Complément d’enquête ». PFAS : la grande intox de l’industrie

Publié le 16/01/2025 17:40Mis à jour le 17/01/2025 09:15

Temps de lecture : 6min – vidéo : 75min

Article rédigé parFrance 2

France Télévisions

Complément d’enquête

France 2

Le magazine dévoile une enquête collaborative sur le coût de la décontamination du continent européen par les « polluants éternels », et sur les campagnes d’influence de certains industriels pour éviter leur interdiction.

Ce sont des molécules chimiques auxquelles les industriels sont devenus accros, qui rendent les poêles antiadhésives, les tissus imperméables. On les retrouve aussi parfois dans les produits cosmétiques et dans les emballages alimentaires des sandwichs. Leur nom : les PFAS. Il en existe près de 10 000. Au fil des années, certaines sont reconnues comme cancérogènes. Le PFOA, une substance utilisée pendant des décennies par les géants de la chimie, a été interdit en France en 2020. 

En collaboration avec 46 journalistes européens du Forever Lobbying Project, les équipes de « Complément d’enquête » ont investigué sur les stratégies des industriels pour défendre ces substances alors qu’à l’Assemblée nationale et aux autorités européennes, des projets d’interdiction des PFAS sont en discussion. « Complément d’enquête » révèle comment certains industriels sont parvenus à convaincre les élus et gouvernants que certaines de ces substances seraient sans risque. 

Aux Etats-Unis, les géants de la chimie connaissent la dangerosité de certains PFAS depuis des décennies mais ils l’ont longtemps dissimulée. Que savaient les industriels français, comme Tefal ou Arkema, de leur dangerosité ? 

A Rumilly, des boues contaminées enfouies par Tefal

Rumilly(Nouvelle fenêtre), en Haute-Savoie, Tefal, la marque française emblématique qui produit les célèbres poêles antiadhésives, a toujours affirmé avoir arrêté d’utiliser du PFOA en 2012, près de dix ans avant que la loi ne l’y oblige. Mais quelle est la responsabilité de l’industriel dans la pollution autour de l’usine avant cet arrêt ?

Documents confidentiels à l’appui, « Complément d’enquête » révèle comment l’environnement autour de l’usine Tefal a été contaminé par les PFAS. L’industriel a-t-il pris toutes les mesures pour garantir la sécurité de ses employés qui travaillaient au contact de la molécule ? Tefal assure avoir toujours tout mis en œuvre pour protéger la santé de ses salariés et pointe l’éventuelle responsabilité d’autres industries environnantes dans la pollution aux PFAS qui touche la région.

Arkema informé dès les années 2000 de la dangerosité de certains PFAS

Les journalistes de « Complément d’enquête » se sont également intéressés à Arkema(Nouvelle fenêtre), leader de la chimie française, et à son site de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Selon des documents confidentiels que « Complément d’enquête » s’est procuré, Arkema est informé dès les années 2000 par ses homologues américains de la dangerosité de certains PFAS, et des risques de contamination des populations autour des sites de production.

En France, les habitants des communes du sud de Lyon devront attendre que les médias s’emparent du sujet deux décennies plus tard pour être informés. Arkema affirme avoir toujours respecté les réglementations en vigueur.

Le coût faramineux de la dépollution

Qui doit aujourd’hui payer la dépollution ? Entre industriels et collectivités, de nombreuses batailles juridiques s’engagent. Se débarrasser de ces polluants éternels est un enjeu sanitaire mais aussi financier. Pour estimer le coût de cette dépollution pour l’Europe, le Forever Pollution Project a compilé des milliers de données scientifiques et économiques. Le chiffre est vertigineux : 100 milliards d’euros par an, plus de la moitié du budget annuel de l’Union européenne.

Une enquête d’Emilie Rosso, Pierre-Stephane Fort et Marielle Krouk / Studio Fact.
En collaboration avec le Forever Lobbying Project.

Dans les fauteuils rouges : Stanislas de Gramont, directeur général du groupe SEB.

La rédaction de « Complément d’enquête » vous invite à commenter l’émission sur Facebook(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre) ou sur X (Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)avec le hashtag #ComplementDenquete.

> Les replays des magazines d’info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo, rubrique « Magazines« .

Parmi nos sources

Au cours d’une enquête d’un an, les partenaires du Forever Lobbying Project, dont « Complément d’enquête » fait partie, ont rassemblé un total de 14 331 documents sur les PFAS(Nouvelle fenêtre) (substances per- et polyfluoroalkylées), ce qui constitue la plus grande collection au monde à ce jour sur les « produits chimiques éternels ». Il s’agit de documents historiques et internes aux entreprises, mais aussi de tous les échanges entre les institutions européennes et nationales avec les entreprises et les lobbies des PFAS. 

L’équipe a décidé de contribuer au développement des connaissances sur les PFAS au-delà de l’enquête, en partageant tous les documents obtenus dans les 16 pays partenaires avec deux bases de données basées aux États-Unis, l’Industry Documents Library de l’université de Californie à San Francisco (où se trouvent les célèbres « Tobacco Papers ») et Toxic Docs (Columbia University, New York, et City University of New York).

Ces documents sont accessibles à tous(Nouvelle fenêtre) désormais : le public, les chercheurs, les régulateurs, les gouvernements, les organisations de la société civile et les autres journalistes.

Par ailleurs, au niveau de Rumilly(Nouvelle fenêtre), certains des documents que nous avons obtenus ont ensuite été publiés sur le site internet des pouvoirs publics locaux.

Liste non exhaustive.

Les temps forts de l’émission

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