Ma Thyroïde et Moi (Dr. Jean-Marc COMAS)
Un volume 14,8 x 21 sous couverture pelliculée – 112 pages ISBN 2-908502-28-3. Auteur de nombreuses publications scientifiques de haut niveau, il est attaché d’Endocrinologie au CHU de Limoges, et préside une association d’aide aux diabétiques. Editions IPRÉDIS UN BON CLASSIQUE DU DOCTEUR COMAS POUR MIEUX COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DE VOTRE THYROÏDE Voyage au centre de l’action des hormones thyroïdiennes Docteur Jean Marc Comas Tous autant que nous sommes, traités ou pas, par hormones thyroïdiennes, opérés ou non, nous dépendons comme des esclaves, des multiples serrures hormonales de notre corps. Parmi ces ‘serrures’, les récepteurs thyroïdiens (RT) sont les plus largement répandus. Je vais essayer de traduire simplement un fonctionnement pour le moins complexe. Comme vous le savez, la thyroïde synthétise la T4 et la T3. Jusqu’à présent, nous avions la notion que l’hormone thyroïdienne active est la T3 et que la T4 n’est utile qu’après sa conversion en T3. C’est toujours la réalité lorsqu’on fait référence aux actions passant par le noyau de la cellule. La T3 traverse la membrane de la cellule et vient se fixer sur un point d’ancrage prédéfini du noyau que l’on appelle récepteur. Deux gènes dans notre corps vont être responsable de la fabrication de ces récepteurs. Il y aura des récepteurs qui engendreront une action spécifique pour notre corps et d’autres qui seront destinés à moduler cette action. Ces différents récepteurs sont appelés des isoformes. Ce mécanisme de régulation est très complexe et non encore totalement élucidé.. Depuis peu de temps, on a découvert que les hormones thyroïdiennes peuvent exercer de nombreuses activités sans passer par le noyau de la cellule. En dehors encore une fois de l’effet de la T3, on retrouve un intérêt pour la T4 qui n’a alors pas besoin de se transformer en T3. L’hormone se fixe sur la membrane des cellules ou à l’intérieur sur des organites comme par exemple la mitochondrie qui est un véritable poumon microscopique. On le comprend aisément, la recherche sur les RT ne peut être effectuée facilement chez l’homme. Les rongeurs constituent l’essentiel des modèles animaux qui vont contribuer à l’avancée de la compréhension des problèmes thyroïdiens chez l’homme. On s’aperçoit ainsi que les isoformes des RT ne sont pas répartis de la même manière dans tous les organes. Ainsi par exemple, la température corporelle est régulée par l’isoforme TRa1, les muscles du squelette et le cœur par le TRa1, le contrôle sur l’hypothalamus et l’hypophyse par le TRb2, etc… Imaginez le jour où nous aurons la possibilité de faire de la sorte l’analyse corporelle de chaque individu et où cela conduira à la fabrication de médications ‘intelligentes’ dont j’avais parlé dans mon livre. Il existe chez l’homme un modèle inné d’anomalie des récepteurs thyroïdiens : la résistance aux hormones thyroïdiennes. Il s’agit d’une maladie familiale, autosomique dominante, c’est à dire non liée au sexe et qui a 50% de risque d’être transmise. Il y en a 700 cas décrits dans la littérature internationale mais sa fréquence est probablement sous-estimée (plus justement 1 cas sur 50000 naissances vivantes). Sur le plan général, cette maladie peu rester longtemps sans signe clinique mais elle s’exprime souvent de manière à brouiller les pistes ! certaines parties du corps vont fonctionner comme en hyperthyroïdie et d’autres comme une hypothyroïdie. Sur le plan biologique, le profil est particulier puisque la T4 libre est élevée mais que de manière inadaptée, la TSH est normale ou augmentée… Vous comprendrez donc que le diagnostic et le traitement soient délicats. Chez l’humain, on décrit des anomalies acquises des RT. Tout le monde connaît l’amiodarone (Cordaroneâ) qui est le traitement parfois vital de certains troubles cardiaques mais qui s’accompagne trop souvent de perturbations thyroïdiennes. Bonne nouvelle de ce côté là, puisqu’un cousin moins agressif de cette molécule est en cours d’essai chez l’homme. Enfin, saviez vous que des récepteurs aux hormones thyroïdiennes ont été retrouvés à une plus grande fréquence dans certains cancers : estomac, papillaire de la thyroïde, nasopharynx, foie, sein… Attention, cela ne signifie pas que les personnes ayant des problèmes thyroïdiens sont à risque de ces cancers. Ces constatations vont permettre à la recherche de savoir si on peut utiliser le piste des récepteurs des hormones thyroïdiennes pour développer des médicaments actifs sur ces cancers. Comme vous le constatez, si l’on s’en réfère à l’échelle de l’évolution de l’humanité, nous en sommes à peine au stade d’homo habilis. Mais que d’espoirs si l’association se mobilise pour que les projets qui sont prioritaires débouchent rapidement sur des progrès concrets.