Cancer de la thyroïde : causes, symptômes, diagnostic, évolution, traitement

Christiane Plantain

✔️ Validation médicale : Dr Anne-Christine Della Valle, médecin généraliste

Publié le 24/05/2023

Le cancer de la thyroïde se développe dans la glande thyroïde, qui fait partie du système endocrinien, c’est-à-dire de production des hormones. La thyroïde se déploie de chaque côté de la trachée.

Sommaire

La glande thyroïde sécrète des hormones qui régulent la température corporelle, la fréquence cardiaque et le métabolisme. La plupart des cancers de la thyroïde peuvent être guéris. Les traitements prennent la forme d’interventions chirurgicales, de radiothérapie, d’hormonothérapie et/ou de thérapie à l’iode radioactif.

1. Les causes du cancer de la thyroïde

Selon le dossier « Thyroid cancer » de la Mayo Clinic, le cancer de la thyroïde survient en raison de mutations dans l’ADN des cellules de la thyroïde. D’une manière générale, l’ADN contenu dans une cellule lui indique ce qu’elle doit faire ou comment elle doit se transformer. Dans le cas du cancer de la thyroïde, pour une cause qui reste inconnue, les cellules subissent une mutation leur ordonnant de se développer et de se multiplier rapidement. Les cellules mutées, contrairement aux cellules saines, ne meurent pas, mais s’accumulent peu à peu pour former une masse : la tumeur. Celle-ci peut envahir les tissus voisins et se propager (faire des métastases) aux ganglions lymphatiques du cou, voire jusqu’aux poumons, aux os et dans d’autres parties du corps.

Certains facteurs de risques favorisent l’apparition d’un cancer de la thyroïde :

  • Être une femme. Le cancer de la thyroïde survient plus souvent chez les femmes que chez les hommes.
  • Être ou avoir été exposé à des niveaux élevés de rayonnement : un traitement par radiothérapie pour un cancer de la tête ou du cou augmente le risque de cancer de la thyroïde. Un article de l’Institut national pour la santé et la recherche médicale (Inserm) intitulé « Radiothérapie : les risques pour la thyroïde » confirme que le risque de cancers de la thyroïde est plus important chez les personnes ayant été traitées par radiothérapie dans leur enfance. Néanmoins, ces cancers de la thyroïde ne sont pas plus graves ni plus agressifs. Les chercheurs recommandent donc de surveiller activement ces personnes, pendant 15 à 20 ans, pour dépister au plus vite un cancer de la thyroïde s’il venait à se déclarer.
  • Souffrir de certaines maladies héréditaires : le syndrome de néoplasie endocrinienne multiple, le carcinome médullaire familial de la thyroïde, le syndrome de Cowden, la polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Werner favorisent la survenue d’un cancer de la thyroïde.

2. Les symptômes du cancer de la thyroïde

La Société canadienne du cancer, dans sa page « Symptômes du cancer de la thyroïde », détaille les signes et symptômes les plus courants du cancer de la thyroïde :

Une sensation de grosseur dans votre cou, que vous pouvez remarquer seul ou qui a été détectée par votre médecin. Il s’agit d’un nodule thyroïdien. Cette grosseur ne signifie pas forcément que vous souffrez d’un cancer. Comme le précise la Fondation ARC, dans l’article « Cancers de la thyroïde : les symptômes et le diagnostic », 95 % des nodules sont bénins.

3. Examens et diagnostics du cancer de la thyroïde

La Ligue contre le cancer détaille, dans l’article « Diagnostic du cancer de la thyroïde », les examens nécessaires au diagnostic du cancer de la thyroïde :

  • L’examen physique : il s’agit d’une palpation, par le médecin généraliste, à la recherche d’une masse (nodule) au niveau de la thyroïde. Le médecin pose également des questions sur vos éventuels facteurs de risque.
  • Une analyse de sang : le médecin prescrit une analyse de sang afin de mesurer le taux sanguin des hormones produites par la thyroïde (T3 et T4) et de la TSH. Une anomalie dans ces taux contribue à orienter le diagnostic, mais les cancers de la thyroïde ne perturbent généralement pas les bilans thyroïdiens.
  • Une échographie : elle permet de visualiser le ou les nodules thyroïdiens, et contribue à déterminer ainsi s’il s’agit d’un cancer ou d’un nodule bénin. Elle rend également visibles les ganglions lymphatiques. Si le radiologue confirme la suspicion de cancer, des examens complémentaires, comme une biopsie échoguidée, sont nécessaires pour confirmer le diagnostic et identifier le type de cancer de la thyroïde.
  • La ponction à l’aiguille fine : on prélève grâce à une aiguille très fine un échantillon de tissus dans un nodule, en général sous contrôle échographique. L’échantillon est ensuite envoyé en analyse en laboratoire pour déterminer si des cellules cancéreuses sont présentes.
  • La scintigraphie thyroïdienne, à l’iode ou au technétium : une caméra permet de visualiser la couleur des nodules exposés au produit de contraste. Lorsque le produit radioactif est injecté, toutes les cellules cancéreuses de la thyroïde absorbent l’iode et sont donc visibles à l’écran.

4. L’évolution du cancer de la thyroïde

L’Institut national du cancer, dans l’étude « Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989 – 2018 — THYROÏDE », indique que le cancer de la thyroïde bénéficie d’un taux de guérison très élevée, puisque la survie à 5 ans est de 97 % chez les femmes ayant reçu un diagnostic entre 2010 et 2015, et de 93 % chez les hommes.

La Ligue contre le cancer précise que les cancers papillaires de la thyroïde, la forme la plus fréquente, présentent un taux de survie à 5 ans de près de 100 % s’il est diagnostiqué aux premiers stades, et d’environ 80 % s’il est métastasique. Les autres types de cancers de la thyroïde (folliculaires ou médullaires) présentent des taux de survie à 5 ans qui sont équivalents en cas de cancer localisé, et un peu plus bas en cas de métastases. Le risque de récidive est également plus élevé. En revanche, certaines personnes souffrant d’une forme peu différenciée de cancer de la thyroïde (forme anaplasique) voient leur taux de guérison beaucoup plus bas. Comme l’indique l’article « Thyroid cancer development and progression: emerging role of cancer stem cells » paru dans la revue spécialisée Minerva Endocrinology, certains cancers de la thyroïde, très rares, sont très agressifs (évolutions rapides) et s’avèrent réfractaires aux traitements anticancéreux classiques. De plus, les chercheurs ont du mal à trouver des thérapies pour les soigner, car ce qui se passe à l’échelle moléculaire n’est pas encore bien appréhendé par les scientifiques. Il semblerait que cette forme spécifique de cancer de la thyroïde provienne de cellules souches, qui se renouvellent toutes seules et qui sont résistantes aux traitements anticancéreux habituels. Pour l’instant, aucun traitement 100 % efficace n’a réussi à endiguer la propagation de ce type de cancer de la thyroïde.

5. Traitements du cancer de la thyroïde

La Fondation ARC, dans l’article « Les cancers de la thyroïde », précise que le traitement mis en œuvre pour soigner le cancer de la thyroïde dépend de la taille de la tumeur et de la propagation du cancer, mais aussi de l’âge et de l’état de santé du patient. Le traitement en général mis en œuvre en premier est l’intervention chirurgicale, consistant à retirer une partie (lobectomie) ou l’intégralité de la glande thyroïde (thyroïdectomie). En général, le chirurgien retire les deux lobes, pour limiter le risque de récidive. Si les cellules cancéreuses se sont propagées aux ganglions lymphatiques à proximité, le chirurgien les retire également.

Les complications de cette opération sont rares, mais elle provoque néanmoins des douleurs au niveau de la nuque, qui peuvent être soulagées par des séances de kinésithérapie et des antalgiques. Des saignements provoquant un hématome peuvent entraîner une détresse respiratoire, ce qui nécessite une nouvelle intervention immédiate. Enfin, la lésion d’un nerf laryngé peut provoquer un enrouement et des troubles de la déglutition temporaires. Des dommages aux glandes parathyroïdes, qui sont situées derrière la thyroïde, peuvent également survenir. Ces glandes sont chargées de réguler le niveau de calcium dans le sang en libérant de l’hormone parathyroïdienne. Si elles sont abimées pendant l’intervention chirurgicale consistant à retirer la thyroïde, cela peut entraîner une hypoparathyroïdie et une hypocalcémie (faible taux de calcium dans le sang) temporaires ou, plus rarement, permanentes. Il est nécessaire de prendre des compléments en vitamine D pour compenser leur dysfonctionnement. Les suites de la thyroïdectomie sont la cicatrice qu’elle laisse sur le cou, et l’obligation de prendre, jusqu’à la fin de sa vie, une hormone de substitution remplaçant les hormones thyroïdiennes qui ne peuvent plus être produites par l’organisme.

L’ablation de la glande thyroïde est en général associée, 4 à 6 semaines plus tard, à un traitement par radiothérapie par iode 131. Ce traitement consiste à avaler une pilule ou un liquide contenant une dose d’iode radioactif plus élevée que celle utilisée au cours de la scintigraphie thyroïdienne. L’iode radioactif détruit les cellules cancéreuses qui resteraient au niveau de la thyroïde ou qui ont métastasé. Ce traitement est très efficace, mais il n’est pas utilisé pour traiter les cancers médullaires et les cancers anaplasiques. La glande thyroïde absorbe presque tout l’iode radioactif et le reste du corps est peu exposé aux radiations. La radiothérapie est utilisée chez les patients qui ne peuvent bénéficier d’une radiothérapie par iode 131. La radiothérapie « classique » élimine les cellules cancéreuses et les empêche de se développer, grâce à de puissants faisceaux d’énergie ciblés directement sur le site de la tumeur. Ce traitement est en général délivré pendant 5 semaines à raison de 5 séances par semaine.

Suite à l’ablation de la glande thyroïde, il est nécessaire de prendre un traitement hormonal de substitution jusqu’à la fin de sa vie. Néanmoins, si le patient présente un risque élevé de récidive ou si le traitement par radiothérapie par iode 131 n’a pas entièrement fonctionné, les médecins peuvent prescrire des doses élevées de lévothyroxine, l’hormone de substitution, pour éviter la propagation des cellules cancéreuses ou la réapparition du cancer.

Sources :

Mayo ClinicSociété canadienne du cancerFondation ARCLigue contre le cancerInstitut national du cancerMinerva EndocrinologyInserm

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