La consommation d’édulcorants est « associée » à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, selon une étude

Les chercheurs ont analysé les données de santé de plus de 100 000 adultes participants à l’étude française NutriNet-Santé au regard de leur consommation globale de ce type d’additifs alimentaires.

Illustration édulcorants. (GARO / PHANIE / VIA AFP)
Illustration édulcorants. (GARO / PHANIE / VIA AFP)

La consommation totale d’édulcorants est « associée » à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. C’est ce que mettent en lumière les résultats d’une étude d’une équipe de recherche de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et de l’Université Sorbonne Paris Nord publiée jeudi 8 septembre, à paraître dans le British Medical Journal.

Les chercheurs et chercheuses, réunis au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren), se sont intéressés aux conséquences de la consommation d’édulcorants sur la santé. Ils ont analysé les données de santé de 103 388 adultes participants à l’étude française NutriNet-Santé au regard de leur consommation globale de ce type d’additifs alimentaires.

Un risque accru de maladies cardiovasculaires

Les chercheurs et chercheuses avaient déjà démontré que les édulcorants dans les boissons et dans la nourriture étaient associés à un risque de cancer. Cette fois, ils ont examiné les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires (maladies coronariennes et maladies cérébrovasculaires).

Les édulcorants sont, par exemple, présents dans certains produits laitiers et une multitude d’aliments allégés. Les participants à l’étude, des volontaires, ont notamment renseigné leurs antécédents médicaux, leurs activités physiques ou encore leur mode de vie et leur état de santé. Leurs consommations alimentaires ont été également été prises en compte pendant 12 ans afin d’évaluer précisément leurs expositions aux additifs, et notamment aux édulcorants.

De 2009 à 2021, ils ont croisé les profils des participants à l’étude avec leurs habitudes de consommations, (alcool, sodium, acides gras saturés et polyinsaturés, fibres, sucre, fruits et légumes et viande rouge et transformée). Ils ont ainsi déduit que la consommation d’édulcorants est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires. « Ceux qui consommaient au départ plus d’édulcorants avaient, au fil du temps, plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire« , a constaté le docteur Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude.

Pas encore de lien de cause à effet

Infarctus, hypertension, AVC, le lien avait déjà été établi pour les boissons avec des édulcorants, de l’aspartame notamment. Les chercheurs montrent ici pour la première fois que cela vaut aussi pour tous les aliments contenant des édulcorants, les sucrettes, les yaourts dits light, et en général tous les plats allégés.

Tout cela est au conditionnel, car les chercheurs n’ont établi pour le moment qu’une « association », pas encore de lien de cause à effet. « Consommer de temps en temps des édulcorants ne sera pas dangereux pour la santé », tient à souligner Mathilde Touvier. « L’important est de ne pas en consommer trop souvent et en de trop grandes quantités. » Mais elle alerte : « Les sucres, ce n’est pas mieux que les édulcorants. Les recommandations des instances sanitaires, c’est d’essayer globalement de limiter le gout sucré dans l’alimentation, donc à la fois le sucre et l’aspartame. »

Ces résultats doivent encore être confirmés par d’autres études à grande échelle. Mais ils « ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre », souligne les auteurs de l’étude. Les chercheurs espèrent désormais comprendre quels mécanismes les édulcorants déclenchent dans le corps humain.

Vous aimerez aussi...