Troubles de la thyroïde : bronca contre le changement de formule du Levothyrox

Article du Bien Public Dijon

Une pétition a recueilli de nombreux témoignages et signatures sur des effets indésirables. Mais l’ampleur du phénomène est difficilement quantifiable.

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  • Le 18/08/2017 à 05:00
  • mis à jour à 08:26
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Le laboratoire Merck a changé la composition du Levothyrox en mars dernier. Photo capture d’écranLe laboratoire Merck a changé la composition du Levothyrox en mars dernier. Photo capture d’écran

Plus de 32 000 signatures et 11 000 commentaires listant des effets indésirables : vertiges, maux de tête et de ventre, fatigue, perte de cheveux, troubles du sommeil… C’était le bilan, hier soir, d’une pétition demandant au laboratoire Merck de revenir à l’ancienne formule du Levothyrox, un médicament utilisé dans les troubles de la thyroïde.

C’est l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui a sollicité cette nouvelle formule afin de « garantir une stabilité plus importante de la teneur en substance active », la lévothyroxine, dont les fluctuations d’une boîte à l’autre pouvaient avoir de lourdes conséquences sur certains patients parvenant difficilement à l’équilibre hormonal. Le Levothyrox est ainsi un médicament dit à « marge thérapeutique étroite », c’est-à-dire qu’une légère variation de sa concentration peut entraîner des effets indésirables.

L’autre changement a porté sur un excipient « à effet notoire », le lactose, supprimé au profit du mannitol, utilisé aussi dans l’alimentation.

Un contrôle de la TSH recommandé

Lors de la mise en circulation fin mars, sous un nouveau packaging, l’ANSM assurait qu’« aucun changement lié à la modification de formule n’était attendu pour les patients », mais conseillait de réaliser des dosages de contrôle de l’hormone stimulant la thyroïde, la TSH, chez certains patients parmi lesquels ceux ayant un équilibre hormonal difficile à atteindre. Cinq mois plus tard, c’est donc la bronca sur le net. Sur le site «Mes Opinions», les patients égrènent leurs symptômes, certains mettent en cause la nouvelle formule comme Margot, de Lons (64), qui se dit intolérante au mannitol, d’autres se plaignent de ne plus être stabilisés…

Pour l’ANSM, la plupart des symptômes évoquent les troubles liés à une non-stablisation. L’agence conseille à nouveau de consulter un médecin pour pratiquer des dosages et adapter la posologie, en précisant que, depuis mars, l’enquête de pharmacovigilance n’a montré « aucun signal en termes de sécurité d’emploi » (1). Au sein de la Grande Pharmacie lyonnaise (3 500 clients/jour), les pharmaciens – qui ont informé leurs clients à la suite d’une fiche technique de Merck – ne notent pas d’augmentation de plaintes. Il est donc difficile à l’heure actuelle d’évaluer la proportion de patients concernés parmi les 3 millions d’utilisateurs du Levothyrox.

D’une manière générale, cette affaire met aussi en lumière des dysfonctionnements dans la communication, comme dans d’autres affaires sanitaires. Plusieurs patients se plaignent de n’avoir été informés ni par leur médecin, ni par leur pharmacien du changement de formule. Le service de presse de l’ANSM nous a assuré hier avoir diffusé largement l’information par « plusieurs canaux » aux professionnels de santé (médecins généralistes, endocrinologues, etc.), mais quand nous avons essayé de recueillir l’avis d’un endocrinologue hospitalier au CHU de Lyon, il nous a été répondu qu’il n’était pas au courant du changement de formule…

(1) Pour signaler des effets indésirables : signalement.social-sante.gouv.fr

Sylvie Montaron

signez la pétition en ligne

https://www.mesopinions.com/petition/sante/contre-nouveau-levothyrox-dangereux-patients/31185

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