des cancers de la thyroïde attribuables aux essais nucléaires

Nous avons quantifié le risque de cancer secondaire survenant après traitement d’un cancer différencié de la thyroïde par l’iode 131. Nous avons aussi quantifié la relation entre la dose de rayonnements ionisants reçue au cerveau durant la radiothérapie d’un cancer de l’enfant, et la mortalité par accident vasculaire cérébral. Cette relation est très forte et n’est pas influencée par la chimiothérapie. Des travaux similaires, sur la relation entre la dose de radiation reçue au coeur durant le traitement d’un cancer de l’enfant et la mortalité par pathologie cardiaque, ont montré que cette relation est très forte, et le risque est augmenté par l’administration de chimiothérapie, en particulier d’anthracyclines, mais aussi d’agents alkylants.

Perspectives

Notre principal projet à court terme est de constituer une cohorte nationale d’enfants guéris d’un cancer de l’enfant. Ceci pour étudier l’ensemble de leur devenir, psychologique, professionnel, social, et médical. Nous avons aussi pour projet de continuer à étudier notre cohorte de patients traités pour un cancer de la thyroïde, ceci afin de préciser le rapport risque/bénéfice de l’iode radioactif,. Enfin, nous comptons, grâce à une nouvelle méthodologie, produire des estimations de risque de cancer radio-induit par dose et par volume irradié.

Florent de Vathaire, directeur de l¹équipe Epidémiologie des cancers unité d’INSERM (UMR1018)

Florent de Vathaire vient de publier les résultats d¹une étude portant sur
les cancers de la thyroïde attribuables aux essais nucléaires menés en
Polynésie française entre 1966 et 1974.
Après un diplôme de l¹Ecole pratique des hautes études et une thèse en
biomathématiques et biostatistiques obtenus en 1984, Florent de Vathaire a
fait ses premières armes à l¹IGR, puis à l¹Inserm. Il a complété sa
formation par un master en radiobiologie avant de consacrer ses recherches
au lien entre cancers et exposition aux radiations ionisantes ¬ un domaine
qui nécessite d¹allier la persévérance à une approche pluridisciplinaire !
Dès 1995, il s¹intéresse aux cancers et leucémies apparus dans la zone de
retombées des essais nucléaires en Polynésie française. Nommé directeur de
recherche en 2000, il se concentre alors sur le cancer de la thyroïde. «
Nous avons décidé de réaliser une étude cas-témoins, qui seule permettait de
mettre en évidence le rôle des essais nucléaires après ajustement de tous
les autres facteurs. L’estimation de la dosimétrie a été effectuée en se
basant sur les questionnaires et sur une reconstitution des retombées des
essais à partir de données que la France avait remises aux Nations Unies et
des données météorologiques », indique-t-il.

Des cancers de la thyroïde en légère hausse

L¹étude révèle une augmentation du risque de cancer en rapport avec le
niveau de radioactivité reçu par la thyroïde avant l¹âge de 15 ans. Sur 229
cas, une dizaine sont attribuables aux essais nucléaires. Chez des femmes
exposées aux radiations pendant l¹enfance, le risque de développer un cancer
de la thyroïde augmente avec le nombre de grossesses. Une déclassification
des données détenues par l¹armée française pourrait permettre d¹affiner la
dosimétrie…
Parallèlement à ces travaux, l¹équipe Epidémiologie des cancers, qu¹il
dirige depuis 2005, a affirmé son expertise en matière de quantification des
risques. Les logiciels qu¹elle a développés pour estimer les doses de
radiations reçues par la thyroïde chez 7000 femmes traitées pour un cancer
du sein sont utilisés dans plusieurs pays. Elle a mené différentes études
sur les pathologies radioinduites et suit deux cohortes importantes, dont
l¹une de près de 4500 enfants traités à l¹IGR pour un cancer avant 1985. En
projet, la constitution d¹une cohorte pour étudier l¹impact des scanners
pratiqués durant l¹enfance sur les cancers de l¹adulte.

En savoir plus :
L¹équipe Epidémiologie des cancers, UMR 1018
http://www.igr.fr/fr/page/equipe-3-umr-1018_401
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