Levothyrox : « Une étude rigoureuse » confirme la présence d’impuretés

Levothyrox : "Une étude rigoureuse" confirme la présence d’impuretés
Gérard Bapt, hier soir à Pau, devant une soixantaine de victimes du médicament.

PHOTO DAVID LE DEODIC
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Selon le professeur Gérard Bapt, le travail d’un chercheur toulousain prouve que le médicament controversé contient des impuretés.

« Les analyses réalisées par ce chercheur du CNRS à Toulouse sont scientifiquement inattaquables. » Le professeur Gérard Bapt, de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), présentait, hier soir à Pau, les résultats d’une étude menée à la demande de l’association et financée par les dons de malades. Elle expliquerait les effets secondaires, parfois graves (céphalées, insomnies, vertiges, tendances suicidaires, etc.), observés depuis le printemps 2017 chez des milliers de patients utilisateurs de la nouvelle formule du Levothyrox.

Pics d’impuretés

Hier soir, devant des malades, le cardiologue et ancien député PS de la Haute-Garonne, connu notamment pour avoir été l’un des premiers lanceurs d’alerte sur le Mediator, est venu défendre le travail de Jean-Christophe Garrigues, ingénieur de recherches au CNRS. Ce dernier a révélé la semaine dernière au site Médiacités qu’il avait, en analysant le nouveau médicament, décelé des « pics d’impuretés ». Juqu’ici, les autorités évoquaient des « inconnues scientifiques ».

« Cette étude confirme les résultats d’un laboratoire américain qui sont restés confidentiels car, le labo travaillant pour les grands industriels de la pharmacie, il ne souhaitait pas que son nom soit affiché », assure Gérard Bapt. Le CNRS a pour sa part empêché la tenue de la conférence de presse durant laquelle l’ingénieur de recherches comptait dévoiler, à Toulouse, les résultats de son étude.

Ce chercheur « n’a pas respecté la déontologie scientifique indispensable pour valider toute recherche. Les résultats […] n’ayant pas été validés par le processus d’évaluation par les pairs propre à la communauté scientifique, le CNRS considère qu’ils ne constituent pas en l’état actuel des faits scientifiques », a argumenté le centre public pour expliquer cette interdiction.

Des milliers de plaintes

Ce que balaye Gérard Bapt : « La convention de l’AFMT avec son laboratoire n’était pas finalisée, ce n’est qu’un prétexte. Mais l’étude sera bientôt publiée dans une revue scientifique. » De leur côté, l’Agence du médicament (ANSM) et le laboratoire Merck assurent que la nouvelle formule du Levothyrox est « de bonne qualité ».

L’affaire fait l’objet de milliers de plaintes en justice, comme l’a détaillé, hier, l’avocat palois maître Jean-François Blanco. Selon des chiffres officiels, 31 000 patients (sur un total de 2,2 millions) se sont plaints d’effets indésirables. « Il n’y a jamais eu d’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales, ni aucun comité scientifique sur le sujet, déplore Gérard Bapt. Les autorités sont coresponsables de ce transfert de formule dramatique au niveau sanitaire. Moi qui me suis tellement battu sur le Mediator, je constate que les réformes de la sécurité sanitaire n’ont pas suffi. C’est un peu désespérant. »

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