Hypothyroïdie : une substitution hormonale un peu forte pourrait augmenter le risque d’AVC
Lors de la substitution hormonale d’une hypothyroïdie, il existe un risque de fibrillation auriculaire si la dose donnée amène le taux d’hormone thyroïdienne à la limite supérieure de la normale dans le sang.
Hypothyroïdie et risque de fibrillation auriculaire
« Nous savons que les malades qui ont une hypothyroïdie ont un risque plus élevé de fibrillation auriculaire, mais nous n’avions pas envisagé une augmentation de ce risque lors la supplémentation en hormones thyroïdiennes selon les recommandations et avec des taux d’hormone à l’intérieur de la fourchette des valeurs normales », a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr Jeffrey Anderson, médecin et chercheur de l’Institut de cardiologie du centre médical Intermountain. « Ces résultats montrent que nous pourrions reconsidérer les limites de ce que nous appelons les valeurs normales de thyroxine-libre ».
Une étude de confirmation
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux électroniques de 174 914 malades traités dans des établissements de soins de santé Intermountain Healthcare, dont les niveaux de thyroxine-libre étaient enregistrés, et qui relevaient d’une supplémentation de la thyroïde.
Lors de la supplémentation, les chercheurs ont ensuite divisé la plage normale des taux de Thyroxine-libre dans le sang, et ils l’ont divisée en quatre quartiles, puis ont examiné les dossiers de ces patients pour un diagnostic actuel ou futur de la fibrillation auriculaire.
40% d’augmentation du risque
Ils ont constaté une augmentation de 40% de la fibrillation auriculaire existante chez les patients du quartile supérieur de taux de Thyroxine-libre par rapport aux patients du quartile le plus bas, et une augmentation de 16% du développement de la fibrillation auriculaire au cours des trois années de suivi.
C’est-à-dire que les malades qui avaient les valeurs de Thyroxine-libre les plus élevée dans le sang, tout en ayant des valeurs qui restent dans les limites de la normale, ont une augmentation du risque de trouble du rythme. Ces résultats suggèrent que la fourchette des taux normaux de Thyroxine-libre dans le sang devrait être redéfinie.
Selon le Dr Anderson, ces taux à la limite supérieure de la normale pourraient avoir une explication toute bête : « Les hormones thyroïdiennes sont associées à une perte de poids et à une augmentation de la dépense en énergie, ce qui peut amener les personnes à se faire traiter au maximum de la normale ».
La Thyroxine-libre mieux que la TSH
Nouvel élément dans la perspective des problèmes actuels avec le Levothyrox en France, l’étude montre également qu’il faut plutôt mesurer le taux de Thyroxine-libre, en même temps que celui de la thyréostimuline (TSH), car cette dernière, si elle est utile chez les malades qui ont des taux irréguliers d’hormones thyroïdiennes, n’a aucun intérêt dans la plage de risque normale. Ceci confirme les résultats une autre étude.
Le lien plus étroit entre Thyroxine-libre et fibrillation auriculaire a récemment été reconnu dans l’étude de Rotterdam, une étude de cohorte basée sur la population réelle et qui a débuté en 1990. Cette nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Intermountain Medical Center Heart Institute confirme, à plus grande échelle, le lien entre le niveau normal-haut de Thyroxine-libre et risque de fibrillation auriculaire chez des patients supplémentés en hormones thyroïdienne.
La prochaine étape sera de mener un essai contrôlé pour déterminer si, lors de la supplémentation d’une hypothyroïdie, le ciblage d’une fourchette de Thyroxine-libre moins importante réduit le risque de fibrillation auriculaire et d’accident vasculaire cérébral, ainsi que des autres problèmes cardiaques.