Indépendance des médecinsLes facultés de médecine toujours exposées
Le deuxième palmarès des facultés de médecine montre que, malgré la charte éthique et déontologique promue par les doyens depuis fin 2017, le cursus des études de médecine est toujours exposé à l’influence de l’industrie de la santé.
Le deuxième palmarès des facultés de médecine selon leurs liens avec l’industrie de la santé vient d’être publié. Réalisé par l’association pour une formation et une information médicale indépendante (Formindep), il distingue cette fois la faculté de Tours (37). Mais sur l’ensemble des facultés, c’est peu de dire qu’il y a encore de la marge pour se détacher réellement de l’influence des firmes ! La 2e faculté du classement, avec 15 points sur 36, n’obtient même pas la moyenne.
Tout était pourtant réuni pour que des avancées puissent être constatées. Secoués par les résultats atterrants d’un premier classement en janvier 2017, les doyens des facultés de médecine s’étaient mis d’accord, quelques mois plus tard, sur une « charte éthique et déontologique ». Objectif, progresser dans l’indépendance vis-à-vis des laboratoires et homogénéiser les pratiques dans les facultés. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de préserver l’enseignement et les lieux d’enseignement de la publicité pour les médicaments, des cadeaux de l’industrie et de l’influence d’enseignants payés par Big Pharma. Il est même question, dans le texte, de porter la bonne parole à l’hôpital public, où les étudiants effectuent leurs stages ou leur internat, et où, aujourd’hui encore, les visiteurs médicaux ont leurs entrées.
Louable, l’initiative n’a, pour le moment, pas franchement porté ses fruits. Le Formindep, qui s’était donné pour mission de vérifier si la charte était appliquée, constate d’emblée que 5 des 37 facultés n’ont même pas jugé nécessaire de l’adopter. 17 ne l’ont pas diffusée auprès de leurs membres. Elles sont encore moins nombreuses à la faire signer aux nouveaux enseignants. Des cours sur « l’intégrité scientifique et les conflits d’intérêt » sont parfois dispensés, mais rarement à chacun des trois cycles des études, et sont souvent facultatifs pour les futurs médecins. À quelques exceptions près, les facultés continuent de tolérer en leur sein les stands des laboratoires ou les repas offerts aux étudiants, et n’affichent pas la provenance de leurs financements. Seul point positif qui ressort de l’enquête : dans les supports de cours et lors des examens, les médicaments sont de plus en plus souvent désignés en dénomination commune internationale (DCI) dans une majorité de facultés, et non sous leur nom commercial.