Levothyrox : que sont devenus les patients ? LIMOGES

 

Levothyrox : que sont devenus les patients ?

Une des alternatives (venue d’Allemagne) au Levothyrox © Daniel GOBEROT

Lancée en mars 2017, la nouvelle formule du médicament destiné à traiter les problèmes de thyroïde a provoqué une crise phénoménale. Plusieurs mois après, en Limousin, les patients se débrouillent comme ils peuvent.

La crise autour du Levothyrox aurait touché 0,75 % des 2,3 millions de patients français qui prennent quotidiennement la molécule. Une minorité, mais qui équivaut quand même à 17.300 déclarations d’effets indésirables recensées par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en novembre et ne minimise en rien la souffrance des malades. Où en sont-ils aujourd’hui ? Témoignages en Limousin, alors que dans la zone police de Limoges, sept plaintes ont été déposées.

Nadine Ferrière, 54 ans

« J’ai renoncé à mon action en référé pour obtenir la disponibilité de boîtes de l’ancienne formule en pharmacie sur Limoges. Cette démarche a en effet échoué à Saint-Gaudens et Toulouse. Mais j’ai déposé officiellement plainte contre X au commissariat de Limoges, le 7 février, comme victime du changement de formule, notamment pour « tromperie sur la nature, la qualité, l’origine ou la quantité d’une marchandise » ; « blessure involontaire avec ITT inférieure ou égale trois mois » et « administration inhabituelle de substances nuisibles à personne vulnérable suivie d’une incapacité supérieure à huit jours. Pour l’instant, j’arrive à me fournir en Allemagne par Internet. Je vais mieux mais j’ai encore des désagréments [dans notre édition du 23 septembre, Nadine Ferrière confiait « ne plus dormir du tout », avoir « des crises de larmes, de panique », « devenir dingue »]. »

Sylviane, 56 ans

« Quand j’ai pris le nouveau Levothyrox, je suis restée trois mois dans un état déplorable, je manquais tellement d’énergie que je ne pouvais même plus marcher. En octobre, j’ai réussi à obtenir une boîte de l’ancienne formule venue d’Allemagne : de l’Euthyrox. En huit jours, mon état est redevenu normal. Ma boîte s’est terminée en janvier et cette fois-ci, j’ai récupéré de l’Eutirox, d’Espagne. Problème, alors que c’est le même médicament, cela m’a rendue malade : crampes, fatigue… Grâce à un collègue, dont le beau-frère vit en Allemagne, j’ai de nouveau pu obtenir de l’Euthyrox le 13 février. J’ai de quoi tenir six mois, mais après, je deviens quoi puisque le laboratoire va cesser de fabriquer l’ancienne formulation ? Je veux être écoutée.

On nous parle désormais de capsules molles à base de levothyroxine qui n’auraient qu’un seul excipient. Très bien, mais il coûte 9 € par mois, non remboursés, au lieu de 2 € pour le Levothyrox. Ce n’est peut-être pas énorme, mais ça me révolte et puis rien ne garantit qu’il ne va pas falloir encore régler le dosage et s’adapter. Je passe pour une dépressive, qui se fait des idées ? Je dis ce que je ressens, je suis juste en colère, j’ai le sentiment qu’on nous a oubliés… On multiplie les alternatives, sans nous proposer le Levothyrox originel : pourquoi ? Je lance un appel au secours. J’ai heureusement une endocrinologue à l’écoute. »

Jeanine, 84 ans

« Je suis sous L-Thyroxin Henning depuis décembre, mais rien n’est vraiment réglé. Parfois, il en manque en pharmacie. Quand j’étais sous la nouvelle formule du Levothyrox, j’étais très énervée, agressive même : ça s’est arrangé de ce côté-là. Mais avec le L-Thyroxin Henning, j’ai pas mal de bouffées de chaleur que je n’avais pas auparavant. Certes, je souffre d’autres pathologies, mais c’est compliqué et ces changements m’ont beaucoup perturbée… J’attends les derniers résultats de mes analyses. Quant à l’avenir, comme la solution actuelle n’est que momentanée, je ne suis pas sereine… »

 

Hélène Pommier

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