L’édito de Paul Quinio

Canicules marines : l’océan brûle et nous regardons ailleurs

L’eau, une ressource essentielle et menacée

Les canicules marines, dévastatrices pour la biodiversité et à l’origine de phénomènes météorologiques extrêmes, nous rappellent l’urgence de remettre la science au centre du village, là où se fabrique la décision politique.

A Ouessant, le 1er mai 2023. Les canicules marines alimentent le cycle infernal du réchauffement climatique tant le rôle de régulateur des océans est perturbé. (Marguerite Bornhauser)

par Paul Quinio

publié le 23 juin 2023 à 19h58

«Ce qui est déprimant pour un chercheur, c’est de constater que tout ce qui est prévu dans les modèles climatiques depuis trente ans ou quarante ans se réalise.» Ainsi parle, dans Libération, Catherine Jeandel, chercheuse au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales du CNRS. Elle commente auprès de notre spécialiste les chiffres affolants qui mesurent depuis quelques semaines les canicules marines. Pour résumer : les océans bouillent, et particulièrement l’Atlantique Nord. Le grand public, en France, a compris l’été dernier que les mégafeux sur terre se produiront aussi dans nos contrées longtemps baptisées tempérées. Et il va devoir cette année se familiariser avec ces mégafeux aquatiques aux conséquences catastrophiques. Car il n’y a évidemment aucune raison de se réjouir de pouvoir, en juin, au nord de la Bretagne, tremper son gros orteil, puis le reste, sans tortiller du popotin pendant une demi-heure.

Les canicules marines sont dévastatrices pour la biodiversité, modifient les déplacements de certaines espèces, provoquent des tempêtes, ouragans et autres cyclones. Elles alimentent surtout le cycle infernal du réchauffement climatique tant le rôle de régulateur des océans est perturbé. On comprend la déprime du chercheur lanceur d’alerte : l’océan brûle et nous regardons ailleurs. Il y a donc urgence à remettre la science au centre du village, là où se fabrique la décision politique. Emmanuel Macron, à juste titre, insistait régulièrement, durant la période du Covid-19, sur l’importance de faire confiance à la science. La lutte contre le dérèglement climatique l’impose tout autant. Sans aveuglement, mais résolument. Malheureusement, le chef de l’Etat donne souvent le sentiment d’oublier ses propres recommandations, et de ranger ce principe dans le tiroir, loin, très loin des contraintes, discours, entreprises de lobbying court-termistes, essentiellement économiques. Dommage. Car si la phrase de la chercheuse Catherine Jeandel est effectivement déprimante, son message profond est aussi source d’espoir

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