« Nous voulons vivre en bonne santé sur une planète saine » : l’appel des patients au soutien des professionnels de santé
PUBLIÉ LE 21/01/2022
En ce début d’année présidentielle, le CISE (Collectif inter-associatif pour la santé environnementale) lance une grande campagne pour « exiger une véritable politique de santé dans notre pays ». Ses animateurs, appuyés par une quarantaine d’associations souhaitent s’appuyer sur les professionnels de santé pour faire circuler une pétition. Objectif : mobiliser sur les causes des maladies chroniques.
Crédit photo : GARO/PHANIE
CONTRIBUTION – Bonne santé, bonne année ! Depuis plusieurs années, les professionnels du soin et les associations tirent la sonnette d’alarme sur la dérive de notre système de santé : manque de moyens à l’hôpital, déserts médicaux, consultations en médecine de ville de plus en plus complexes…
La pandémie de COVID-19 a encore aggravé cette situation et joué le rôle de révélateur des carences graves d’un système qui ne tient que grâce à l’abnégation admirable des personnels et professionnels du soin.
Si ces difficultés structurelles ont des causes multiples, certaines intrinsèques à l’organisation du soin et au manque de moyens, d’autres sont plus profondes, en lien avec l’épidémie de maladies chroniques qui s’observe depuis ces dernières décennies.
Un système trop centré sur le soin
Cancer, diabète, obésité, asthme, hypertension, insuffisance cardiaque, troubles de la thyroïde, maladies neurodégénératives, douleurs chroniques, dépression, autisme… : vingt et un millions de personnes, un Français sur trois est concerné ! Deux tiers des dépenses de santé y sont consacrés. Cette dégradation conduit à des drames humains qui pourraient être évités et, qui, si rien n’est fait, conduira à la faillite de notre système médical et social, à l’accroissement des inégalités sociales et géographiques et à l’épuisement des personnels soignants.
Paradoxalement, alors que la santé est sans aucun doute notre bien le plus précieux, notre société ne se mobilise pas efficacement contre les causes des maladies chroniques non transmissibles et de l’infertilité qui frappent une part de plus en plus importante de la population. Ce déni des causes empêche toute action de prévention et de réduction des risques et conduit à un système centré sur le soin plus que sur la santé elle-même.
De nombreux facteurs de risques
Le vieillissement de la population ne peut expliquer à lui seul cette situation. Au-delà du tabac et de l’alcool, de nombreux autres facteurs de risques environnementaux plombent notre santé, le système de soins et la Sécurité sociale : toxiques chimiques, pesticides, perturbateurs endocriniens, additifs alimentaires, métaux lourds, fibres et particules fines, microplastiques, nanomatériaux, bruit, champs électromagnétiques, temps d’écran… les lieux où nous habitons, étudions, travaillons, nos produits de toilette et cosmétiques, de ménage et de lessive, certains produits de santé, etc., jusqu’au lait maternel et au cordon ombilical des enfants à naître. L’impact de ces facteurs environnementaux sur l’épidémie de maladies chroniques est aujourd’hui scientifiquement établi.
De plus, ces maladies, pourtant évitables, nous fragilisent face aux pandémies : les victimes du Covid sont prioritairement les personnes atteintes d’obésité, de diabète, de maladies. Chacun de nous connaît dans son entourage au moins une personne souffrant de diabète, d’asthme, atteinte par un cancer, ou est lui-même directement concerné.
Cette situation dramatique est d’autant plus intolérable lorsqu’elle touche des enfants ou des jeunes. C’est l’avenir qu’on assassine.
Les écosystèmes étant aussi directement impactés, la crise sanitaire se conjugue à la crise de la biodiversité.
L’urgence d’une expertise internationale
Ceci n’est pas une fatalité. Il est possible d’agir pour un environnement plus sain, qui nous permette de mieux vivre : les connaissances scientifiques doivent être traduites en actes qui nous protègent vraiment, nous, nos enfants et la planète. L’action au niveau national est une exigence démocratique mais elle n’est pas suffisante dans notre monde interdépendant. Comme pour la crise climatique et pour la crise de la biodiversité, un groupe d’experts internationaux doit être constitué pour éclairer les décisions publiques en la matière.
En cette période de vœux de bonne santé, et à la faveur d’un contexte politique unique – présidence française de l’Union européenne et élections nationales, le Collectif Inter-associatif pour la santé environnementale entend faire entendre la voix des citoyens pour placer la bonne santé au cœur des objectifs de santé publique pour enrayer l’épidémie de maladies chroniques et d’infertilité.
Nous invitons les professionnels de la santé à s’engager à nos côtés, en faveur d’une politique de la « bonne santé » et pour la création d’un « GIEC » de la santé environnementale en soutenant la campagne-pétition « Bonne santé, bonne année : Nous voulons vivre en bonne santé dans un environnement sain ».
Lien vers la pétition : agir.greenvoice.fr
Cette contribution n’a pas été rédigée par un membre de la rédaction du « Quotidien » mais par un intervenant extérieur. Nous publions régulièrement des textes signés par des médecins, chercheurs, intellectuels ou autres, afin d’alimenter le débat d’idées. Si vous souhaitez vous aussi envoyer une contribution ou un courrier à la rédaction, vous pouvez l’adresser à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.Signataires : Gérard Bapt et Chantal Lhoir, porte-parole de l’Association Française des Malades de la Thyroïde Michel Besnard, président du Collectif de soutien des victimes des pesticides de l’Ouest René Cadot, président de l’association Action santé solidarité André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé Dr Alain Collomb, membre du bureau de l’Association santé environnement France (ASEF) et président de Santé environnement Provence Jean-Michel Chiapello, porte-parole du RésoA+ Dr Nathalie Delphin, présidente du Syndicat des Femmes Chirurgiens Dentistes (SFCD) Laure Ducos, Greenpeace France Sarah Durocher et Caroline Rebhi, Le Planning Familial Dr Mallory Guyon, co-fondatrice du Coll’Air Pur Santé et porte-parole du Collectif Environnement Santé 74 Sylvie Hermans, porte-parole du Collectif Santé sans ondes Dr Lamia Kerdjana, présidente de Jeunes Médecins Ile-de-France Christian Khalifa, président d’Indecosa-CGT Philippe Ladougne, Fondateur de l’association Warrior Enguerrand Laurent Lalo, Fondateur du Collectif Regards Didier Lambert, président de l’Association d’Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages (E3M) Dr Patrick Lemettre, délégué du syndicat des Médecins Généralistes de Haute-Savoie Julien Léonard, président du Conseil National des Associations Familiales laïques Alexandra Lorenzo, fondatrice de l’association ITAWA Dr Christine Malfay-Régnier, présidente de l’association SOS MCS Véronique Molières, directrice du Comité pour le développement durable en santé (C2DS) Véronique Moreira, présidente de WECF France Catherine Neyrand, présidente de l’association POEM26 Tania Pacheff, présidente de l’association Cantine sans Plastique France Sophie Pelletier, présidente de Pour rassembler, informer et agir sur les risques liés aux technologies électromagnétiques (Priartem)/Electrosensibles de France Dr Philippe Richard, président de l’Association pour la protection de la santé des habitants de Saint-Omer Virginie Rio, Collectif BAMP ! Carole Robert, présidente de l’association Fibromyalgie France Claire Royer de la Bastie & Karine Pontroué, porte-parole du Collectif Je suis Infirmière puéricultrice Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière Florent Souillot, Co-président de l’association Lève les yeux Marie-Odile Soyer-Gobillard, présidente de l’association Halte aux Hormones Artificielles pour les Grossesses (Hhorages) Jacques Testart, Sciences Citoyennes Marie Thibaud, fondatrice du Collectif Stop aux cancers de nos enfants Mathé Toullier, présidente de l’Association des Familles Victimes du Saturnisme Stéphane Védrenne, cofondateur de Eva pour la vie et de la fédération Grandir sans cancer François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures Stéphanie Ville, présidente de l’association Aidons Marina et de la fédération Grandir sans cancer.