Lettre ouverte à Mme le Docteur Agnès BUZYN
Ministre des Solidarités et de la Santé
« PRIMUM NON NOCERE » : D’abord ne pas nuire !!!
Madame la Ministre, Docteur,
« Face aux maladies, avoir deux choses à l’esprit : Faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal »
(HIPPOCRATE). C’est ce principe de base de la Médecine, que vous avez transgressé en imposant une
« substitution forcée » aux 122 000 patients sous EUTHYROX un traitement qui leur convient et que vous
voulez les obliger à changer pour servir les seuls intérêts économiques de MERCK.
- Vous ne contesterez pas qu’en matière de Lévothyroxine « tout changement de spécialité », quel qu’il soit,
fait courir un risque aux patients ». Et que selon l’HAS « Pour des personnes traitées bien équilibrées et
sans effet indésirable, il n’y a pas lieu de changer de traitement ». - Vous ne contesterez pas davantage l’avis de la « Commission de Transparence » selon lequel « le,
Lévothyrox Nouvelle Formule ne présente aucune « amélioration du service médical rendu » sur l’Ancienne
Formule » (l’Euthyrox actuel) un avis que vous aviez validé en tant que Présidente du Collège de l’HAS. Il n’y
a donc, vous le savez, aucun avantage médical à remplacer l’Euthyrox par une « alternative ». - Imposer à des patients « bien équilibrés » un changement de traitement, sans aucun bénéfice pour leur
santé, mais susceptible d’entraîner des risques de fréquence et de gravité imprévisibles, est donc contraire
au principe éthique du « Primum non nocere ». - Ou, pour le dire autrement : Pour des patients qui vont bien, une telle substitution forcée « présente une
balance Bénéfices (nuls) / Risques (avérés) négative », et donc, en application des règles de la « sécurité
sanitaire », vous auriez dû vous opposer à ce retrait. - « Des circonstances aggravantes » :
- Nul, pour dégager sa responsabilité, ne pourra dire « qu’il ne savait pas ».
- D’autant qu’il s’agit de la répétition, à plus petite échelle (122 000 patients au lieu de 3 millions..), de
la substitution AF/NF de 2017, encore inexpliquée à ce jour, qui avait entraîné une « vague d’Effets
Indésirables sans équivalent »… - … Et l’ouverture d’une information judiciaire pour « tromperie aggravée, blessures involontaires et mise
en danger de la vie d’autrui » élargie ensuite à « l’homicide involontaire ». Ce qui devrait inciter à la
prudence ceux qui veulent nous engager dans une « 2ème substitution forcée »… et non sans risques. - A la différence de 2017 nul n’avance cette fois de (faux) prétextes en termes de qualité des soins. Preuve
que ce « retrait de l’Euthyrox » n’a qu’un seul objectif : Servir la stratégie industrielle et commerciale de
MERCK. - La question est donc de savoir si l’ANSM (agence « dite de Sécurité » du Médicament) et la Ministre en
charge de la Santé, et donc, au premier chef de la « sécurité sanitaire », sont fondées à promouvoir une
opération qui n’a comme seul objet que l’intérêt de cet industriel, au risque, avéré, de mettre en danger
la santé d’un certain nombre des 122 000 patients actuellement sous Euthyrox. - Le prétexte fallacieux d’une prétendue « insuffisance de production d’Euthyrox » :
- Selon le courrier de MERCK, l’EUTHYROX est à ce jour distribué dans 22 pays européens et il le
restera dans de nombreux pays, notamment extra européens, au moins jusqu’en 2022. Aussi lorsque
MERCK, leader mondial sur ce marché, prétend qu’il ne « peut pas » fournir le marché français,
Mme la Ministre vous savez que c’est faux, et que la réalité c’est qu’il ne le « veut pas » !!! - Pourquoi donc « acceptez-vous » et même plus grave encore, « soutenez-vous » cette décision
injustifiée de MERCK, en dépit des risques sanitaires qu’elle implique au lieu de lui imposer de
continuer à fournir en EUTHYROX les patients à qui ce médicament convient bien. - C’est pourquoi nous attendons de vous, et de l’État, que vous imposiez à MERCK KGaA de
garantir un approvisionnement suffisant en Euthyrox pour les patients qui en bénéficient, aussi
longtemps du moins que sa production mondiale sera supérieure aux besoins français. - Et en imposant à MERCK la constitution de stocks suffisants, d’éviter les trop fréquentes « ruptures de
d’approvisionnement », très dangereuses s’agissant des Lévothyroxine. Puis, le cas échéant, si cette
production mondiale venait à s’interrompre, de promouvoir une alternative équivalente. - Une parodie de « concertation » qui masque mal le choix d’un « passage en force » :
- Lors du « Comité de suivi » du 8 janvier l’ensemble des « Associations » de patients ont dénoncé le
principe de ce « retrait » et nous avons demandé un « moratoire » avant sa mise en œuvre. - Qu’à cela ne tienne un communiqué de votre Ministère (pour l’essentiel pré-rédigé AVANT la réunion ) a
annoncé, dans les minutes suivant la fin de celle-ci, que ce retrait serait effectivement mis en œuvre en
Septembre. Allant même jusqu’à conseiller, aventureusement, aux malades de « switcher » vers une
alternative, AVANT même que ne soient élaborées les précautions à prendre dans une telle situation. - De plus s’agissant de l’élaboration et la « validation » de ces recommandations, sujet complexe qui n’a fait
l’objet d’AUCUNE publication scientifique, la « concertation », sera limitée à une simple « conférence
téléphonique d’une heure ». Bel exemple de votre conception de la « démocratie sanitaire ». - Vous avez confié au Pr. RODIEN et à la « SFE » (la « Société Française d’Endocrinologie ») la responsabilité
de l’élaboration de ces recommandations : - Ce même Pr. RODIEN qui a, notamment, déclaré « avoir bénéficié de la prise en charge par la société
MERCK de frais de voyage et d’hébergement lors de congrès internationaux, ainsi que d’honoraires
pour communications lors de réunions scientifiques et médicales ». - Quant à la SFE il suffit de savoir qu’en haut de la première page de sa dernière revue on peut lire
« avec le soutien institutionnel de MERCK ». - S’agissant de l’élaboration de recommandations qui concernent directement MERCK cette « proximité » voire
cette « communauté d’intérêt » fautive avec les experts que vous avez choisis, bien que contraire aux principes
de la « Loi du 29 décembre 2011 », ne semble vous avoir posé aucun problème !!! - Les patients, eux, n’ont pas oublié les prises de position du Pr RODIEN et de la SFE , tenants
particulièrement déterminés de l’hypothèse « NOCEBO » et de la bonne qualité de la « NF ». Leur confier un
rôle majeur dans l’élaboration des recommandations sera vécu, par les patients-victimes comme une
véritable « provocation ». - Mme la Ministre, nous espérons que vous prendrez en compte cette lettre, que vous ouvrirez d’une réelle
concertation donnant la priorité à la sécurité sanitaire et que pour cela que vous accepterez un « moratoire »
sur la mise en œuvre d’un « retrait » dont la conséquence inéluctable serait « la « mise en danger d’autrui ». - Mais si, à l’inverses, vous mainteniez votre décision sachez que nous saurions mobiliser activement les
malades de la Thyroïde que nous représentons pour défendre la santé et les intérêts des patients menacée par
un « retrait » aussi injustifié qu’injustifiable.
N’y aurait-il que « 1 000, 100, voire seulement 10 patients-victimes »de votre décision de
retrait de l’Euthyrox que ce serait, « 1 000, 100 ou 10 de trop » et, de ce seul fait, votre
responsabilité personnelle (politique, déontologique et juridique) serait directement engagée,
ainsi que celle de l’État que vous représentez.
Chantal L’HOIR Dr. Philippe SOPENA
Présidente de l’AFMT Conseiller scientifique de l’AFMT