Ses vaches souffrent des ondes électromagnétiques, un agriculteur ornais assigne Enedis en justice
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Lundi 7 novembre 2022 à 7:23
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Alain Crouillebois est agriculteur dans l’Orne. Il estime qu’Enedis est responsable de la baisse de rendement qui a frappé son exploitation agricole il y a quelques années. En cause, l’installation d’une ligne souterraine de 20 000 volts et d’un transformateur à 20m de ses vaches.
Ces dernières années, des centaines de vaches sont mortes à proximité de réseaux électriques en France, d’autres sont perturbées au point de ne plus pouvoir produire un lait de qualité ! C’est ce qui est arrivé à l’exploitation d’Alain Crouillebois, éleveur et gérant d’une ferme à La Baroche-sous-Lucé (Orne) au sud de Flers. Ce producteur de lait estime qu’Enedis est responsable de la large baisse de rendement qui a frappé son exploitation agricole en 2011. En cause ? L’installation quelques mois plus tôt d’une ligne souterraine de 20 000 volts et d’un transformateur implantés à quelques mètres de son troupeau de vaches.
Mes frais de véto passaient de 8 000 euros à 24 000 euros par an. Je perdais 50 000 euros à l’année.
Son problème est aujourd’hui réglé, la ligne moyenne tension et le transformateur ont été déplacés il y a 3 ans, mais il réclame aujourd’hui la réparation des préjudices subis, soit près d’un million d’euros. L’agriculteur a donc assigné en justice le gestionnaire du réseau électrique. Le tribunal a mis sa décision en délibéré ce lundi 7 novembre 2022.
Une association pour les agriculteurs touchés
Malgré 10 ans à se battre contre Enedis, Alain Crouillebois ne lâche rien. Il veut aller au bout de sa démarche pour servir d’exemple. Vice-président de l’ANAST, l’Association Nationale Animaux Sous Tension (une association d’agriculteurs victimes des ondes électromagnétiques), il partage son vécu en espérant faire avancer les normes.
« J’attends une prise de conscience des pouvoirs publics sur cette problématique-là. L’énergie est primordiale pour l’État, car c’est d’intérêt public. Alors, il y a des dommages collatéraux et ce sont les agriculteurs qui en font les frais. Il faudrait qu’à partir du moment où un ouvrage est implanté, il faudrait que les opérateurs s’engagent à couper cet ouvrage-là sur une durée d’un ou deux mois pour voir si l’élevage repart normalement. Si jamais l’élevage ne se comporte pas convenablement, l’opérateur devrait s’engager à faire des modifications sur ces ouvrages, quitte à déplacer la trajectoire ou alors repasser l’électricité en aérien. C’est ce que j’ai fait chez moi, ça m’a coûté 63 000 € ».
Sollicité par France Bleu Normandie, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis n’a pas donné suite à notre requête. Un communiqué du groupe est prévu après l’audience.