Lettre du Député Honoraire médecin Gérard BAPT à la ministre Agnes BUZYN
Gérard BAPT, Saint-Jean, le 2 septembre 2017
Député honoraire
Premier adjoint à la santé publique
Madame Agnès BUZYN
Ministre des Solidarités et de la Santé
14 Avenue Duquesne
75350 Paris
Madame la Ministre,
Je souhaite vous faire part de ma préoccupation à propos de la situation en train de se créer autour de la prescription de la nouvelle formulation de la levothyroxine commercialisée par le laboratoire Merck.
Il s’agit à l’heure actuelle de la seule délivrée sous forme de comprimés dans notre pays.
Je constate dans la vie quotidienne l’inquiétude grandit chez les patients concernés, dont une grande proportion se dit concernée par les effets indésirables qui sont contrastés, mais désormais bien objectivés, y compris psychiques, ce qui n’est pas étonnant au regard de l’impact de la fonction thyroïdienne sur l’humeur.
Les données de pharmacovigilance ne donnent actuellement, à mon sens, qu’une vue très réductrice de l’impact sur les patients du changement de la formule de la levothyroxine. Certains effets indésirables peuvent être graves chez la femme enceinte ou les insuffisants cardiaques, d’autres dangereux comme les vertiges… Certains patients arrêtent purement et simplement leur traitement. Des manœuvres frauduleuses se développent sur Internet à partir de présentations toujours disponibles dans les pays européens voisins.
L’ANSM vient de recommander aux médecins de ne pas prescrire, sauf cas très particuliers, la solution buvable de lévothyroxine aux patients qui souhaitent changer de forme de leur médicament, en raison d’un risque de rupture de stock : pourtant le laboratoire Serb affirme avoir augmenté ses capacités de production…par ailleurs, la prescription en gouttes devrait continuer à être ouverte chez les femmes enceintes : la thyroxine ayant un impact majeur sur le développement du fœtus… Des cas d’hospitalisation en urgence m’ont été signalés…
Le transfert obligatoire à la nouvelle formulation de la levothyroxine en comprimés, dont le laboratoire Merck a le monopole, me semble devoir présenter un cout social et humain majeur, en dehors d’un coût financier qui ne sera pas négligeable pour l’assurance-maladie.
Je pense qu’il serait urgent de permettre la prescription d’autres formules de levothyroxine que le seul produit de Merck actuellement disponible en France, sous peine d’installer une véritable crise sanitaire et de confiance en France.
Vous remerciant de votre attention, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma haute considération.
NB : la publication de Tim Korevaar et coll.décrit les conséquences sur le QI et la structure du cerveau des enfants nés de mères hypo ou hyperthyroïdiennes.
-Lancet Diabetes Endocrinology 2016, 4, 35-43
Gérard BAPT
Député honoraire,
Premier adjoint délégué à la santé publique