne sont plus pris en compte dans le calcul de ces limites alors que la tension croit avec l’âge en raison du durcissement des artères. En réduisant cette tension par des médicaments sans assouplir les artères, le coeur ne battra plus assez fort avec comme conséquences d’une part un manque d’énergie et d’autre part un risque d’étourdissements aux changements rapides de position comme au lever. Si la personne âgée chute et qu’elle se casse le col du fémur elle pourrait en mourir dans les mois qui suivent. C’est un classique.Réponse
  7. njama sur 15 février 2021 à 19 h 18 minExcellent article, grand Merci chers Amis_si_bien canadiens, je ne vous connaissais pas mais je vous aime déjà. Bienvenue sur ce site
    Article un peu fleuve, ou au long cours, tant il amène de questions, tant il ramène à des questionnements qui restaient en suspens…, le plus souvent prudemment je pense pour ne pas parler trop vite, ou faute d’y voir plus loin par manque de connaissances… et qui donne à penser que chacun peut contribuer à son niveau, fut-il modeste, à démêler ce nœud qui pourrait paraître à première vue gordien (inextricable), mais qui ne doit pas tant l’être, au moins à ce stade, car les fraudes commencent à être dénoncées ici ou là.
    Votre article est une maïeutique tant il porte l’empreinte subtile d’une maïeutique…Votre article me renvoie en arrière à celui d’un visionnaire que vous citez d’ailleurs, Ivan Illich, un lanceur d’alerte avant l’heure, publié en 1999 dans le Monde Diplomatique :
    « UN FACTEUR PATHOGÈNE PRÉDOMINANT, L’obsession de la santé parfaite » que tout médecin, étudiant en sciences médicales ou paramédicales devrait au moins lire une fois.J’espère que cela ne posera pas de problème de publication à l’Aimsib que je me permette d’en citer un court extrait en adéquation avec l’article, ni au « Monde Diplo » (comme l’appellent familièrement ses lecteurs passionnés) qu’on ne saurait remercier pour ses qualités journalistiques, surtout par ces temps invraisemblables de censure des médias qui édulcorent tout ce qui ne va pas dans leur sens, pour, à bon compte et sans rigueur professionnelle décrédibiliser toute controverse.
    Je cite, et le lien pour qui voudrait lire l’ensemble :« Et voici ma thèse : vers le milieu du XXe siècle, ce qu’implique la notion d’une « recherche de la santé » avait un sens tout autre que de nos jours. Selon la notion qui s’affirme aujourd’hui, l’être humain qui a besoin de santé est considéré comme un sous-système de la biosphère, un système immunitaire qu’il faut contrôler, régler, optimiser, comme « une vie ». Il n’est plus question de mettre en lumière ce que constitue l’expérience « d’être vivant ». Par sa réduction à une vie, le sujet tombe dans un vide qui l’étouffe. Pour parler de la santé en 1999, il faut comprendre la recherche de la santé comme l’inverse de celle du salut, il faut la comprendre comme une liturgie sociétaire au service d’une idole qui éteint le sujet.En 1974, j’ai écrit la Némésis médicale (5). Cependant, je n’avais pas choisi la médecine comme thème, mais comme exemple. Avec ce livre, je voulais poursuivre un discours déjà commencé sur les institutions modernes en tant que cérémonies créatrices de mythes, de liturgies sociales célébrant des certitudes. Ainsi j’avais examiné l’école (6), les transports et le logement pour comprendre leurs fonctions latentes et inéluctables : ce qu’ils proclament plutôt que ce qu’ils produisent : le mythe d’Homo educandus, le mythe d’Homo transportandus, enfin celui de l’homme encastré.J’ai choisi la médecine comme exemple pour illustrer des niveaux distincts de la contre-productivité caractéristique de toutes les institutions de l’après-guerre, de leur paradoxe technique, social et culturel : sur le plan technique, la synergie thérapeutique qui produit de nouvelles maladies ; sur le plan social, le déracinement opéré par le diagnostic qui hante le malade, l’idiot, le vieillard et, de même, celui qui s’éteint lentement. Et, avant tout, sur le plan culturel, la promesse du progrès conduit au refus de la condition humaine et au dégoût de l’art de souffrir.Je commençais Némésis médicale par ces mots : « L’entreprise médicale menace la santé. »…
    https://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/ILLICH/2855Bonne lecture

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