L’Anses sévit contre un herbicide pour protéger les enfants
L’Anses exige une réduction d’au moins 40% des doses maximales de prosulfocarbe appliquées à l’hectare dès le 1ᵉʳ novembre. – Wikimedia Commons/CC BY 2.0/Chafer machinery
En pleine saison de désherbage dans les champs de céréales, les agriculteurs qui utilisent du prosulfocarbe — le deuxième herbicide le plus utilisé, après le glyphosate — vont devoir revoir leurs pratiques. La raison ? Protéger les enfants riverains d’une exposition potentiellement dangereuse.
Au terme d’une nouvelle évaluation des risques de ce pesticide, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a constaté que les seuils de sécurité pouvaient être dépassés pour les enfants, principalement dans le cas d’une exposition par voie cutanée.
Une réduction d’au moins 40 % des doses
L’agence exige, à compter du 1ᵉʳ novembre prochain, une réduction d’au moins 40 % des doses maximales appliquées à l’hectare. Les agriculteurs sont également sommés d’utiliser des buses « permettant une réduction de 90 % de la dérive de pulvérisation » et de respecter une distance de sécurité de 10 mètres avec les zones d’habitation, ou 20 mètres le temps de s’équiper de ces buses plus performantes.
L’Anses laisse par ailleurs jusqu’au 30 juin 2024 à Syngenta, détenteur des autorisations de mise sur le marché (AMM), pour démontrer que ces nouvelles conditions d’emploi réduisent bien l’exposition des riverains. « En cas d’absence de démonstration probante, les autorisations seront retirées sans aucun délai », conclut l’Agence.
« Comment ne pas être horrifiés par ces chiffres ! »
« Dans les conditions de pulvérisations actuelles, l’exposition des enfants correspondait, pour certains usages, à plus de cinq fois la valeur toxicologique de référence, dénonce Eaux et Rivières de Bretagne dans un communiqué. Comment ne pas être horrifiés par ces chiffres ! »
L’association rappelle la nécessité d’interdire cette molécule dont l’extrême volatilité peut affecter les récoltes bio, même si elles sont implantées à plusieurs kilomètres du site d’épandage, comme Reporterre le racontait fin septembre.
Générations Futures salue, de son côté, ces premières mesures, mais s’interroge sur leur efficacité réelle. Elle se demande aussi pourquoi ce risque d’exposition sur les enfants n’a pas été identifié avant. « Depuis 2016, l’évaluation du risque pour les riverains doit être menée de façon obligatoire selon une méthodologie européenne avant la mise sur le marché des produits. Or plusieurs produits contenant du prosulfocarbe ont été autorisés en France après 2016 », remarque l’ONG. Un risque pour les riverains et les enfants qui aurait dû être identifié depuis longtemps, selon elle.
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