La commercialisation de la nouvelle formule du médicament thyroïdien Levothyrox suscite beaucoup de réactions en France, en raison des effets secondaires très pénalisants chez certains patients. L’Algérie est, comme assuré par le corps médical, n’est pas concernée par cette nouvelle formule. La cellule de communication du ministère de la santé avait expliqué au quotidien « Horizon » que « la nouvelle formule concerne seulement le marché français. Pour le marché algérien, le laboratoire allemand Merck n’a pas introduit de modifications ». Pourtant beaucoup de malades ne cachent pas leur inquiétude.
La Rédaction Digitale de « Liberté » (#RDL) a approché le pharmacien Farès Boudjedir pour expliquer aux lecteurs les raisons de la modification de la formule de « Levothyrox ».
[Entretien réalisé par Imène AMOKRANE]
Rédaction Digitale de « Liberté » (#RDL) :Y aurait-il un risque que l’Algérie « adopte » la nouvelle formule de Levothyrox?
Farès BOUDJEDIR : Il n y a aucun risque que l’Algérie l’adopte et ce parce que les labos et l’autorité sanitaire sont tenus à respecter la réglementation définie par l’OMS et l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).
Les lots commercialisés en Algérie ne sont pas concernés par la nouvelle formule, car notre approvisionnement est en quantité suffisante de l’ancienne formule, et ce avant même que le laboratoire « Merk » procède à la commercialisation de sa nouvelle formule.
Pourquoi la formule de ce médicament a été modifiée ? Est-ce que c’est parce l’ancienne formule ne répond plus au traitement de l’hypothyroïdie?
Je n’ai pas de réponse concrète, mais je pense que les laboratoires ont eu recours à changer la formulation pour deux raisons essentielles. La première serait pour produire un médicament à moindre coût, en utilisant des matières moins chères. D’ailleurs, ces matières doivent être inertes par rapport à la substance active, et par rapport à l’organisme du malade, c’est-à-dire qu’il ne doit y avoir aucun changement de l’activité thérapeutique du médicament.
On change la formulation aussi pour des raisons thérapeutiques, dont l’augmentation de l’effet thérapeutique, et l’amélioration du rapport bénéfice risque, etc.
Apparemment, dans le cas de la nouvelle formule de Levothyrox, ils n’ont pas respecté la condition d’inertie des excipients vis-à-vis de l’organisme, ainsi que par rapport au principe actif lui-même qui est la Levothyroxine, hormone thyroïdienne de synthèse.
Il est à rappeler que le Levothyrox ne traite pas uniquement l’hypothyroïdie, il est prescrit aussi pour traiter l’hyperthyroïdie en l’administrant à forte dose, ça agit en bloquant l’activité de la thyroïde par rétrocontrôle négatif au niveau du l’hypothalamus.
Existe-t-il d’autres médicaments qui peuvent remplacer Levothyrox ?
Il existe dans le monde beaucoup de génériques ayant la même formulation, voire avec de nouvelles formulations, qui peuvent substituer le Levothyrox, tout en préservant le même effet thérapeutique. Je précise que ce problème concerne la levothyroxine du laboratoire « Merck Serono » seulements et non pas d’autre labos génériqueurs.
Sinon, pensez-vous que la nouvelle formule de Levothyrox serait réellement dangereuse ?
Je ne peux que me fier aux personnels de la santé, médecin et pharmaciens exerçant qui ont bien accompli leur devoirs en rapportant toutes les informations concernant les effets des médicaments chez leurs patients, en les transmettant aux autorités compétentes.
C’est d’ailleurs ce qu’on appelle la pharmacovigilance, c’est à dire surveiller le médicament pendant toute la durée de commercialisation et de consommation afin de déceler tout effet indésirable qui n’est pas apparu dans les essais cliniques et pré-cliniques.
Imène AMOKRANE