Vous ne devinerez sûrement pas le rapport entre cet incendie et votre thyroïde.Et c’est parfaitement normal !Il est loin d’être évident.Pourtant, il continue à faire des ravages.Surtout, c’est un élément clé qui pourrait expliquer que les troubles de la thyroïde… ont été multipliés par 9 en 60 ans ! Cette découverte majeure, on la doit à un…Chat en hyperthyroïdie : l’alerte est lancée pour votre glande papillon !La chimiste américaine Arlene Blum[1] voit son chat Midnight maigrir de jour en jour.Le vétérinaire lui diagnostique une hyperthyroïdie.Il est perplexe : les chats n’en font pas habituellement[2].Surtout, Midnight n’est pas le premier : le vétérinaire est face à une véritable épidémie d’hypothyroïdies !Il prélève du sang au chat… et de la poussière de l’aspirateur de la chimiste.Les résultats sont stupéfiants : un taux de retardateurs de flamme excessivement élevé… (Je vous explique dans un instant ce que c’est)Mais si la thyroïde du chat Midnight est attaquée, imaginez ce qu’il en est pour celle de sa propriétaire !Pas de bol : Arlene Blum est l’une des meilleures spécialistes des perturbateurs endocriniens, et notamment du brome[3].Dans les années 1970, elle s’était illustrée en dénonçant le scandale des pyjamas pour enfants ignifugés au Tris-phosphate, un retardateur de flamme.Vanté comme un ‘’progrès’’, le Tris était même un argument de vente[4] !Jusqu’à ce qu’Arlene Blum publie une étude qui eut l’effet d’une bombe[5].Les fabricants de retardateurs de flamme avaient dû céder : le Tris avait été interdit en 1977 en Californie, et les pyjamas retirés des rayons.Ce premier combat des pyjamas gagné, Arlene Blum est obligée de reprendre les armes, 26 ans plus tard.Si son chat a déclenché une hypothyroïdie, c’est que d’autres retardateurs de flamme avaient pris le relais et continuaient à empoisonner allègrement sa santé.Qu’à cela ne tienne !Une nouvelle fois, elle se mobilise contre le puissant lobby de la chimie qui avait senti le juteux filon…Pour vous protéger d’un terrible incendie… leur faites-vous vraiment confiance ?Avoir peur des incendies est parfaitement normal… et les industriels l’ont bien compris.Alors, pour ‘’protéger’’ la population contre ce risque majeur, ils ont mis au point ce qu’on appelle des retardateurs de flamme, des composés chimiques à base de brome (RFB)[6].En théorie, ils servent à ce que nos objets du quotidien s’enflamment moins rapidement.C’est pourquoi, vous en trouvez à peu près partout dans votre maison[7] :Plastiques, textiles, appareils ménagers, équipements électriques… tout y passe[8] !Massivement utilisés, ils sont aussi persistants dans l’air et l’environnement que dans votre corps.C’est pourquoi l’exposition indirecte, via votre alimentation, est devenue une autre forme de contamination.Ces composants sont lipophiles et s’accumulent dans les graisses[9]. (C’est pourquoi on en trouve dans le beurre, les poissons gras, les mollusques…).Invisibles, inodores et persistants, ils sont particulièrement redoutables, notamment…Votre thyroïde déboussolée par les polybromésLeur gros problème, c’est que leur structure chimique est quasiment identique à celle de votre hormone thyroïdienne.Regardez plutôt :Légende : extrait du livre de Corinne Lalo, Le Grand désordre hormonal, p.442 Problème n°1 : Les dérivés bromés imitent votre hormone thyroïdienne naturelle (la T4) et la leurre.Les deux se font alors concurrence et bloquent les récepteurs de la protéine de transport de l’hormone thyroïdienne (la transthyrétine). Conséquence n°1 : vos taux de T4 chutent. Problème n°2 : sous l’effet des polybromés, l’enzyme qui convertit votre T4 en T3, est inhibée. Conséquence : votre rapport T3 sur T4 diminue.Votre thyroïde y voit un ‘’air de famille’’, alors qu’en réalité, elle court un grave danger !Mais ce n’est pas tout !D’autres études suggèrent que les polybromés pourraient provoquer des thyroïdites auto-immunes, de même que des hypofonctionnements[10].Et si vous êtes post-ménopausée, c’est encore pire !Des chercheurs ont aussi montré que les femmes qui avaient des taux de polybromés[11] élevés dans le sang étaient aussi bien plus à risque de souffrir de troubles thyroïdiens.L’ampleur de l’effet était multipliée par deux chez les femmes post-ménopausées[12] !La raison est simple : les PBDE perturbent l’activité des œstrogènes.Or, vous le savez bien, les œstrogènes régulent vos hormones thyroïdiennes.Et à la ménopause, le taux d’œstrogènes est en chute libre. Pas étonnant donc que les problèmes de thyroïde explosent avec la ménopause !C’est pourquoi comme les femmes enceintes ou les enfants, les femmes de plus de 55 ans sont particulièrement à risque.Mais ce n’est pas le pire de toute cette histoire…Le lobby des retardateurs de flamme a bien trop joué avec le feu !Car, en 2015, le couperet tombe. Il n’existe aucune preuve de l’efficacité des retardateurs de flamme… contre les incendies[13] !C’est l’autorité sanitaire française, l’Anses, qui le dit dans un rapport[14].Douche froide.Pire, en Grande-Bretagne, des études montrent que ces retardateurs augmenteraient même le risque de décès en cas d’incendie en raison des gaz toxiques[15] !Dans l’Union européenne, depuis 2003, deux retardateurs de flamme sont désormais interdits à la vente (s’ils ont une concentration supérieure à 0,1 % en masse)[16].En outre, depuis juillet 2006, tous les nouveaux équipements électriques et électroniques ne peuvent plus contenir de PBB ou de PBDE, quelle que soit la concentration.Deux ans plus, un autre mélange de PBDE a également été interdit.Malgré cette réglementation, ces retardateurs de flamme continuent de vous mettre en danger… pour RIEN…Protégez-vous des retardateurs de flamme, votre thyroïde vous remerciera !Pour limiter votre exposition à ces perturbateurs endocriniens majeurs, plusieurs conseils :aérez quotidiennement votre logement, au moins 30 minutes, été comme hiver (l’air ambiant et les poussières en sont saturés) ;privilégiez les produits et les meubles rembourrés avec du coton, du polyester ou de laine, plutôt qu’avec de la mousse de polyuréthane. Optez également pour des meubles étiquetés « sans retardateur de flamme » ;évitez d’acheter des produits, jouets ou électroménagers, qui n’ont pas été fabriqués en Union européenne ;ne laissez pas la poussière s’accumuler dans votre intérieur car elle contient énormément ;lavez toujours les vêtements, draps, peluches synthétiques neufs avant utilisation (les molécules se dispersent dans l’air surtout les 3 premiers mois de la vie d’un objet neuf) ;si vous connaissez des femmes enceintes, déconseillez-leur d’acheter une voiture neuve… (l’habitacle est l’endroit où la concentration est très élevée).En outre, comme ces retardateurs à base de brome empêchent aussi de capter l’iode, indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes :veillez à avoir un apport suffisant en iode en mangeant régulièrement des algues (sauf la spiruline), des produits de la mer (poissons, crustacés, foie de morue, oeufs de poissons…) ;limitez votre consommation en aliments goitrogènes, qui inhibent la captation de l’iode, comme les choux, le navet, le radis, la patate douce ou encore le soja.Retenez enfin que ces polybromés se bioaccumulent (ils se transmettent même dans le lait maternel !), et qu’ils ont un effet « cocktail » avec tant d’autres perturbateurs endocriniens.Mais au moins maintenant, vous savez un peu mieux vous en protéger !Prenez soin de vous,Laurence Secchi, avec Catherine Lesage