Cancérologue, il se bat pour soigner les malades avec des médecines douces

Publié le 08/10/2023 à 14h25

Écrit par Noémie Gaschy

Jean-Philippe Wagner croit au mariage entre la médecine scientifique et la médecine douce.
Jean-Philippe Wagner croit au mariage entre la médecine scientifique et la médecine douce. • © Baptiste Garguy-Chartier / France Télévisions

Jean-Philippe Wagner est oncologue depuis plus de trente ans. En complément des traitements qu’il prodigue aux patients atteints d’un cancer, il plaide pour le développement des pratiques non-conventionnelles de santé. Un point de vue encore confidentiel qui commence à se faire entendre.

Il en est persuadé et veut le faire savoir, la médecine douce a un rôle à jouer dans la prise en charge du cancer. Une conviction qui n’a rien d’incompatible avec sa profession d’oncologue, assure Jean-Philippe Wagner. Bien au contraire, elle serait née de ses années d’expérience auprès des malades.

« Quand on est jeune, on ne pense que protocole, protocole, protocole. Et puis à un moment donné, on se demande pourquoi cette personne qui aurait dû mourir n’est pas morte. Je me suis rendu compte qu’à chaque fois, les personnes faisaient appel à des médecines douces. Ça m’a intrigué, j’ai cherché, j’ai compris, j’ai développé », explique-t-il.

Ce qui ferait la différence selon lui, c’est la mise en place de systèmes d’autoguérison des patients, en complément des traitements. Le cancérologue alsacien, pionnier des soins palliatifs en France il y a plus de vingt ans, est donc devenu un grand défenseur de la médecine intégrative.

« Je les brûle, je les empoisonne et derrière, j’évite d’ajouter des effets secondaires aux effets secondaires »Jean-Philippe Wagner

Oncologue

Une approche qui réunit biomédecine et interventions non-pharmacologiques pour améliorer le bien-être des malades et réduire la douleur notamment. « Je les brûle, je les empoisonne et derrière, j’évite d’ajouter des effets secondaires aux effets secondaires causés par la chimiothérapie », résume-t-il, un brin narquois.

Un accompagnement physique, psychologique et émotionnel

Acuponcture, homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, gemmothérapie, zoothérapie ou encore sophrologie, diététique émotionnelle, socio-esthétique, réflexologie plantaire… Il existe 450 pratiques non conventionnelles sur terre, indique Jean-Philippe Wagner.

Avec ses collègues de la société française d’oncologie intégrative, il travaille à retenir un tiers de ces pratiques pour les faire reconnaître : « Elles vont devenir des interventions non-pharmacologiques, prouvées par la science et intégrées dans le parcours de soin des patients comme des soins de support, qui viennent en complément des soins de chimio- ou radiothérapie et d’autres thérapeutiques. L’objectif, c’est de publier des référentiels pour dire aux malades quels sont les thérapeutes autorisés à pratiquer et à les accompagner. « 

Une prise en charge holistique pour un accompagnement physique, psychologique et émotionnel à la fois. Le médecin prend l’exemple des neuropathies, effet secondaire majeur des chimiothérapies dans le cas du cancer du sein notamment. Seuls 10% des patients qui en souffrent seraient pris en charge. Et pourtant, la neuropathie est très invalidante et douloureuse. Elle provoque des pertes d’équilibre, des chutes, des difficultés à marcher tout simplement. D’où les interventions non-pharmacologiques pour soulager sans causer de nouveaux effets secondaires.

Le cancer ne se guérit pas avec des plantes

Aux Etats-Unis, cette vision basée sur la médecine intégrative existe depuis 30 ans. En France, elle est apparue il y a 10 ans, mais ils ne sont encore qu’une poignée de cancérologues à la défendre. Une certaine frilosité qui peut s’expliquer par les dérives observées en la matière, mais Jean-Philippe Wagner est catégorique : non, le cancer ne se guérit pas avec des plantes.

L’homéopathie aide le patient, mais il faut être humble, elle n’a jamais guéri personne.Jean-Philippe Wagner

Oncologue

« Il n’y a pas d’alternative en cancérologie. La prise en charge via chimiothérapie ou immunothérapie est indispensable. C’est pour cela qu’on parle de cancérologie intégrative. Les soins de support viennent en complément de la prise en charge, pas à sa place. L’homéopathie aide le patient, mais il faut être humble, elle n’a jamais guéri personne. Par contre, la chimiothérapie peut guérir. »

L’oncologue, aujourd’hui à la tête de l’institut de cancérologie Andrée Dutreix à Dunkerque après des études à Strasbourg, partage ses convictions et son combat dans sa biographie, Les tribulations d’un cancérologue, parue aux Éditions Bastian en 2022.

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