D’un point de vue macroéconomique, cette confiance dans le futur va de soi. La population chinoise vieillit, et la demande de soins va aller de pair. Difficile d’ignorer un marché de plusieurs centaines de millions de patients, et le souhait de Pékin de bâtir une industrie nationale de pointe. Qui plus est, dans un pays marqué par des scandales sanitaires retentissants, les labos occidentaux bénéficient d’un avantage en termes de confiance, malgré des prix élevés.
En outre, Pfizer, Novartis ou Merck ont un même objectif à long terme : insérer la Chine dans leur écosystème de recherche mondial, en cohérence avec la montée en puissance scientifique du pays. Sanofi n’avait pas d’autre ambition en ouvrant, lui aussi à Shanghai, en septembre 2014, son cinquième pôle de R&D. Le principal avantage du nouveau campus de Shanghai de Novartis tient au recrutement, a confirmé Joe Jimenez, son patron, lors de l’inauguration la semaine dernière.
Des règles du jeu délicates
Mais, à court terme, le paysage est nettement moins rose. Derrière la volonté de l’Etat d’améliorer la couverture santé et de favoriser l’accès des citoyens à des molécules plus évoluées se cachent des règles d’accès au marché qui font grincer des dents. Le principal grief ? La réforme du prix des médicaments mise en place voilà un an, glisse le représentant d’un labo européen.
Depuis le 1er juin 2015, la NDRC – la puissante commission nationale du développement et de la réforme – ne fixe plus de prix plafond. Mais pour bienvenue qu’elle soit, cette libéralisation ne concerne que les pharmacies, soit 20% des prescriptions. Les 80% restantes passent en effet par l’hôpital, lieu de prédilection des Chinois pour se faire soigner. Or, sauf dans quelques provinces, le système d’appel d’offres pour approvisionner les établissements en médicaments favorise les prix les plus bas. « Avec des molécules importées, on ne peut pas rivaliser face aux producteurs chinois », témoigne ce représentant.
Parcours du combattant
En outre, l’interdiction des majorations pratiquées par les hôpitaux sur les ventes de médicaments au public, majorations qui alimentaient leurs budgets, pèse sur la croissance du marché, les hôpitaux étant moins incités à pousser à la consommation. Sans compter les baisses de prix autoritaires sur certains produits comme l’anticancéreux Iressa d’AstraZeneca, dont le prix a été divisé par deux, ou celui du Viread de Gilead contre l’hépatite B divisé par trois.
S’agissant du lancement des nouvelles molécules, le parcours du combattant continue, constate l’association des laboratoires étrangers. Il faut encore compter 4 à 5 ans pour obtenir une autorisation de mise sur le marché même si le recrutement des patients participant aux essais cliniques peut maintenant se faire en même temps dans le reste du monde.
Enfin, le scandale de corruption qui a éclaboussé GSK, condamné à une amende de 3 milliards de dollars en 2012, est dans toutes les mémoires. Y compris celle des autorités chinoises, qui continuent à mener une politique de contrôle systématique et à grande échelle auprès des laboratoires tant étrangers que chinois.