Alors que se déroulait ce mercredi 2 mai 2018 à Paris le comité de suivi du ministère des Solidarités et de la Santé sur le dossier du Lévothyrox nouvelle formule, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) manifestait devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la présence de nanoparticules de métal dans le médicament.
Selon elle, ces substances pourraient être à l’origine des nombreux effets secondaires ressentis par les patients depuis le changement de formule il y a un an. L’association demande à la justice de se pencher au plus vite sur cette piste et souhaite la reconnaissance d’une « crise sanitaire ».
Fer, chrome, aluminium… Plusieurs métaux lourds retrouvés dans la nouvelle formule
« Ces nanoparticules sont des alliages fer-chrome, chrome-nickel, fer-chrome-silicium, ferrochrome-aluminium, alors que dans l’ancienne formule il y avait seulement quelques débris d’acier », a expliqué le Dr Jacques Guillet, médecin et spécialiste de médecine nucléaire, qui a effectué des analyses sur des comprimés d’Euthyrox (ancienne formule) et de Lévothyrox nouvelle formule à la demande de l’association.
« On ne peut pas dire qu’il y a danger, mais le fait est qu’il n’y en avait pas avant. On sait que le nickel peut notamment provoquer des allergies », précise-t-il.
Un simple « effet d’annonce » selon le fabricant
Une théorie que rejette formellement le laboratoire Merck, fabricant du médicament : « Qu’il s’agisse de l’ancienne comme de la nouvelle formule, nous rappelons que l’analyse de l’ensemble des métaux lourds a été réalisée conformément à la réglementation en vigueur, et nous réaffirmons que tous ces contrôles se sont révélés conformes aux spécifications », a indiqué le groupe dans un communiqué.
Sur France Info, il « condamne avec la plus grande fermeté ce type de contre-vérité et d’effet d’annonce qui ne font qu’inquiéter les patients sans l’étayer d’une quelconque preuve scientifique. »
Les résultats de la poursuite l’enquête de pharmacovigilance attendus pour juillet 2018
Ce même jour, le ministère de la Santé à également publié un communiqué de presse sur les points abordés par le comité de suivi des médicaments à base de lévothyroxine, composé notamment d’associations de patients, de professionnels de santé, de la Direction générale de la Santé (DGS) ainsi que de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
« Les résultats de la poursuite de l’enquête de pharmacovigilance sur Levothyrox et de l’enquête étendue à l’ensemble des spécialités à base de lévothyroxine seront présentés au Comité technique de pharmacovigilance (CTPV) qui se tiendra en juillet prochain à l’ANSM. Ils seront ensuite présentés aux parties prenantes à l’occasion d’un prochain comité de suivi », indique-t-il.
De même, il précise que les analyses effectuées par l’ANSM ont permis de vérifier que la composition était conforme à celle mentionnée dans le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) et que la présence de métaux à l’état de traces détectés dans toutes les spécialités à base de lévothyroxine « ne représente pas en soi un défaut qualité ni un risque pour la santé dans la mesure où les concentrations sont inférieures aux seuils de sécurité établis par la communauté scientifique au plan international pour les médicaments. » De même « la dernière analyse réalisée en février 2018 a confirmé l’absence de butylhydroxytoluène (BHT) dans les comprimés de Levothyrox nouvelle formule et d’Euthyrox. »
Enfin, « la mission Information et Médicament remettra fin mai son rapport à la Ministre des Solidarités et de la Santé, avec des propositions relatives à l’amélioration de l’information sur le médicament destinée aux patients et aux professionnels de santé. »
Côté judiciaire, une information judiciaire contre X a été ouverte vendredi 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessure involontaire et mise en danger d’autrui et confiée à un juge du pôle de santé publique du TGI de Marseille. À ce jour, près de 7000 plaintes de patients ont été déposées dans toute la France.