«Au départ, je ne voulais pas adhérer à la psychose collective, mais j’étais dans un tel état que j’ai dû me rendre à l’évidence…. » La semaine dernière, Nadine Ferrière, une patiente de Limoges qui utilise du Lévothyrox® depuis quatorze ans, a atterri aux urgences du CHU. « Je ne dormais plus du tout, j’avais des crises de larmes, de panique. Je devenais dingue : c’était totalement irrationnel. »
Quelques jours plus tôt, son entourage l’interrogeait sur la possibilité que l’apparition de certaines symptômes soit liée à la très controversée nouvelle formule du médicament. « Mais j’étais dubitative. Le principe actif étant le même, je n’y croyais pas… » Tout a commencé, selon Nadine Ferrière, par des crampes inhabituelles, puis « une fatigue, une irritabilité injustifiée » et des « difficultés de concentration », intervenues au cours de l’été.
« C’est monté crescendo », raconte celle qui a subi une ablation de la thyroïde à l’âge de quarante ans, à la suite d’un cancer, et doit, à vie, prendre un traitement hormonal de substitution : le Lévothyrox®, commercialisé par les laboratoires Merck.
Hypothèses étudiées
Les effets indésirables de ce médicament utilisé par trois millions de Français, Nadine n’est pas la seule à les avoir ressentis. D’autres patientes ont contacté notre journal pour exprimer leur inquiétude. Une pétition nationale a reçu près de 284.000 signatures et les centres régionaux de pharmacovigilance ont reçu des milliers de signalements. Celui de Limoges aussi, mais les chiffres détaillés ne devraient être officialisés qu’en octobre.
En cause, donc, le changement de formule du médicament au printemps dernier, qui concerne non pas le dosage de l’ingrédient actif (la lévothyroxine) mais l’excipient : le lactose, source d’intolérance, a été remplacé.
« Mon existence dépend de ce médicament. Il est donc hors de question d’arrêter mais j’aimerais bien savoir si les tests effectués par le labo ont été sérieux. »
Une pétition nationale a reçu près de 284.000 signatures
Dans l’attente des résultats et face à la polémique, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le retour, temporaire, de l’ancienne formule d’ici une dizaine de jours.
Pas de quoi réconforter Nadine, qui estime qu’il lui faudra plusieurs semaines, au mieux, pour que son état soit totalement stabilisé. Elle a décidé, le 15 septembre dernier, à peine sortie de l’hôpital, de constituer un dossier auprès de David-Olivier Kaminski, l’un des avocats qui a déjà recueilli une cinquantaine de plaintes de malades au niveau national.
Hélène Pommier