Les feux autour de Tchernobyl pourraient menacer le dépôt de déchets radioactifs
Mardi 14 avril, 10h00
Le feu continue à parcourir la « zone interdite » autour du réacteur de Tchernobyl, accidenté en 1986 et à l’arrêt depuis 2000. Un haut responsable des services d’urgence a déclaré qu’il n’y avait « aucune menace » pour la centrale ou ses installations de stockage, tandis que le vice-ministre de l’intérieur Anton Gerashchenko a insisté : « Tout ira bien ».
Mais il est à craindre que les incendies aient pris une ampleur considérable. Greenpeace Russie a déclaré que l’un d’entre eux se trouvait à un kilomètre de l’usine elle-même. La branche russe de l’ONG, citée par Reuters, a déclaré que le plus grand incendie couvrait 34.000 hectares, tandis qu’un second incendie, à un kilomètre seulement de l’ancienne usine, avait une superficie de 12.000 hectares. Bien que les incendies soient fréquents dans la région, Greenpeace a déclaré que cela pourrait être le pire depuis des décennies.
Les services d’urgence continuent de lutter contre l’incendie. L’Ukraine a envoyé des centaines de pompiers ainsi que des avions et des hélicoptères.
Un hélicoptère largue de l’eau sur le feu.
Les responsables à Kiev affirment qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer. Dans un post sur Facebook, M. Geraschenko a appelé au « calme, seulement au calme », insistant sur le fait que l’énorme structure en béton construite pour recouvrir l’ancien réacteur nucléaire – appelé « sarcophage » – était sûre et qu’il n’y avait « aucun changement » dans les niveaux de radiation.
Le réacteur recouvert de son sarcophage, au milieu de la zone interdite. Image prise avant les feux qui ont commencé le 4 avril.
Les efforts pour contenir l’incendie sont compliqués par la catastrophe, a-t-il dit. Les pompiers ne peuvent pas creuser de tranchées profondes dans le sol pour les coupe-feu car des particules radioactives pourraient être exposées, mais les avions ont plutôt largué d’énormes volumes d’eau sur les incendies.
« La tâche des sauveteurs est d’empêcher la propagation du feu aux infrastructures critiques. Et ils s’acquitteront de cette tâche ! » a écrit M. Geraschenko. « S’il vous plaît, n’interférez pas avec leur travail. Ne répandez pas de faux, de mensonges et d’absurdités. Tout ira bien. »
Mais d’autres observateurs disent que la situation est bien pire. Sergiy Zibtsev, chef du Centre régional de surveillance des incendies en Europe de l’Est, a déclaré à l’agence de presse AFP que l’incendie était devenu « super-nuageux » et « imprévisible ».
Le tour-opérateur local Yaroslav Emelianenko a déclaré qu’un incendie avait atteint Pripyat, qui desservait la centrale. Il a déclaré qu’il n’était plus qu’à 2 km de l’endroit où étaient stockés les déchets les plus dangereux de l’usine. « La situation est critique », a-t-il écrit sur Facebook.
M. Emelianenko a également déclaré que si le feu s’étendait à Pripyat, ce serait un désastre économique, car les visites touristiques supervisées fournissent des revenus précieux.
En 2018, plus de 70 000 personnes ont visité la ville. L’année dernière, ce chiffre était encore plus élevé, après le succès d’une mini-série de HBO sur la catastrophe.
Source et photos : BBC
Les feux autour de Tchernobyl, toujours incontrôlés, prennent de l’ampleur
Lundi 13 avril 2020, 23h50
« La centrale nucléaire de Tchernobyl, les lieux de stockage de déchets radioactifs et les autres infrastructures cruciales de la zone d’exclusion ne sont pas menacés », a affirmé Volodymyr Demtchouk, un haut responsable des services d’urgence ukrainien, dans une vidéo publiée lundi 13 avril sur Facebook. Il a ajouté que la principale tâche des 400 pompiers qui luttent contre le feu était de localiser les zones d’incendies et d’en limiter la propagation. L’Ukraine a mobilisé des hélicoptères bombardiers d’eau pour éteindre le sinistre qui dure depuis le 4 avril, entretenu par des vents violents.
Selon Greenpeace, il s’agit du pire incendie jamais observé dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, qui forme un rayon de 30 kilomètres autour de l’ancienne centrale. S’appuyant sur des images satellites, Greenpeace affirme que le feu n’est qu’à « environ 1,5 kilomètre » de l’arche recouvrant le réacteur ayant explosé par accident en avril 1986. Le directeur d’une association organisant des visites guidées dans la zone d’exclusion, Yaroslav Iemelianenko, a lui affirmé sur Facebook que l’incendie avait atteint la ville fantôme de Pripiat, évacuée après la catastrophe.
Le 4 avril, un incendie de forêt a débuté près du village de Volodymyrovka, Kotovskyy lesnichestvo, puis un autre foyer s’est formé près du village de Rahovka, sur une superficie d’environ cinq hectares. Le 13 avril, stimulé par un fort vent, le feu a contourné la section de « forêt rouge » et s’est dirigé vers la gare de Yanov, qui se trouve à quatre kilomètres de la centrale nucléaire.
Selon Sergiy Zibtsev, directeur du Centre régional de suivi des incendies en Europe de l’Est, basé à Kiev et lié à un programme des Nations Unies, le feu est « gigantesque » et « imprévisible ». « Dans l’ouest de la zone d’exclusion, il a déjà couvert 20.000 hectares selon nos estimations », a-t-il affirmé.
De son côté, le vice-ministre ukrainien de l’Intérieur, Anton Gerachtchenko a indiqué sur Facebook que les sites de stockages de déchets radioactifs sont « totalement en sécurité ». Les autorités ukrainiennes affirment que le feu n’a pas causé d’augmentation du taux de radioactivité. Après le début de l’incendie, le chef par intérim de l’inspection écologique gouvernementale, Iegor Firsov, avait toutefois indiqué que les niveaux de radiation dans l’épicentre de l’incendie dépassaient largement les normes. Il était ensuite revenu sur ses propos.
L’incendie a été provoqué par un jeune habitant vivant près de la zone de Tchernobyl, qui risque jusqu’à cinq ans de prison pour « destruction de la végétation ». Le jeune homme de 27 ans a dit avoir mis le feu à l’herbe « pour s’amuser », selon la police.
L’un des réacteurs de la centrale de Tchernobyl avait explosé le 26 avril 1986, contaminant, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe. La zone dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale accidentée reste depuis largement à l’abandon.
Communique de la CRIIRAD Incendies dans les zones contaminées Toujours aucune inquiétude pour la France mais la situation devient critique autour de Tchernobyl |
Communiqué du 14 avril 2020 – 09h30 Les flammes seraient à quelques centaines de mètres de la centrale de Tchernobyl Les incendies qui ont débuté le 4 avril dans la zone très contaminée de Polesskoye, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de la centrale nucléaire de Tchernobyl, sont toujours actifs, mais nous alertions dans un communiqué du 10 avril sur le fait que d’autres foyers se sont développés au cours de la semaine, au cœur de la zone des 30 kilomètres. Les images satellites de la NASA mises à jour le 14 avril à 4 H GMT (voir illustration) suggèrent que ces incendies sont désormais à quelques centaines de mètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Ceci pose évidemment de graves questions en matière de sûreté nucléaire. La CRIIRAD suit la situation avec la plus grande attention. NB : le filtre de la balise de surveillance de la radioactivité atmosphérique qu’exploite la CRIIRAD à Montelimar, analysé ce week end , confirme que, sur la période du 3 au 10 avril, l’activité volumique du césium 137 dans l’air ambiant est restée en dessous des limites de détection (< 6 µBq/m3). |
Nos informations sur les incendies dans la zone de Tchernobyl sont régulièrement mises en ligne sur notre site https://balises.criirad.org/ |
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Contact: Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire,directeur du laboratoire de la CRIIRAD. E-mail : bruno.chareyron@criirad.org |
[1] Site CRIIRAD : http://www.criirad.org (y compris nos pétitions) [2] Site des balises : balises.criirad.org |
Source : Le Figaro/AFP et Ria Novosti