Le Radithor, une boisson énergisante radioactive qui dissout le crâne de ceux qui la boivent
C’était au temps où l’on vantait les « bienfaits » du nucléaire, pour la forme….
Une note d’humour
Écrit par Emma Derome
Powered byAudion
Ecouter cet article
Le radium a fait l’objet d’un drôle de mythe au début du XXème siècle. Dilué dans de l’eau et venté comme un élixir tonique alors même qu’il était, bien évidemment, radioactif, il a fait de nombreuses victimes.
Avant d’être reconnu comme cancérigène, on considérait que le radium pouvait avoir des bénéfices pour la santé. Une boisson énergisante, que certains prenaient pour une cure de jouvence, a même été vendue sous le nom de Radithor, aux États-Unis, jusqu’en 1932. Ce qui était en réalité un poison fait partie des nombreux remèdes absurdes rendus populaires par des rumeurs, comme la poudre de momie, l’or ou le plomb.
De « l’eau radioactive » sur les étals
Quelques dizaines d’années après la découverte du radium par Marie et Pierre Curie en 1898, ce métal brillant qui se forme à partir de la désintégration radioactive de l’uranium a été rapidement détourné pour en faire un supposé traitement. Le Radithor n’était ni plus ni moins que de l’eau infusée de sels de radium-226 et de radium-228. Une eau radioactive ventée comme un « tonique miracle », prétendant soigner près de 150 maladies, dont personne ne voudrait s’approcher aujourd’hui, et qui pourtant, a été brevetée dans les années 1920 outre-Manche.
La boisson toxique a vu le jour dans un contexte particulier, alors que le radium avait été utilisé dans le cadre d’essais cliniques pour traiter des maladies graves, comme des cancers. Petit à petit la tendance de la « radiothérapie douce », qui considère qu’une exposition à faible dose aux radiations peut booster le métabolisme, se répand. Le radium devient un additif santé dans certains aliments, dans des dentifrices et des crèmes disponibles en vente libre dès les années 1910. L’inventeur du Radithor, le charlatan William JA Bailey, déjà condamné pour escroquerie, décline d’ailleurs le concept, en inventant une ceinture radioactive capable, selon ses dires, de soigner les problèmes d’érection.
Des dents qui tombent
Mais l’un des plus fervents défenseurs du Radithor est un riche industriel américain, Eben Byers, qui après une blessure au bras en 1928, commence à boire plusieurs flacons par jour. Il s’est d’abord senti beaucoup mieux, et conseille à toutes ses relations le « prodigieux » remède. Mais la lune de miel radioactive n’a duré que deux ans. En 1930, alors qu’il avait déjà consommé environ un millier de bouteilles, il s’est finalement senti faible et amaigri, et ses dents ont commencé à tomber. Un médecin lui diagnostique une intoxication massive au radium : ses os de la mâchoire sont en train de littéralement se dissoudre. En effet, lorsque le radium est ingéré, ses particules se déposent principalement dans les os, qui se désagrègent petit à petit. Après sa mâchoire, l’élément radioactif s’attaque au « tissu osseux restant de son corps », qui « se désintégrait lentement », laissant « des trous se former dans son crâne« , a rapporté le spécialiste du radium qui l’a ausculté, selon le Time.
En tout, ce sont 36 microgrammes de radium qui se sont répartis dans son corps, rapporte ScienceAlert, alors même que 2 microgrammes peuvent se révéler mortels. Une telle dose a provoqué chez lui un cancer généralisé. Eben Byers a dû être enterré dans un cercueil de plomb pour que les radiations émises par son corps ne se diffusent pas. Le radium ayant une demi-vie de 1 600 ans, son squelette est toujours, à l’heure actuelle, considéré comme dangereux. À partir de sa mort, l’autorité de sûreté des médicaments américaine, la FDA, a banni les éléments radioactifs des médicaments pour de bon.
Ça peut aussi vous intéresser :
⋙ Raspoutine a-t-il vraiment survécu au poison ?
⋙ Des sangliers radioactifs se baladent dans la nature ! On sait désormais pourquoi
⋙ Une bombe nucléaire disparue se cache le long de la côte américaine !