Le groupe Glaxosmithkline accusé de corruption en Chine
Dix-huit personnes au moins ont été récemment arrêtées en Chine dans l’enquête sur le scandale de corruption qui touche le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline, accusé d’avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires et médecins chinois via des agences de voyage pendant six ans. La police chinoise avait déjà annoncé mi-juillet le placement en détention de quatre membres de la direction chinoise de GSK. /Photo prise le 12 juillet 2013/REUTERS/Aly Song (C) REUTERS
par Michael Martina
PEKIN/LONDRES (Reuters) – GlaxoSmithKline (GSK) a versé des pots de vin à des fonctionnaires et des médecins chinois via des agences de voyages et de conseil pendant six ans pour gonfler ses volumes et ses prix de vente en Chine, ont annoncé lundi les autorités.
Quatre membres de la direction chinoise du groupe pharmaceutique britannique ont été arrêtés, a précisé à la presse Gao Feng, chef de l’unité de répression des crimes économiques au ministère de la Sécurité publique.
Depuis 2007 le groupe a, selon lui, versé jusqu’à trois milliards de yuans (375 millions d’euros) à 700 agences de voyages et de conseils. Il n’a pas précisé la part de ces dépenses utilisées en pots-de-vin.
« Nous avons des raisons suffisantes de soupçonner que ces transferts ont été réalisés illégalement. On pourrait dire que les agences de voyages et GSK étaient complices », a-t-il poursuivi, faisant état sans plus de détail de cas de « corruption sexuelle ».
Les autorités chinoises ont indiqué la semaine dernière que des dirigeants de GSK basés en Chine avaient avoué s’être rendus coupables de corruption et de fraude fiscale.
Personne n’était immédiatement disponible chez GSK pour commenter cette information. La société avait indiqué auparavant n’avoir trouvé aucune preuve de corruption en Chine, tout en ajoutant qu’elle était disposée à collaborer avec les autorités chinoises. Elle dit n’avoir été informée de l’enquête qu’au début du mois de juin.
La police chinoise a précisé qu’aucune action n’avait été engagée contre des ressortissants britanniques et qu’elle n’avait aucune information en provenance du siège de GSK.
En Chine, le groupe britannique commercialise essentiellement des vaccins, des médicaments contre les maladies pulmonaires ainsi que des traitements contre le cancer.
Le Quotidien du Peuple, organe de presse du Parti communiste chinois, rapporte pour sa part que GSK avait collaboré avec des agences de voyage pour verser ces pots-de-vin en organisant de faux « services de conférence » qui entraient dans ses dépenses.
SANS DOUTE RECONNUS COUPABLES
Cité par l’agence Chine nouvelle, le vice-président de GSK Chine, qui fait partie des quatre personnes arrêtées, a déclaré que des médicaments d’un coût de fabrication de 30 yuans (3,70 euros) pouvaient être vendus dix fois plus chers à des patients.
Selon les experts juridiques, le fait que la police ait dévoilé autant d’informations pendant l’enquête signifie que les responsables arrêtés seront sans doute reconnus coupables.
GSK est la plus importante société à faire l’objet d’une enquête pour corruption depuis l’emprisonnement de quatre dirigeants du géant minier Rio Tinto en mars 2010, accusés d’avoir accepté des pots de vin et volé des secrets commerciaux.
Dans le cas de Rio Tinto, les quatre dirigeants – un citoyen australien né en Chine et trois Chinois – ont été condamnés à des peines de prison allant de sept à 14 ans après avoir été reconnus coupables d’avoir obtenu des informations issues de réunions stratégiques confidentielles de l’association représentant l’industrie de l’acier dans les négociations avec les fournisseurs de minerai de fer.
La Chine cible les sociétés étrangères sur plusieurs fronts depuis quelques mois – que ce soit pour manipulation de prix, problèmes de contrôle de qualité ou de droits des consommateurs – contraignent ces groupes à défendre leur réputation dans un pays où les marques internationales sont mieux considérées que leurs concurrents locaux.
Les groupes alimentaires Nestlé et Danone ont annoncé la semaine dernière avoir réduit les prix de leurs produits laitiers infantiles en Chine à la suite de l’ouverture par Pékin d’une enquête pour entrave à la concurrence dans le secteur.
Jean-Philippe Lefief, Hélène Duvigneau et Juliette Rouillon, pour le service français