Levothyrox : des nanoparticules de métal dans la nouvelle formule ?
Alors que le ministère recevait ce mercredi les patients, une association assure que le médicament controversé de la thyroïde contient des métaux lourds. Le laboratoire a aussitôt démenti, mais des questions subsistent.
Dans le sous-sol du café parisien où les patients se préparaient ce mercredi matin à manifester, dix énormes caisses en plastique transparent. A l’intérieur, 1 800 nouvelles plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui, blessure involontaire, tromperie aggravée » qui vont s’ajouter aux 1 200 autres déjà déposées au pénal. Le ton était donné d’une journée marathon, faite de deux rassemblements de malades, d’une conférence « animée », de quatre heures de réunion « houleuses » au ministère, d’affirmations, de démentis et de démentis de démentis !
Un an après sa mise sur le marché, le Levothyrox nouvelle formule a encore échauffé les esprits ce mercredi, alors que se tenait au ministère de la Santé un quatrième comité de suivi du médicament controversé de la thyroïde. Lors d’une conférence de presse, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a assuré avoir mené auprès de « laboratoires indépendants » des analyses de comprimés de « Levo ».
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Elles « ont permis de relever dans la nouvelle formule des nanoparticules et notamment des alliages fer-chrome, chrome-nickel, fer-chrome-silicium et ferrochrome-aluminium alors qu’on ne décèle que quelques débris d’acier dans l’ancienne formule », explique pour l’AFMT le docteur Jacques Guillet. « On ne peut pas dire qu’il y a danger, reprend-il, mais le fait est qu’il n’y en avait pas avant. On sait que le nickel peut notamment provoquer des allergies. »
« Il reste des questions, des doutes »
Il n’aura fallu que quelques heures pour faire bondir le laboratoire : « Merck dénonce un climat délétère, entretenu par certaines associations, de nature à inquiéter les patients avec de prétendues révélations. […] Nous démentons formellement la présence de nanoparticules ou de n’importe quel débris d’acier », tonne le laboratoire, parlant de contre-vérité.
Un peu plus tard, c’était au tour du gendarme du médicament, l’ANSM, de préciser avoir réalisé « plusieurs contrôles du Levothyroxqui ont confirmé sa bonne qualité ». Mais cela n’a pas empêché une réunion « tendue » au ministère où il a été annoncé que 15,5 % des patients sont passés ces trois derniers mois à une alternative au « Levo ».
« C’était houleux, mais on a pu dire beaucoup des choses que nous avions sur le cœur », relate Beate Bartès, la présidente de Vivre sans Thyroïde (VST), une autre association de patients. « Il reste des questions, des doutes. Cette histoire de nanoparticules démontre bien une chose : les analyses poussées que nous demandons tous sont plus que jamais nécessaires ».
Le numéro vert mis en place par les autorités est toujours accessible, du lundi au vendredi, de 9 heures à 19 heures, au 0800.97.16.53.