Deux nouveaux cancers liés à l’amiante reconnus en maladie professionnelle : « Une avancée mais… »

Le lien entre amiante et ces deux types de cancer était connu depuis longtemps. Les cancers du larynx et de l’ovaire, provoqués à la suite d’« inhalation de poussières d’amiante », sont depuis ce dimanche 15 octobre officiellement reconnus, par décret, en maladies professionnelles. Les malades pourront être mieux indemnisés.

Le décret liste treize types de travaux susceptibles de provoquer ces maladies.
Le décret liste treize types de travaux susceptibles de provoquer ces maladies. | OUEST FRANCE

Voir en plein écranOuest-FranceMarion DUBOIS.Publié le 15/10/2023 à 18h05

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Depuis 2009, le Centre international de recherches du cancer avait reconnu le lien entre l’amiante et le développement de ces deux types de cancer : larynx et ovaires. Mais c’est seulement, ce dimanche 15 octobre 2023, qu’un décret a été publié au Journal officiel et reconnaît comme maladie professionnelle, les cancers du larynx et de l’ovaire, provoqués à la suite d’inhalation de poussières d’amiante. 

Mi-août, ils avaient déjà été reconnus comme maladie professionnelle agricole. Cette fois, le décret du 14 octobre 2023 « crée pour le régime général de la Sécurité sociale un tableau des maladies professionnelles ».

« C’est une avancée car on aura moins de difficultés à faire reconnaître ces pathologies » , exprime Alain Bobbio, secrétaire national de l’Association nationale de défense des malades de l’amiante et autres maladies professionnelles (Andeva).

Des cancers « sous-déclarés et sous-reconnus »

Des cancers, « sous-déclarés et sous-reconnus  », quand ils sont liés à une exposition professionnelle à l’amiante, avait estimé l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’an dernier.

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L’amiante, utilisé pendant plusieurs décennies au cours du XXe siècle dans la construction de bâtiments, est désormais interdit dans de nombreux pays comme la France, depuis 1997, en raison de ses effets dangereux pour la santé. 78 % des cancers professionnels reconnus dans les États membres de l’UE sont liés à l’exposition à l’amiante.

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Obtenir une indemnisation

En plus du combat contre le cancer, celui pour le faire reconnaître comme maladie professionnelle « est effrayant » confirme Alain Bobbio. Quand la maladie n’a pas de tableau, « il faut se rapprocher du CRMP (Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles) » .

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Avec ce décret, les travailleurs éligibles « peuvent se rapprocher de leur caisse primaire d’Assurance-maladie pour déposer une demande d’indemnisation et obtenir une reconnaissance de leur pathologie en maladie d’origine professionnelle », ajoute le décret. Il précise que la prise en charge est de trente-cinq ans (sous réserve d’une durée d’exposition de cinq ans).

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Remonter son passé professionnel

Les associations peuvent aider les malades à constituer ou vérifier leur dossier. « Il faut bien que le certificat médical initial précise le caractère primitif du cancer » , explique Alain Bobbio. Traduction : le cancer ne vient pas d’une métastase mais est né dans l’ovaire ou le larynx en l’occurrence. « Les associations peuvent aussi aider à remonter le passé professionnel du malade pour l’aider à documenter la façon dont il était exposé à l’amiante » , conseille Alain Bobbio.

Le mésothéliome et le cancer bronchopulmonaire étaient déjà reconnus comme maladie professionnelle liée à l’amiante. Pour ces deux nouveaux cancers, le décret liste treize types de travaux susceptibles de provoquer ces maladies : travaux directement associés à la production des matériaux contenant de l’amiante, ceux nécessitant l’utilisation d’amiante en vrac, travaux de retrait d’amiante, de pose et de dépose de matériaux isolants à base d’amiante…

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